mercredi 27 février 2008

et qu'est-ce que vous dites de ça ?

moi, j'adore... c'est un extrait du livre "Les croissants du dimanche", d'Annie Saulmont. C'est excellent et c'est ici.

Respect et admiration pour cette écrivain qui m'enchante vraiment, je cours l'acheter !

Merci à Télérama de m'avoir mis sur cette piste.

Et pour Manu : une prière ? je vois pas bien ... plutôt une introduction à quelque chose, des actes, du temps à prendre, des souvenirs à laisser ressurgir, qui m'effraient...

En tout cas, promis, dès que viennent quelques heures apparemment inutiles, je m'en saisis et je commence à imprimer, je cherche des adresses d'éditeurs et je vais acheter des timbres... Donc, si rien ne change, je serai peut-être grand-mère d'ici là (non non, les enfants, c'était juste une image, ne vous pressez pas trop, ce n'était ni un souhait ... ni une prière !!!).

Parce que aussi, il y a ça, qui me tient éveillée jusqu'au matin (le faire autant que l'écrire) :

le 22 décembre 2006

Après la lecture d’un article sur les débuts d’écrivain de JK Rowling, mère spirituelle et artistique d’Harry POTTER, je m’effondre et songe lamentablement que jamais rien de bien ne pourra m’arriver en comparaison de l’histoire fantastique de cette femme partie de rien pour atteindre la gloire avec des mots.

Tout n’est que vanité et présomption de talent quand on voit l’extraordinaire ascension de cette anglaise malmenée par la vie jusqu’au jour où elle invente son jeune personnage pour échapper à la dépression qui la guette… Elevant seule son enfant après avoir connu les affres d’une vie conjugale violente et apparemment scélérate, elle invente ce petit magicien sorti du placard à balais qui nous tient en haleine depuis bientôt 10 ans …

C’est pas dur, quand j’ai acheté mon premier tome, c’était en 2000, çà faisait déjà un moment que mon gamin de 8 ans me turlupinait : lui qui dévore tout ce qui ressemble à un mot depuis que la maîtresse de CP lui a refilé le virus … je cherchais quel bouquin lui mettre entre les mains pour pallier le manque flagrant et désolant de lecture adaptée à sa curiosité et son éveil plus qu’anormal.

Et là, çà a été le début de la grande aventure : comme on habitait en Outremer et que j’avais enfin trouvé l’édition de poche à la Fnac une demi-heure avant de reprendre l’avion, que j’étais exceptionnellement toute seule pendant le vol car les enfants étaient restés là-bas pendant que je m’offrais une bouffée de métropole pour le mariage d’un beau-frère, je me suis retrouvée plongée dans le bouquin pendant huit heures d’affilée, en faisant râler mon voisin qui ne supportait pas le petit halo de lumière déployé au-dessus de mon bouquin sans intermède de France jusqu'aux îles tropicales…

Le plus dur fut, à mon arrivée, la lutte amère à laquelle je me livrais avec mon fils qui savait bien que je lui avais ramené un cadeau, ignorant tout de ce Harry qui allait peupler ses jours et ses nuits, s’immisçant dans ses rêves les plus intimes pour des mois voire des années… Mais je ne cédais pas face à sa volonté de découvrir ce que j’avais bien pu lui ramener qu’il ne puisse acquérir sous les cocotiers : je me replongeais dès après le ti-punch de bienvenue et une fois les gamelles d’accras bien essuyées, dans le tome en question… ce n’est qu’à point d’heure que j’allai enfin déposer sous son oreiller de jeune écolier surdoué le livre tant convoité, avalé d’une traite donc, déjà entrain d’avaler les première pages du tome II car j’avais acheté les trois premiers d’un coup, me doutant bien que nous ne pourrions pas rester sur notre faim d’ici le prochain voyage en métropole.

Depuis, c’est les transes et l’extase à chaque nouvelle parution … J’ai fait une overdose en août 2004 à la lecture en 36h quasi non stop du tome V, il faut dire que j’étais clouée au lit par une putain de colique néphrétique… du pur bonheur : ne pas pouvoir mettre un pied par terre pendant une semaine m’a enfin apporté la douce opportunité attendue depuis des mois d’ouvrir le livre sans souci puisqu’au milieu de l’été, les enfants étant chez leur père, je pouvais lire à mon rythme et donc en toute tranquillité de la première à la dernière page !

