vendredi 15 avril 2011

blablabla mon fils

Fils,

Ce soir je fais fi des gouttelettes de thé qui ont maculé le sous-main tant ma main tremblait au moment de verser le breuvage brûlant dans la tasse en faïence blanche et noire, tu sais celle que tu as si bruyamment jalousée à Noël dernier quand je l’ai tendrement sortie de son écrin de papier de soie bleu en souriant à celui qui me l’offrait…

Ce soir mon rituel maniaque de faire le propre sur le bureau avant d’empoigner les mots n’est plus qu’une vague réminiscence d’un monde que j’ai connu il y a longtemps il me semble… c’était hier pourtant.

Ce soir je sais que ça y est, je t’ai perdu, où et quand exactement demain nous le dira peut-être, mais là je suis comme hier en m’endormant, à me répéter que je suis fatiguée, usée, élimée comme une vieille gabardine qui aurait connu trop d’épaules différentes, trop d’hiver rigoureux ou de printemps chétifs et pas assez de séances chez le teinturier.
Ah mais oui j’oublie, ce métier-là tu l’ignores sûrement, c’est une activité en voie de disparition, celle où des femmes et parfois des hommes s’éreintent devant des machines brûlantes et à l’aide de produits toxiques pour redonner aux vêtements un semblant de fraîcheur et de propreté.
en fait c'est un peu comme le métier de parent, on est pas toujours sûr de l'origine du tissu qu'on a entre les mains et on ne sait pas trop quel bidon de détergent ouvrir pour venir à bout de cette tâche ou d'une autre salissure.

Bref, je me sens comme la serpillière que tu avais oubliée un soir dans un coin de la salle de bain, après une douche trop volubile… j’ai gardé dans les plis de ma peau l’humidité nauséabonde des larmes pleurées les semaines passées, auxquelles se sont rajoutées l’amertume des sourires volés aux instants rares passés en ta compagnie le temps d’une séance chez une copine psy…

et puis pour souligner le tout et faire le total de la lourde addition, voici que tout à l’heure ton père étonné m’a appris que tu découchais cette nuit à nouveau, avec l’alibi fumeux d’avoir passé hier, comme prévu, un après-midi studieux alors que tes grands-parents m’ont alerté avoir dû renoncer à ce rendez-vous hebdomadaire…

Que nous est-il arrivé, entre manque de communication et faux-semblants, parmi les contingences quotidiennes et les aléas d’emplois du temps trop chargés que tu as refusé de partager il y a déjà douze semaines ?

En fait c’est très con, c’est exactement la question que se posent tous les parents dont l’adolescent s’envole peu à peu du nid douillet qu’ils se sont efforcés de construire puis d’entretenir pour leur enfant devenu grand. Tous les magazines de psycho, tous les spécialistes le disent et le rabâchent, il n’y a peut-être rien que nous puissions nous reprocher, ou alors très peu, en tout cas pas grand chose, si ce n’est quelques mégots fumés un peu trop près de ton berceau, un divorce aigre-doux et un remariage aux antipodes de l’ambiance dont tu as été bercé dans tes tendres années.

Mais là ce soir j’en ai marre, la dose de trop vient de m’être injectée, à neuf semaines du bac tu continues à te fracasser sur les côtes hostiles de la jaille du week-end et j’ai le sentiment d’avoir été flouée, ou plutôt de te voir te tromper toi-même, ce qui est encore plus douloureux car je me sens impuissante.

J’avais depuis quelques jours trouvé comme un second souffle, tu sais, cette énergie venue du fond du ventre quand la course démarrée il y a quelques kilomètres pourrait se transformer en calvaire mais qu’on vient de trouver le rythme cardiaque adéquat pour franchir encore quelques centaines d’hectomètres sans souffrir davantage, se sentant même plus léger, plus puissant presque…

Je ne sais si tu apprécies, asthmatique que je t’ai fait, ces douces sensations de la course à pied qui m’ont tant plu quand j’avais ton âge, mais tu dois savoir que quelques millions d’humains y goûtent avec délectation chaque jour sur cette planète.

J’avais, donc, trouvé un nouveau rythme dans mes pensées vers toi, c’était comme un baume du Tigre que je pouvais enfin appliquer sur la blessure encore un peu à vif de ton départ de mon cocon. Je pouvais t’imaginer allant vers les épreuves de philo et d’histoire-géo tant redoutées avec quelques armes en poche, je réussissais même à te voir lever les bras en signe de victoire devant le panneau d’affichage des résultats…

Et puis surtout j’arrêtais de me culpabiliser en croyant que t’avoir laissé gérer temps et argent te permettait enfin de glisser paisiblement vers la maturité que nous espérons tous pour toi.

