vendredi 22 février 2008

29 septembre 2007

La maison s’éveille doucement. Les oiseaux qui chantent depuis quelques heures ont eu raison de la nuit, ça y est, le soleil caresse la cime des arbres, les ardoises commencent à sécher, la rosée ne sera plus bientôt qu’un souvenir au sommet des brins d’herbe.

Le chat vient de rentrer de sa virée, il en est maintenant à finir de nettoyer son pelage en gardien précautionneux de son organisme fourbu. Bientôt il laissera à son tour les images et les sensations prendre possession de son être, revivre les courses nocturnes, les échanges félins et autres visions des dernières heures éveillé.

Je reviens lentement, quant à moi, de ce voyage intérieur qui m’a laissé cette nuit encore passer du rire aux larmes, des attentes angoissées au plaisir le plus charnel… J’aime ces moments tranquilles et pourtant presque fébriles où je remonte le fil d’un rêve pour tenter de retrouver quelques bribes de ces bonheurs fugaces, de ces étranges découvertes sur moi-même… et me donner les clefs pour mieux vivre ce jour qui se lève.

Il y a quelques heures, quelques minutes peut-être, j’étais cette femme désorientée qui cherche son ancien amant dans un fatras de vieux tissus, dans un coin d’un hangar abandonné, perdu au milieu d’un terrain vague au fin fond de nulle part.

L’angoisse de cette situation suintait par tous les pores de ma peau, entravant ma respiration d’une boule aux relents amers en travers de ma gorge. Dans cette réminiscence d’un amour à jamais et depuis bien longtemps éteint, je ne sais quelle était la douleur la plus vive : considérer en défunt l’objet de mes recherches, ou ressentir à nouveau la honte de ressasser une fois encore les regrets, remords, espoirs déçus et orgueil bafoué alors que la vie m’a offert depuis, à mes côtés, en moi, pour moi, l’homme qui m’accompagne à présent.

Cette plaie est donc toujours ouverte, non plus béante comme au premier jour, ni aussi profonde que pendant bien des mois, mais encore sensible à un regard, une parole, une attitude qui pourrait me rappeler, dans la journée, aux abords de la nuit, ce qui a été et ne sera jamais plus.

Toute la poésie, les sensations, les sentiments développés alors se sont évanouis, il n’en reste la trace que sur les papiers griffonnés, dans les archives de ma mémoire et de la sienne peut-être, que j’ai crue longtemps réservée à la tendresse et aux plaisirs que nous avons partagés du temps de notre entente.

Parfois je sais que tout cela est bel et bien dépassé, qu’il faut oublier, tourner la page et faire le deuil, tralala, mais qui peut empêcher mes rêves de m’apporter encore sans prévenir des pensées nostalgiques ou amères ? Le pire reste quand l’onirisme se fait érotique et que se renouvelle en moi l’idée d’un renouveau, d’une reprise de sentiments doux et plaisants… J’ai alors en me réveillant une insupportable sensation de gêne vis-à-vis de l’homme qui dort encore à mes côtés. Cette honte intérieure lui vaut alors un réveil en douceur, tout en caresses et volupté, je me pardonne ainsi mes écarts subconscients.

Souvent, de plus en plus heureusement, je vis bien, riant à la vue d’enfants qui grandissent ou savourant les délices qui me sont offerts de ne manquer ni d’un toit, ni d’un garde-manger rempli, ni d’un entourage prévenant. J’oublie alors ces vieux démons, j’efface prudemment les relents de souffrance et me concentre sur le bonheur présent.

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