Pour les 13 ans de mon fils, c’est le tome VI qui a fait son apparition à la maison … j’ai résisté au lourd désir de le lire avant de le lui offrir, comme il est sorti le jour de son anniversaire je n’ai pas pu lutter beaucoup …

Dans les mois qui ont suivi, je ne me suis jamais accordé la possibilité de n’ouvrir ne serait-ce que la première page, sachant très bien que je serais alors embarqué jusqu’à la 984ème sans pouvoir m’arrêter.

J’ai fait jurer solennellement à mon fiston de ne pas me dévoiler ne serait-ce qu’un paragraphe dudit tome, et je suis assez fière de constater qu’il tient parole et ne me tarabuste pas plus que çà ... en attendant avec impatience de découvrir que çà y est, je m’y suis mise … rien que pour le plaisir de pouvoir en parler tous les deux !!

Le livre trône donc sur ma table de nuit, entre les mémoires de Gabriel Garcia Marquez qu’on m’a offertes pour mes 35 ans et un des premiers John Irving chiné dans un marché aux puces… Je ne peux me décider à me plonger totalement dans l’un ni l’autre, pourtant l’envie me lance chaque soir … mais j’ai toujours à portée de main un poche d’une centaine de pages à savourer pour me faire passer l’envie folle de cette littérature carnivore autant qu’anthropophage !!

J’ai bien hâte de trouver le temps… et en attendant ça me fait une bonne idée à mettre dans ma liste à Père Noël : le transat qui me permettra de savourer le tome VI sur ma terrasse l’été prochain !

mardi 26 février 2008

26 avril 2006, bientôt le 27

Pour qu’un jour je puisse dire : « ça a commencé comme çà », il va peut-être falloir que je m’y mette…

Un beau jour, un jour pas comme les autres, une petite minute de rien du tout qui aura fait toute la différence puisque j’aurais été moi pendant le restant de mes jours après çà, si je m’accorde cette chance c’est bon, rien ne sera plus comme avant, j’arrêterai de penser en regardant défiler le paysage de tous les matins tous les midis tous les 13h30 tous les 17h55 que çà y est encore une journée sans le faire, encore tous ces mots qui restent bloqués là en travers de ma tête et font comme un barrage à la vraie vie que j’ai de dans quelque temps quand j’aurai trouvé le temps mais quand ???

Et pourtant çà y est, rien que ce premier jet et je suis déjà toute essoufflée,… Dieu que çà fait du bien de laisser les doigts couler tout doux impétueux pourtant sur le clavier qui n’avait rien demandé, ou plutôt non il ne demandait que çà depuis des mois qu’il est là installé par mon amoureux pour que toute la famille puisse s’amuser se cultiver communiquer et tout et tout .. mais moi ce clavier si tu savais mon amour c’est pour l’user que je le veux, c’est pour apprendre encore et toujours plus par cœur toutes ces touches, pour les élimer les angles de chaque lettre et ne leur laisser aucun répit après toutes ces phrases que j’ai écrites dans ma tête comment veux-tu que je fasse pour ne pas lui en faire baver, au clavier, va falloir qu’il les crache les mots s’il veut avoir une digne vie de clavier …

Comme c’est étrange quand même d’avoir à passer par ces bouts de plastique aidés de leurs acolytes impulsions électriques et de leur potes connexions électroniques et autres nanométriques puces qui leur filent un sérieux coup de main pour tout mettre droit devant mes yeux sur le morceau d’espace blanc sur fond gris ( d’ailleurs peut-on modifier cette couleur, c’est vrai çà fait vraiment trop enterrement, on pourrait pas mettre du bleu lagon ou du vert turquoise histoire de faire un peu plus exotique, çà donnerait des ailes à mes phrases et puis on pourrait imaginer que les mots sortent de l’eau, çà y est, ils ont trouvé la surface, ils peuvent respirer librement - livrement, lapsus involontaire de clavier où le b et le v sont vraiment si proches… curieux hasard - comme qui dirait ressurgis du fond de l’océan géniteur pour accoucher au grand jour de ma douleur d’enfermement verbal !), oui, comme c’est bizarre de devoir s’en remettre à ces bouts de pétrole retravaillé pour arriver à arracher à mes neurones et aux quelques cellules de mon pauvre organisme les phrases qui depuis longtemps m’habitent me harcèlent m’étouffent et en même temps me font tenir debout assise couchée mais toujours là présente à moi même à ceux que j’aime et qui m’ont choisie (pas tous) pour avancer sur ce putain de chemin de vie à la con …