Et boum, patatras, pas du tout, j’ai tout faux, t’es toujours accro de tes potes et de la musique et de tout ce qui tourne entre vous, autour de vous et vous fait tourner aussi. T’as pas encore compris que quelques semaines de ta vie sur un autre mode pourraient te permettre de vivre toutes les autres sur celui qui te plaît vraiment.

J’espère juste que tu ne te défonces pas avec des trucs qui pourraient te laisser scotché jusqu’à la chaise roulante ou l’oubli éternel. J’ai les boules de t’imaginer la gueule dans ton vomis à l’heure où je t’écris.

J’aimerais être sûre que demain tu te réveilleras dispo pour une bonne session de révisions qui te conduiront lundi de bonne humeur au bahut.

Mais non je n’y crois pas, je ne suis qu’une mère de quarante deux ans insatisfaite et perdue dans son imagination, trop conne pour ne pas avoir compris comment t’aider, comment t’aimer, comment t’élever.

Et trop triste maintenant pour savoir te dire que tu peux y arriver.

Je sais juste te rappeler que te faire du mal tu n’as pas le droit, que te respecter doit être le premier de tes soucis et qu’aimer la vie te sauvera de toutes les déprimes.

Regarder le soleil se lever en ayant la force de le suivre et de ne relâcher son attention qu’après le dernier rayon caché de l’autre côté de l’horizon est la plus belle chose qu’un homme puisse faire dans sa journée, quand il a déjà accompli tous les gestes qui lui permettent de se tenir droit sur cette terre : être respectueux, curieux, attentif, ambitieux.

J’ai essayé de te transmettre ces valeurs, parmi d’autres affinités qui me sont chères comme la littérature, la poésie, la musique ou les beautés simples de la nature…

Je crois encore un peu que tu sauras t’en servir pour avancer vers ton futur… et là blablabla tu en feras ce que tu veux.

mardi 29 mars 2011

froid dans le dos... et pan dans la g...

c'est juste au cas où vous voudriez frissonner comme moi ...

j'écoutais tranquillement la radio samedi en prenant mon petit déj, mon petiot se tartinant gaiement les joues de ma confiture de mûres de l'été dernier...

le soleil venait de se lever comme chaque jour depuis une semaine en faisant de jolies lumières le long des murs du salon, il dorait toute l'étagère en bois d'un doux parfum de miel, se reflétait tranquillement dans l'aquarelle du Lac près de l'armoire de notre aïeule...

et puis j'ai écouté ce que disait le monsieur dans le poste et petit à petit j'ai eu comme envie de me rouler en boule pour me faire toute petite et ne plus respirer que le strict minimum et puis surtout ne plus rien faire, ni bonne action ni avoir de l'espoir ni croire en certains qui nous disent que oui on peut encore faire quelque chose...

bon, rassurez-vous, je me suis réconfortée depuis à grands coups de jus de pomme bio du collègue suisse et en regardant mon fils croquer dans son biscuit Evernat.

mais quand même, ça fout bien la haine d'entendre ça !

alors en grattant un peu l'histoire j'ai trouvé le nom du bouquin et en lisant la 4ème de couverture j'ai repris un peu de gaieté... mais j'attends de l'avoir lu en entier avant de vous dire si oui ou non je vais continuer à envoyer des sous à WWF ou à répondre aux emails de Nicolas Hulot...

bon allez, bon courage à vous tous, on va peut-être y arriver quand même ???

jeudi 17 mars 2011

depuis le 11 mars au Japon

pfffh... être née le 11 mars, ça va commencer à être pesant ! regardez un peu ce que certains commencent à en dire (dans les commentaires du post de ce jour).

avouez que c'est déprimant, non ?

j'ai hésité à répondre au Richard en question qui dans son deuxième commentaire m'énerve un brin... mais bon, comme il faut de tout pour faire un monde, et qu'il est maintenant prouvé que ça vire gravement au n'importe quoi, je laisse courir pour garder intacte l'énergie qui me motiverait à lui répondre vertement, ce qui, pour faire bref, aurait pu donner :
"et ceux qui comme moi sont nés un onze mars, ils doivent penser quoi, leur présence est-elle ou non positive sur cette terre ? pour leurs parents et amis, peut-être un peu quand même ?
est-ce qu'on peut sensément relire l'histoire ou faire des prédictions sur la base d'une sorte de numérologie à trois balles ?"

comme j'étais quand même un peu remontée, j'ai écrit à mon beauf qui m'avait envoyé le lien vers ce blog :

"Hello mon beauf !

