Pourquoi ? Telle une question lancinante, la même, toujours la même. Essayer d’y répondre, s’efforcer de trouver la solution à l’éternelle interrogation. Ne pas se laisser influencer par l’opacité d’une routine ni par l’apparente indifférence de son entourage.
Ne pas croire non plus que c’est une juste punition, le prix à payer pour une faute passée, encore moins un acompte pour un péché à commettre.
Pour y voir clair, se retrancher du monde, donc, ne plus se laisser envahir par le bruit des gens actifs, des lieux agités, de l’espace occupé. Trouver un refuge, une halte paisible, un endroit tranquille pour poser ses valises de doutes et pouvoir en les ouvrant éviter le risque de voir s’envoler toutes les données de cet étrange problème.
Pour être sûr de ne pas enfreindre ce principe, ne dire à personne où l’on est… de toutes façons, apparemment, il n’y a aucun être vivant aux environs pour s’inquiéter de cette absence. Le tableau n’est pas moins vivant si l’un des figurants manque à l’appel.
Aller là où l’on est inconnu, étranger, sans passé. Faire le minimum pour ne pas attirer l’attention, c’est à dire avoir les politesses requises pour acheter son pain et recevoir son courrier, peut-être assister à un ou deux offices histoire de connaître un peu les visages des croyants de l’endroit, lire parfois un journal en s’attablant au bar-tabac pour ne pas laisser croire qu’on est indifférent à la vie communale.
Marcher, divaguer, de hameaux en collines, de prés en chemins de traverse, arpenter, musarder, errer. Car dans l’errance est la source de la première réponse. Dans les arbres au bord de la route, dans la couleur du ciel au soir d’un jour de pluie, dans les nuances de vert selon les champs qu’on longe, on peut trouver des parcelles de raison. Laisser son esprit vagabonder de ruisseau en plage déserte, de rocher en verger, puis, de retour à la cheminée qui apporte la chaleur, laisser toutes les idées mûrir et donner leur fruit de connaissance.
Toujours se taire, ne pas laisser sortir de soi vers d’autres une quelconque trace, le moindre signe de réflexion ou de sentiment. Ne donner à personne un avis, une remarque, qui pourrait se perdre en l’autre et trahir sa propre identité. Garder en soi pour retranscrire plus tard, à l’abri des regards, les émotions, les ressentis, les visions.
Se plonger alors corps et âme en soi-même, des journées entières, des nuits peut-être aussi, laisser les mots, les pensées prendre le pouvoir pour être guidé vers une réponse, une explication première, une accroche qui permettra de cheminer vers la vérité.
Savoir s’écouter, puis se mettre en mots, en phrases…
Un jour, décider que tout a été exploré, recensé, exprimé. Mettre en forme ces écrits, relire et enfin comprendre.
Ou alors ne jamais savoir quand arrêter cette recherche, rester en quête jusqu’au dernier souffle… et partir pour un autre monde où peut-être on saura enfin.
Je ne sais toujours pas, je cherche encore, j’aimerais trouver, mais j’ai peur de découvrir qu’il n’existe aucune réponse.
Alors je me donne des rôles, une importance, une raison de ne pas me retrancher de toute vie sociale ou affective qui me permettrait d’être en condition d’avancer.
J’ai créé autour de moi les obligations et les relations qui m’obligent à être présente au monde, à ne pas céder à cette exigeante tentation de retrait introspectif.
Alors je traîne, de feuillets noircis en textes mal ficelés, je rechigne à l’un comme à l’autre, être dans la norme ou marginale, céder ou résister…
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