Je pense à chaque fois à l’écrivain des temps anciens avec sa plume et son papier pas toujours de bonne qualité ou bien le pauvre scribe encore pire qui écrit sur des parchemins ou bien plus terrible encore la prisonnière qui n’a que quelques vagues bouts de buvard ou de carton pour étancher sa soif de dire de raconter pour ne pas mourir pour ne pas moisir pour rester elle-même et pouvoir un jour sortir de l’enfer, Ann, Malika, Ingrid ou Florence… et je me sens infiniment bête infimement maligne pour oser prétendre en quelques touches de clavier de PC tout ce qu’il y a de plus commun mais en même temps sophistiqué de dire voilà, c’est moi, c’est en moi depuis trop longtemps çà y est faut que je le lâche faut que çà sorte Bon Dieu que çà fait du bien allez encore un autre paragraphe sinon je ne dormirai pas bien.

Qui je suis pour lâcher tout çà, pourtant je m’en fous bien de savoir si quelqu’un va avoir quelque chose à redire à çà, je pense même que c’est surtout pas tous les empêchés d’écrire qui m’en voudront, parce que tout humain qui connaît le tumulte des mots qui frappent au cerveau pour connaître la lumière d’un écran ou d’une feuille vierge doit savoir de quoi il s’agit ici : un déversoir une cataracte de bonheur une illusion de béatitude un espoir de lendemain qui chante et qui change (nouveau lapsus claviériste) pour enfin dire tout et le principal et aussi les intérêts pour que rien ne soit laissé au hasard surtout pas les non-dits c’est les pires des chancres de l’âme quand on les a bien ensevelis sous les tonnes d’amertume de scrupules et autres incapacités ils ressurgissent au milieu de vous et vos sentiments et vous gâchent les meilleurs moments de l’existence ceux où on pourrait enfin être heureux savourer la douceur d’une peau ou la lumière d’un matin dans les yeux d’un amant ou les reflets de cheveux d’enfants voilà patatras tout s’écroule si un non-dit traverse la scène et vous empeste de son haleine fétide et détartrante…

Donc halte aux taiseux et autres silencieuses, maintenant place aux mots pour dire ce qui me passe par la pensée cette étrange contrée où je ne rencontrais un temps que les souvenirs de temps trop durs pas assez ou mal accomplis maintenant je sais que j’ai le droit j’ai atteint le pouvoir de reprendre là où je l’avais laissée ma prose inassouvie mon délire verbal ou plutôt écrit pour ne gêner personne qui ne veuille pas entendre –sinon il peut encore faire semblant – non là j’écris donc qui m’aime me lise sinon allez tous vous faire regarder ailleurs il y a sûrement plus à votre mesure ; moi ici çà me suffit ; j’espère qu’à vous aussi, quand même !!

Le plus dur à gérer étant quand dois-je m’arrêter est-ce quand mon amoureux va se coucher est-ce quand mes yeux clignotent est-ce quand l’écran me paraît trop lointain pour seulement que les lettres s’affichent encore malgré les impulsions données sur les touches est-ce encore lorsque l’aube pointera et me dira alors là tu déconnes vraiment, comment peux-tu être aussi égoïste et ne pas t’être rendue compte que tout à l’heure au petit dej’ au boulot à la cantine ou même après tu ne sauras plus donner de toi pour tes clients tes enfants ton amoureux ou tes copines tellement tu auras tout donné ici maintenant à ton clavier tes phrases et tous ces mots qui ont giclé t’ont forcée comme obligée ou presque comme violée de tant de possession de ton esprit de tes doigts de tes mains qui grignotent les touches qui dévalent les espaces et ne font qu’hésiter parfois sur un accent, une cédille ou quelque halètement de poignet qui n’en peut plus çà y est, c’est çà qui m’obligera à dire stop çà suffit pour aujourd’hui : la crampe de la débutante, de la revenante à l’écriture qui a subitement cru que tout était possible à nouveau, l’écriture au km comme si on était encore en 2nde après le devoir de maths bâclé toute façon je m’en fous ce qui me plaît c’est écrire et dire et encore laisser parler les mots parce que çà au moins c’est la vérité vraie ce qui sort de mon cœur et de mon esprit et à bas les obligations scolaires et toutes les conneries que ma mère et les profs et tous ces gens voudraient me voir faire et avaler et remâcher et recracher peut-être aussi tant que j’y suis !!!

