samedi 3 mars 2018

un matin de neige encore



Le paysage en noir et gris foncé.
La fraîcheur de la dalle au réveil.
Les mains rouge glacé, les yeux des enfants qui brillent.
S’enfoncer dans la poudreuse pour connaître encore et encore le plaisir sauvage du crissement de la neige légère, la sensation étrange d’être portée par de l’eau finement ajourée.
Chausser les skis, glisser sur de la dentelle et filer dans l’air frais, transpercer l’oxygène et savourer les caresses griffantes du premier soleil de printemps – ou est-ce le dernier de l’hiver, après tout on n'est que le deux mars !
Les gros flocons ont remplacé la neige fine du petit jour, la température remonte mais tout tient encore, au sol, sur les toits et dans les creux du jardin.
La rive d’en face s’enfonce dans le brouillard humide, les arbres reprennent leur style hivernal, le lac se compare à la plaque de marbre du pâtissier, les sommets s’estompent et des formes fantasmagoriques naissent peu à  peu.
Le temps s’arrête, calfeutré dans le coton glacé, petit répit dans notre course permanente. Pouvoir profiter de cette halte, bien emmitouflés, sans attendre le redoux qui transformera l’immaculé en immonde mélasse frigorifiante.
Et boire un thé bien chaud près du poêle avant d’aller déneiger. Et après aussi.
Sevrier, 3 mars 18