jeudi 1 juillet 2021

Aux talons du sommeil

 

à la fondation Manrique, Lanzarote, Islas Canarias - Chirino ?


Début d’été – il a fait treize degrés en France, 48 au Canada, le monde inquiète.

Nuit noire

L’aube d’un jour meilleur ne pointe pas encore

Oiseaux et feuillages se tiennent cois,

Je dors – ou pas.

Aux talons du sommeil, les rêves caracolent dans une brume lente. Filaments de possibles, bribes d’ailleurs et échappées au lointain font une farandole que j’aime à croire joyeuse, moi la naïve, l’illuminée d’un siècle trop technologique plongé dans la pénombre d’une apocalypse.

 Plus tard, enfin, toujours très tôt. Les odeurs du jardin encore humide de toute la pluie de juin percent une à une l’opaque voile où mon esprit est alangui. Le front marqué du pli de l’oreiller, une joue chaude comme un pain tout juste sorti du four, un orteil jouant à cache-cache avec le bord des draps, je m’éveille lentement.

Propos diffus, pensées homériques, me voilà tour à tour bravant l’édile crapuleux, les projections anxiogènes et les désirs bafoués.

J’écris pour les sans-joie, les sans-lendemain-qui-chantent, les sans-espoir-de-douceur. Je leur donne mes mots, venus d’un monde meilleur, d’un ancien temple d’or où se désaltéraient il y a longtemps les merveilles du vivant.

Quelques rares oasis subsistent encore dans nos cœurs, nous sommes nombreux mais ignorants des richesses ainsi camouflées, patiemment gardées, loin de l’arrogance des nantis, préservées des mitrailles du temps vendu au plus offrant.

Nous allons vaillamment, face au vent déjà fort, portant haut et clair nos voix pures : ne pas mentir, ne pas faiblir, main dans la main, le regard tourné vers l’avenir.

Il existe un autre jour, loin ou proche selon qu’on l’espère, le craint ou l’entreprend.

                                                                     Tout est dans la nuance.