Là au moins, c’est moi, presque quarante ans maintenant, qui me dit « allez c’est bon tu peux te lâcher les mômes sont chez leur père ou ceux qui prennent le relais pour lui et en bas ton amoureux travaille lui aussi »… Lui c’est manuel, c’est les cordages, bon d’accord, alors moi je peux me laisser aller cinq minutes, là çà doit faire presque une heure que çà dure mais c’est pas grave tant que çà coule tout seul faut laisser, faut pas freiner, surtout pas de non-dit et pas de barrière à l’expression il paraît que ça tue l’inspiration et l’imagination.

Bon après il y en aura sûrement pour trouver çà nul et pas élégant comme style et surtout illisible et même si, qu’est ce que çà peut me faire ??? L’essentiel je crois que ceux-là l’ont pas encore bien percuté c’est que je peux enfin lâcher prise, ne plus retenir les mots et les laisser aller où bon leur semble c’est à dire s’ils veulent aller sans point ni virgule ou bien en travers ou les uns avant les autres pour ne pas qu’on comprenne tout peut-être que c’est une stratégie de leur part… je crois beaucoup à la liberté laissée à chacun de s’exprimer et donc pourquoi pas aux mots ? Après tout c’est par le mot que tout a commencé, non, la Genèse tout çà s’il n’y avait pas eu le mot pour la raconter on ne serait rien on ne saurait rien et tout serait annulé et on aurait l’air bien avancé, non ?

Donc, libre aux mots aux phrases de composer leur symphonie leur requiem leur mélodie ou leur fredonnement comme ils veulent moi je suis juste leur outil ma main mon cerveau au service des mots qui veulent sortir…

Bien sûr après on pourra voir à ordonner un peu tout çà pour toucher le plus grand nombre mais après tout si çà leur plaît d’être sortis comme çà tout d’un coup sans prévenir et qu’ils veulent nous dire quelque chose de sensé c’est bien à nous de faire un effort après tout çà fait tant de temps qu’ils sont utilisés servilisés ou plutôt asservis qu’on leur fait dire ce qu’on veut tantôt des tyrans tantôt des poètes malheureusement plus souvent des dictateurs que des chanteurs et encore des fois les uns valent pas mieux que les autres alors bon quoi çà y est on peut bien leur laisser un peu le pouvoir, non … ???

Donc, les mots qui m’ont suivie, aidée aimée ou maltraitée dans ma tête dans mes écrits dans mes oraux dans tous les moments de ma vie où j’ai voulu exprimer et que tout çà m’a manqué ou étouffée ou démangée ou dérangée que dois-je en faire les taire les maltraiter à mon tour les ranger oui mais comment et où ou alors faut-il les remiser quelque part en attendant mais voilà çà finit toujours par sentir le renfermé quand on les laisse enfin sortir donc autant leur faire prendre l’air une bonne fois pour toute et après au moins on sait qu’on ne pourra plus jamais les laisser à l’abri des regards des envies des intérêts mais d’ailleurs est-ce capital ou primordial ou même tout bêtement vital ??? – le dernier lapsus du jour, viral avait écrit mon clavier emporté par tant de doute de hâte et de gêne aussi peut-être ?

Est-ce que c’est viral, docteur, est-ce que je dois me protéger ou plutôt empêcher les miens d’être en contact avec une telle vilenie la passion des mots qui courent sur l’écran et me font haleter et la crampe qui me reprend et cette douleur lancinante dans la nuque çà y est la cervicale qui ne m’avait pas fait signe de vie depuis des décennies ou presque, elle est là, bien vivante, la saleté vivement le prochain rendez-vous chez l’ostéo au moins lui saura la mater !!

En attendant cette interrogation sans réponse cette question sans solution ce problème qui se maintiendra dans un coin du clavier jusqu’à la prochaine fois : est-ce humain de vouloir s’en remettre de la sorte aux mots et à leur délire pour tenter de comprendre ce qui m’habite et me fait haleter en moi-même de vie de pulsion de recherche sans cesse harcelante et toujours chancelante jamais assouvie toujours en quête de je ne sais quoi qui me fasse enfin comprendre résoudre solutionner cette équation maudite et pourtant si chérie au long des années et des feuilles griffonnées : qui suis-je pourquoi m’a-t-on fait naître sur cette planète où et quand se lèvera le jour béni où tout sera clair en moi et où je comprendrai enfin ?

