Ok, y aura pas
de wagon plombé ni de rafle en plein mois de juillet. On pourra continuer à
croire, ou pas, en des messies ou des pythies, des gourous ou des shamans. Et aussi
partager des idées lénifiantes ou subversives, déblatérer à l’infini sur les
déboires et les succès, se gargariser de belles actions ou se taire. Tant que
la route sera libre pour y marcher, même pour une seule heure et pas au-delà
des mille mètres réglementaires, ça ira. Les ailes rognées, les pieds salis et
les mains moites, on survivra. Sans se plaindre.
Mais quand
même, les jardins taillés au ciseau, les allées bitumées javellisées et toute
la cohorte de voitures propres rangées dans des garages aseptisés, ça m’angoisse.
Et aussi les appels à l’ordre et les regards en biais quand je passe devant
certaines fenêtres, ça me stresse.
Je voulais du
sourire et des éclats de bonheur à chaque coin de journée, je croyais que
demain serait plus merveilleux qu’hier, j’espérais voir éclore les mille
graines semées au fil du voyage en un magnifique bouquet de lendemains
pétillants, et puis là non, en fait, ne pas faire de plan, ne plus émettre la
moindre idée, surtout ne pas monter en neige légère les œufs précieusement
ramassés au poulailler de mes envies.
Mais plutôt
repasser les craintes, plier les faux-semblants bien propre selon les
pointillés, timbrer bien léché les enveloppes du destin pour qu’elles
parviennent au grand ordonnateur en temps voulu et heure impartie, afin de
participer au Tout puissant et universel.
Et aussi
expliquer aux enfants que non maman n’est pas triste, juste très inquiète de
les aider de son mieux (qui n’est parfois pas assez, je le sens bien) à grandir
dans un monde qu’elle ne comprend plus. Si tant est qu’elle l’a un jour capté
dans son entière étrangeté. Mais ça c’est le conte de la mille deuxième nuit,
il est pas écrit en fait.
Alors vaille
que vaille s’arrêter après la maison hideuse abritant les parfaits citoyens
lambda, détourner le regard et les pensées de leur pitoyable pavillon et sa
pelouse au cordeau, leur présenter un dos vouté et des épaules un rien
avachies, mais lever le regard vers les tendres verts du chêne centenaire qui
leur masque le levant et les abrite des vents d’hiver, et attendre le chant du
rouge-gorge qui ne va pas tarder à saluer les derniers rais de soleil de son
savant chant de joie.
Voilà, la
Nature nous rassure, nous protège et nous guide, si on sait la voir, la laisser
nous montrer, lui permettre d’exister. Remercier les ramures, les enchevêtrements
du lierre et l’enlacement du gui, le vol de l’hirondelle et les pointillés des
derniers insectes, là dans le contrejour d’un crépuscule divin.
Et retourner
tranquille, toujours triste mais tranquille, resserrer les étreintes, raviver
le désir.
Pour demain
one again, same player etc.