Merci à toi pour le lien, c’est très intéressant de suivre les événements japonais de l’intérieur, même si depuis deux jours cela a pris une dimension très angoissante.
Je n’ai pas regardé la télé ni lu les journaux, juste suivi ça sur France Culture où j’ai écouté hier une émission à laquelle participait le grand écrivain japonais Akira Mizubayashi et les larmes me montent encore aux yeux en évoquant ce qu’il disait de la dignité du peuple japonais…

Bref, je n’ose pas poster sur le blog de Patrice Chotin (même si l’un des commentaires me concerne puisque je suis née le 11 mars !!) mais mon cœur est avec ceux et celles qui comme lui sont confrontés à cette horrible situation.

Que nous reste-t-il pour faire face à cette tragédie, à nous autres occidentaux bien à l’abri – pour l’instant ?? Voter Vert aux cantonales ? ne pas allumer les lumières avant la nuit noire ? mettre des cierges à Ste Anne ?

Pour l’instant j’ai choisi de profiter de chaque sourire de mon petit bout, de choyer les moments de tendresse en famille pour essayer encore et encore de rendre notre monde plus agréable à vivre à ceux que j'aime… en espérant que le pire n’arrivera jamais.

Bien des bises à tous et toutes chez toi…
"

Bon sinon, ce scénario de début de fin du monde, ça me renvoie en pleine face l'idée latente depuis des années que nous devrons peut-être faire face à une catastrophe grave un de ces quatre matins.

Je persiste toutefois à penser qu'un nouveau monde pourra émerger du chaos qu'ont engendré les générations d'hommes insouciants voire dilettantes qui ont présidé à la destinée de la planète depuis quelques centaines d'années.

et aussi que ce sont les femmes et les enfants qui savent et devront pouvoir montrer à l'espèce humaine comment fabriquer des vies meilleures sur cette terre. Il y a déjà une bonne équipe au turbin à ce sujet, elles sont joignables

et encore qu'il va falloir que je me dépêche à faire des stocks de café si je veux pouvoir écrire tout ce qui me trotte par la tête comme déjà dit et répété ici et ailleurs depuis des années.

allez, soyons pas si pessimistes, ou alors devenons utopistes !

Bien des bises,

jeudi 10 février 2011

le carnet turc

c'est lui qui me tient loin de vous, mais jamais aussi proche que je ne l'avais imaginé de ces doux voeux renouvelés chaque année... et des souhaits que vous m'avez déjà formulés de temps à autre... tout ça c'est grâce à vous !

sa couverture, photographie d'un coffret de nacre et ivoire entrecroisées d'écaille, son système de fermeture aimantée, la douceur du papier de ses pages, et le bonheur d'y écrire à la plume pour en respecter la qualité, tout n'est avec lui que luxe, calme et volupté, si je puis me permettre.

on dirait donc que ça y est, c'est parti... mais la suite vous ne la lirez pas ici...

patience !

je vous dirai bientôt.

lundi 24 janvier 2011

lettres à mon fils aîné

11 mai 2007


T’es comme un cri en moi, tu me défonces les tympans par l’intérieur, tu me hurles à la gorge les mots qui ne peuvent en sortir, tu m’infestes les poumons de haine écœurante et amère, tu noies mes pensées dans un torrent de boue verdâtre d’angoisse et de ressentiment.

Ton imposture m’a figée, puis ébranlée, secouée si fort que j’en suis encore à trembler alors qu’une bonne heure s’est depuis écoulée, laissant les nuages défiler dans le ciel comme pour une parade militaire, tous à l’assaut de l’Est qui est encore si clair et ne saurait résister bien longtemps à cette cavalcade de masses grises et hargneuses.

J’ai la cruelle impression que tes paroles et tes actes des derniers jours, des semaines et des mois laissés savamment passer pour étouffer mes doutes et mes inquiétudes, tout ton être donc s’est composé sur le thème du « faire croire que », donner le change et tromper tout son monde.