Aucune hâte pourtant devant cette interrogation primordiale primale et primaire… juste quelque anxiété à trouver le bon chemin pour arriver à la bonne réponse, mais pas plus de tension que çà devant la route qui s’ouvre ou se découvre à peine, juste l’envie impérieuse, impétueuse et intense de trouver, de chercher d’abord évidemment et aussi de récolter un à un les grains de savoir et les pépites de connaissance pour un jour accéder à un certain nirvana…

aujourd'hui, 26 février 2008

Bon d'accord, c'est pas un titre très marrant... on en a vu des plus fun, mais c'est juste pour dire qu'aujourd'hui, j'ose prendre le clavier directement sur deizlevr au lieu d'ouvrir sagement une page Word, de pianoter-lire-corriger-copier-coller-effacer-relire et enfin, dans un dernier Ctrl C + Ctrl V, vous présenter tout ça...
C'est-y que j'aurais eu mon petit signe, alors ? Ben ouais, j'avoue que ça m'a fait drôlement chaud au coeur, merci tout plein M. le Toulousain, pfffh... j'en suis toute retournée !...
Avec attention, même, il a dit, le Monsieur !!! Ouuuuuaaaaaaahhhhhhh !!
Bon, nan, promis, c'est tout, après je redeviens une femme mûre et posée qui ne part pas en live au moindre regard ou frôlement...
Tu as raison, Manu, je le sais, ça ne changerait rien profondément à ma vie de me laisser aller autant que je veux à aligner sur le papier les pensées et les élucubrations qui me traversent l'esprit, sauf que ça me boufferait juste le temps et l'énergie que j'accorde pour l'instant et depuis plus de quinze ans à (dans l'ordre ou à peu près) : mes mômes, l'homme que j'aime, notre maison, mon potager en devenir, les piles de livres à lire, mon corps (quand il me reste cinq minutes).
Donc mon esprit et tout ce qu'il concocte restent à la traîne, comme le dépôt d'un verre de cidre du fermier d'à côté. Bon, d'accord, cette image ne parle peut-être pas beaucoup aux gens du sud-ouest, mais j'ai cru comprendre qu'il y a pas loin de mon premier lecteur une Bretonne d'origine (ou de coeur ?), elle saura bien expliquer ça !

Donc, pour ne pas faire de ce post uniquement une réponse à Manu Causse, je rajoute ce qui suit... un extrait de ce que j'écrivais il y a déjà quelques temps... pfffh, ça nous rajeunit pas, mais là faute de place dans le planning j'ai pas le choix, les kids se réveillent, 'faudrait pas que je rate ça : la première empoignade de la journée autour du bol d'Ovomaltine.
A très bientôt vous lire et vous savoir aimer ce que j'écris, ça fait du bien !!!

dimanche 24 février 2008

Le 24 février 2008


Ça fait comme une déchirure en moi, une espèce de tiraillement douloureux et lent à la fois, comme une pièce de tissu qui se délaminerait tranquillement en faisant une petite poussière fine qui se déploie dans l’air.

Je me sens oppressée et essoufflée à la fois, apeurée aussi un peu, triste tout au fond.

C’est comme un rêve de gamin qui s’écroule, une envie immémoriale qui s’estompe dans le lointain de la vie quotidienne, une chimère en désagrégation … Une partie de moi se meurt, quelqu’un quelque part a fini d’exister, je ne serai jamais cet être-là.

J’ai mal, je pleure et me lamente en moi-même, absorbée dans la contemplation de ce désarroi, pourtant avide de continuer quelque chose, de reprendre un cours quelconque de ma vie, toucher à nouveau à cette perspective d’avoir ma place ici.

Lire est parfois très éprouvant, trop impliquant. Je me sors de « Les revenants » et « La chambre dérobée » de Paul Auster avec beaucoup de peine, me remémorant « Cité de verre » et ayant du mal à reprendre ma respiration après cette trilogie new-yorkaise.

