mercredi 12 septembre 2007

26 août 2007

Une dernière pensée avant l'extinction des feux, tous ces mots lus, aperçus, ressentis, happés et en phase de désertion cérébrale à présent ... font fermenter en moi l'envie de m'y mettre à mon tour.
Les idées bouillonnent et se pressent à mon esprit, lueurs de prémices d'histoires à raconter, à enfanter ; personnages qui courrent, graciles, éphémères et encore virtuels, phantasmes de vie passée ou rêvée, d'espoirs inaboutis ou bribes d'existence entraperçue aux détours d'une balade à vélo.

Entre les fougères et les pins qui tapissent le sol du sous-bois de leurs aiguilles roussies, quelques brises et légers mouvements d'air estival me mènent loin d'ici, loin de maintenant, alternativement et tout en même temps.
Qui a franchi ce gué entre deux bosquets d'aubépine, quelles mains ont cherché sous les frêles dentelures vertes le joyau rouge qui redonnera ses forces au Chouan épuisé ou à la fille de ferme anéantie sous le dur labeur d'été ?
Quel animal a laissé là un brin de sa fourrure au sortir d'un taillis, harcelé par la meute du seigneur qui le rattrape inexorablement ?
Quel jour funeste les rayons du soleil ont-ils percé la ramure des pins maritimes et des châtaigniers centenaires pour auréoler de leur lumière trop vive la blessure du chevreuil aux abois, la toilette hâtive de cette Soizig négligée, le repos minuté de ce Yannick apeuré ?

Combien de soirée comme celle-ci, douce et comme attentive, aux lueurs calmes de fin d'été ? Quelle est la génération de ramiers qui s'ébroue dans le chêne vouté luttant infiniment pour sa place adossé au talus ? Depuis quand les "crampouez mouzig" aux bords de tous les chemins bretons ?
Quelle fut la première aube sur l'étang encore assoupi où la biche vient humer les derniers soupirs de la nuit entre les écharpes de brume ?

J'aurais aimé être là à chacun de ces instants, à chaque lever de lune comme à tous les crépuscules, et cette étrange sensation d'en avoir été à chaque fois, nichée au creux des branches ou simple particule de cet air pur, m'envahit à nouveau et me donne à penser, à croire, à être convaincue : j'y étais, j'ai tout vu, chaque jour, à chaque instant, toujours, et pour la nuit des temps ...

La présence physique n'est qu'un leurre, une utopie bien trop réaliste pour se laisser happer par notre vile condition d'humain.
Nous sommes en chaque parcelle de vie sur cette planète, représentés à l'infini en chaque cellule, quoique nous fassions, quelque soit notre naissance ou notre destinée.

Aimer la vie nous donne à nous multiplier, à nous diviser pour connaître à chaque instant de l'invisible tout et du trop flagrant minimum.