Qu’est ce qui me choque le plus dans tout ça ? Les attitudes et les faits, ou le constat de ma naïveté et de la malhonnêteté qui a régné entre nous durant ces trois saisons ?
Quelle est la blessure la plus profonde ? lire dans tes yeux une ultime tentative de me charmer pour encore te pardonner, ou constater qu’au pire de la tempête tu peux encore être le plus fabuleux des personnages de ma vie au sens propre du terme ?

Je t’ai créé, avec amour, ardeur, innocence et foi en une vie plus harmonieuse, je t’ai aidé à grandir, à découvrir, à devenir celui qui me tient tête et raisonne maintenant pour lui-même.
Je t’ai fait souffrir, te séparant de l’autre moitié de toi, t’arrachant à la douceur d’un nid douillet pour te greffer dans un autre cocon qui ne te ressemblait pas, qui ne t’avait ni prévu ni espéré.
Je t’ai consolé, enfin, j’ai cru le faire, tout du moins l’essayer, mais peut-être n’ai-je réussi qu’à plus te détacher de moi, qu’à toujours plus te donner l’envie de voir pousser tes ailes et enfin t’envoler…

J’ai fait aussi le deuil de celui que tu n’es pas mais que j’aurais tant voulu mettre au monde, voir m’aimer et un jour à son tour me protéger pour finir en douceur… j’ai maintenant arrêté de vouloir tout décider pour toi, je jette l’éponge et te laisse à tes idées de grandeur et de décadence, je suis lasse et ne peux plus pour toi espérer que la paix d’une voie enfin trouvée.

Je suis terriblement triste de devoir à ce point baisser les bras et remettre l’existence de ce que j’ai de plus cher au monde aux bras de la destinée, advienne que pourra, je lâche les rênes et te laisse aller, à vaut-l’eau ou ailleurs… tu sauras bien trouver la meilleure voie, puisque tu veux décider de tout, tout seul et sans nous écouter.


Je continue pourtant à t’aimer d’amour comme au premier jour, comme lorsque tu as pointé ton regard en moi après être sorti de mes entrailles, un peu vert et poilu, très intrigué par ce nouveau mode de respiration qu’on t’imposait soudain, très doux et attentif pourtant à nos présences réchauffantes autour de ton petit corps.

Je t’aime d’amour absolu et infini, depuis cette seconde où tu as été créé jusqu’à mon dernier souffle, je suis là, fière et émue de toi à chaque instant, touchée par le moindre de tes gestes, la plus petite de tes pensées…
Je ne sais comment t’exprimer cela, comment te faire comprendre enfin que c’est tout cet amour qui me porte et me pousse à te recadrer sans cesse, pour obtenir de toi le meilleur, pour te voir réaliser tes aspirations les plus hautes et surmonter les épreuves les plus douloureuses de la vie, Dieu sait combien il t’en reste à prendre dans la tronche !

Je suis là et le serai toujours, pour te guider, te consoler et t’épauler, alors je suis triste ce soir, comme bien d’autres matins ou certains après-midis où je me rends compte que nous dérivons imperceptiblement à l’écart l’un de l’autre… pourtant issus de la même chair, faits du même sang, grandis au même amour.


La nuit s’est glissée entre les nuages, mon amoureux s’est faufilé entre les draps, je suis seule dans le canapé, bercée par le tic-tac de la cuisine et le tapotement de mes doigts sur le clavier… seule et pourtant habitée de toi, de vous qui logez au plus profond de mon être et êtes chacun ma plus belle raison d’exister.

J’imagine que cette soirée n’est qu’une parmi tant d’autres, toutes celles qui me restent encore à affronter aux détours de ton adolescence et de celle de ton frère après la tienne… et pourtant j’ose espérer que c’est la plus dure, la plus douloureuse, pour pouvoir me dire que demain quand le réveil sonnera et que j’entendrai tes pas dans l’escalier, que j’écouterai sonner le micro-ondes qui a réchauffé ton bol de lait, que je guetterai le moment où tu claques la porte pour partir au collège, je pourrai enfin souffler et savourer la douceur d’un matin sans cri, l’impatience d’être au midi pour te voir arriver, ébouriffé, plein d’une matinée d’études et avide d’un bon repas avant d’aller surfer, je pourrai enfin me dire que la tempête est passée, que tout va aller mieux, qu’on va pouvoir se parler calmement et se respecter.


