Veiller comme il y a vingt trois ans, t’attendre t’espérer,
dormir un peu pour mieux t’accueillir dans quelques heures, et voilà après
toutes ces pensées ces émotions ces sensations nouvelles, douces et violentes à
la fois, je t’ai serré dans mes bras et j’ai pleuré en remerciant ton papa, les
sages-femmes et les infirmières, tes grands-parents et ma grand-mère, le monde
entier peut-être même, de m’avoir donné la joie de te rencontrer.
Il était 22h quelque chose, le premier jour à matin frisquet
depuis la fin de l’été, les vitres étaient embuées et le ciel déjà sombre, mais
ça faisait quelques heures qu’on te guettait donc j’avais encore en mémoire la
douceur des couleurs de ce début de 16 octobre, ça m’a consolée du vert
tristouille de la salle de travail.
Après il y a eu des moments de doute sur comment tenir ce
petit être, le nourrir et le soigner du mieux possible, j’avais bien potassé
mon Ginette Pernoud mais je me suis trouvée bien des fois démunie, je dois te
l’avouer, face à la beauté offerte chaque instant on a parfois du mal à être à
la hauteur.
Et puis j’ai détesté quand tu te faisais mal, quand tu étais
triste ou que quelqu’un t’avait sous-estimé ou laissé incompris. J’ai pas non
plus aimé que tu sois parfois distant, irrespectueux ou juste mal dans ta peau,
dans ta vie, dans ma vie.
Tu m’as donné des larmes, des rires et des chouettes
couleurs au matin comme au soir, tu m’as forgée, façonnée, améliorée.
L’an dernier je l’ai mis sur FB, mais depuis j’ai compris
que rien ne vaut l’intimité pour vraiment dire à son enfant qu’on a grandi
autant que lui et que ça rend fière.
Avant-hier je disais à ta Mamie que je n’avais pas trop de
nouvelles de toi, elle m’a répondu direct « mais faudrait quand même que
tu t’y fasses, ça y est, il est grand maintenant !!! »… merci Maman,
même si j’en ai douté parfois c’est quand même toi qui m’a appris que les
enfants ne sont pas faits pour rester au nid.
Je t’aime mon tout premier, mon p’tit joli, mon bel orage…
Longue vie encore et
toujours,
Ta Mam qui t'aime