Pour l’instant les nuages noirs ont complètement obscurci le ciel, je ne distingue presque plus les toits de la ferme ou les ombres du pré, il va falloir aller dormir pour rattraper en rêves les mauvais moments de cette soirée de merde et les transformer en outils de savoir et de compréhension pour mieux vivre demain.


Je t’aime, mon enfant, ne pars pas trop vite, trop mal...

Bon vent !


23 janvier 2011

Fiston,

En relisant ces lignes d’il y a déjà trois ans et demi, je me mets à pleurer, les larmes que je n’ai pas versées tout à l’heure ne cessent maintenant de couler, inondant mes joues et serrant ma gorge de tristesse trop peu exprimée.

Pour tes frères, pour ma fierté, je n’ai pas crié tout à l’heure, j’ai réussi à finir le repas que tu as quitté si brutalement, j’ai même pu passer un moment tranquille avec ton cadet qui cherchait son portable, avec ton demi-frère qui ne voulait pas m’aider à ranger ses jouets…

Et puis maintenant je relâche la pression, je relis les mots d’autrefois et me rends compte que je n’avais donc rien gagné alors, mais vraiment juste entamé la longue érosion qui a causé l’effondrement de notre relation ce soir.

Pourquoi j’ai pas réussi à te retenir ce soir, pourquoi mes mots, mes regards, n’ont pas eu la force de te faire revenir à des sentiments plus doux pour nous, ton beau-père et moi qui ne voulons au quotidien qu’une présence affectueuse et tranquille et n’avons depuis plusieurs semaines qu’un sentiment d’être tenanciers d’une auberge…

Je sais depuis longtemps la grave erreur de parents qui est de croire que nos enfants nous seront reconnaissants des sacrifices ou des choix que nous pouvons faire pour eux durant leur enfance.

J’ai lu « Le Prophète » quand tu n’étais qu’un bébé, je crois même l’avoir eu en cadeau de naissance par tes grands-parents qui ont lu et écouté Dolto en boucle quand ils étaient jeunes parents…

J’ai toujours voulu rester en retrait pour ne pas t’empêcher de t’envoler librement le jour où…

Mais j’ai aussi décidé de plein de choses en pensant te rendre service, t’aider à avancer, alors que tu ne rêves que d’indépendance, d’autonomie, de liberté.

Je me suis plantée, en beauté, je ne te comprends pas et ton refus de rester plus longtemps sous le même toit que nous m’inflige une énorme déchirure, tout repasse vitesse grand V dans mon esprit, ta naissance, ton enfance, les bons moments et les coups de gueule, les fiertés et les désaveux…
Le divorce aussi, qui pèse entre nous tous pour le restant de nos jours, cette tension infecte quand on parle ton père et moi, venant tantôt de l’un, un autre jour de l’autre, jamais une minute paisible entre nous, jamais plus.
C’est très douloureux tu sais, de ne plus jamais pouvoir parler comme avant à celui qu’on a aimé pendant des années plus que tout au monde, celui pour lequel on a tout donné, et qui nous a tant apporté tout ce temps-là aussi…

C’est cette horrible chose que je ne veux pas voir naître entre nous, mon fils chéri, cette ignoble mascarade lors de brèves et rares rencontres, ce sentiment d’échec et de gâchis immense, je n’en veux pas entre nous !


Peut-être que tu vas revenir, un de ces jours, alors on pourra essayer de comprendre…

Là j’ai mal, quand tu es parti ton frère cadet est devenu une boule de pleurs, ton demi-frère était tout étonné d’avoir vu la porte se refermer entre nous… c’est moche et ça fait mal.

J’aimerais que tu réfléchisses à tout ça, que tu arrives à me comprendre et qu’on puisse en parler sans trop tarder.


Je te laisse peinard maintenant, j’ai réussi à exprimer ici la tristesse, j’aimerais bientôt pouvoir te dire mon espoir de te retrouver. C’est quand tu voudras.


Ne laisse pas passer trop de temps !


Je t’aime,

ta mam'

samedi 22 janvier 2011

Vivian Maier

je voyage depuis quelques jours au -delà de l'Atlantique, à travers la moitié du territoire nord-américain, pour arpenter par procuration et cinquante ans en arrière les rues de Chicago, New York ou ... ?

je suis derrière cette femme dont les traits tirés dévoilent une vie difficile, je suis dans l'ombre de ces petites filles qui se sourient, j'ai aperçu du coin de l'oeil l'altercation du cop avec la mama...

quel bonheur d'imaginer la vie de cette femme dont l'oeil fut bien plus affûté que bien des photographes dûment accrédités et rémunérés pour un travail bien médiocre !

Merci à John Maloof d'avoir donné au monde un accès à ces formidables tranches d'instants, comme j'aimerais être dans une telle situation de découverte, de recherche et d'ébahissement permanent devant des trésors du siècle passé !

tiens donc, internet est un jouet merveilleux, finalement.

lundi 17 janvier 2011

branches emmêlées

évidemment ça n'a pas l'air de vouloir dire grand chose, comme ça, ces deux mots... mais c'est bien ce que je vois de ma fenêtre, ce que je ressens en moi...

des lignes torturées, se croisant dans un fouillis inextricable à première vue.

des chemins étroits et sinueux qui ondulent entre des grand-routes aux multiples voies d'accès ou de sortie...

des mondes qui se relient, se côtoient, s'ignorent et se chevauchent....

de fines nervures, de tortueuses allées, quelques impasses esseulées...

tous et toutes issus du même tronc solide et profondément ancré dans le même terreau.

c'est tout ça que j'ai sous les yeux, au fond du coeur et ras la gueule à en avoir la nausée tellement je ne les laisse pas sortir au grand jour.

mais mon fils m'appelle.

jeudi 6 janvier 2011

pour mon nouveau lecteur !

ça y est j'ai osé, tu vas comprendre en lisant tout ça que c'est pas forcément évident de donner l'adresse de son blog à quelqu'un... mais toi je sais que tu en feras bon usage et sauras me dire si ça déconne ou pas.

pour finir notre dernière conversation Claudie Gallay a bien participé au Salon du Livre de Noirmoutier, elle est même lauréate du prix 2009. C'est écrit

je te souhaite une bonne lecture de tout ce fatras, à commencer par le début en 2007, c'est plus compréhensible...

on en reparle bientôt j'espère.

plein de bises à toi et les tiens !

dimanche 2 janvier 2011

fin de vacances

on avait dit qu'on se retournerait pas, qu'une fois refermé le portillon, tapé les bottes sur le marchepied pour faire tomber le sable et démarré le camping-car, on aurait dans les yeux toute la dureté qu'il faut pour affronter la route jusqu'à la rue Gabriel Fauré, on avait juré...

oui mais voilà, cette fille avec sa poussette qui se promenait juste au bord de notre jardin quand on a mis la clef dans le contact, elle nous a mis le blues comme personne...
on n'a pas idée d'avoir ce look là, aussi, avec ses uggs et son levis d'y a vingt ans, son marmot emmitouflé jusqu'aux oreilles dans un pull irlandais hors d'âge et ses yeux verts qui dépassaient seuls de sa chapka, on aurait dit qu'elle sortait d'un Bilal ou qu'elle venait juste d'atterrir de Sibérie orientale... et pourtant on était près de l'avenue des Druides, à frôler la Baie de Quiberon, ce deux janvier 2001.

on était donc plein de bonnes résolutions, la Saint Sylvestre nous avait bercés comme chaque année des douces illusions du réveillon, et maintenant on arrivait à peine à retenir les larmes, à essayer d'avaler cette espèce de boule dans la gorge qui disait allez, restez encore un peu, demain vous appelez le patron en prétextant n'importe quoi, mardi vous passez à la banque tout retirer, mercredi vous êtes dans l'avion et après c'est la nouvelle vie qui commence...
mais non, faut pas déconner, y a les gosses à amener à l'école demain matin 9h, l'appart à ranger vu comme on est partis sur les chapeaux de roue y a quinze jours, la routine habituelle à reprendre malgré les intempéries la chute des cours de la bourse et la tronche du président qui nous revient toujours pas.

voilà, on est bloqués, c'est cette fille qui va continuer à en profiter et pas nous, encore heureux qu'on la connaisse pas parce que je suis sûre qu'elle est heureuse, qu'elle habite une belle maison dans la campagne à dix-quinze minutes d'ici et que ce soir elle rigolera bien devant sa cheminée en pensant aux parisiens qui tiraient la gueule dans leur camping car au tournant de l'avenue des mouettes et de l'allée des goëlands cet après-midi...

pfffh...

samedi 1 janvier 2011

Bloavez Mad !

bonne année à vous tous qui passez par là, joies, bonheur et santé à vous et tous ceux que vous aimez, le reste viendra avec !

mon voeu n° 1 : écrire.

hasta pronto !