Trop de belles expressions, de mystères poétiques et philosophiques à la fois, une foison de pensées sur l’écriture et la littérature qui me font douter de moi, de mes écrits et de la place que devrait prendre cette activité dans ma vie… ou plutôt que je devrais lui laisser prendre… ou peut-être que je devrais lui donner ?

Aussi le blog de Manu Causse, si rempli de vie, d’émotions, de romantisme à la fois que de fantaisie … et tout ça si bellement exprimé, si radieusement sincère et proche de ce que j’aimerais vivre…

Au lieu d’un tel monde pour moi, c’est la routine tranquille d’une vie calme et axée sur le travail de mon amoureux, la maisonnée qu’il faut faire tourner sans accrocs avec un ado et un pré-ado bien étranges par moments, sans moyen ni temps pour leur faire partager mon envie de découvrir le monde, mes idées saugrenues de quarantenaire qui se sent encore des poussées d’acné, mon émerveillement pour un monde qu’on peut rendre marrant si on se bouge un peu.

J’essaie de ne pas faire le compte de toutes les copines qui ne m’appellent plus, de toutes les nuits où je ne goûte plus au plaisir échevelé connu entre 18 et 35 ans, de tous les instants de magie offerts du temps où je croyais aux signes du hasard et à la complicité avec un doux-dingue.

Une grand-mère de mes enfants me disaient l’autre jour que je ne peux pas prétendre à connaître encore la fantaisie et l’humour auxquels je me suis abreuvée pendant toutes ces années, que j’ai droit au calme et à la rigueur d’un autre amour, que je devrais même m’estimer drôlement chanceuse de pouvoir y avoir accès car ayant échappé de justesse au grand n’importe quoi de l’artiste écervelé.

Alors j’écoute les dessins sur les murs en bois de notre home sweet home me raconter des histoires de steppes, de neige et de forêts polonaises, j’essaie de trouver dans le rayon de soleil printanier la réponse à ces interrogations stupides et je finis par me raconter n’importe quelle suite aux moments ratés ou tordus de mon existence.

Ça pourrait bien donner quelque chose un jour, si seulement j’arrivais à attraper les mots avant qu’ils ne tombent dans les oubliettes de ma fainéantise.

J’essaie de rester un peu au clavier quand le bon vin ou une prise de tête me font sortir les mots, mais je n’arrive pas à lutter contre la fatigue de ces journées d’activités répétitives, je me laisse aller à l’appel de la couette ou du farniente en canapé…

Et tous les mots restent planqués en moi, bien au chaud, bien encombrants, je redoute l’instant où il leur viendra l’idée de sortir et de me harceler pour prendre consistance. Je crains ces minutes autant que je les désire, en fait, car il me semble qu’elles pourraient être les bases de longues heures de bonheur à écrire enfin, avec une raison, un but, une finalité : Le livre.

En attendant je vais maintenant réchauffer la potée d’hier soir, faire une tentative de jardinage et quelques investigations dans les méandres de ma culpabilité, à moins que je ne reçoive le signe qui me permettra de remonter la petite colline de mes élucubrations d’écriveuse aujourd'hui transformée en falaise abrupte …

Je garde espoir.

vendredi 22 février 2008

Quel désordre !!

Bon, voilà, j'ai donc mis en ligne quelques pages de ce deizlevr qui n'en est pas vraiment un puisque tenu de manière si irrégulière...
Mais bon, je pense que vous y arriverez quand même, un peu de bon sens, allez, tout est daté, y a qu'à commencer par la fin...
et puis si ça vous donne envie d'en lire davantage, et ben vous pouvez commenter...
Merci de ne pas vous gêner !

Pour l'heure je fais comme d'autres, un peu de vacances avec mes kids et on verra bien si la boîte à lettre est remplie à mon retour !!

Kenavo !

en janvier 2008

J’écoutais ce matin Dominique de Villepin nous expliquer qu’il avait commencé à écrire un livre lorsqu’il était Premier Ministre, ouahou, bravo Monsieur, mais quand dormez-vous ? et n’aviez-vous pas à l’époque ce qu’on pourrait penser être un métier très prenant ? et une famille ? et un corps qui a aussi besoin d’exercice et d’être nourri au moins deux à trois fois par jour ???

Pour moi, lecture et écriture sont deux activités semblables, complémentaires mêmes…

Le fait est que seuls quelques happy fews se permettent d’en faire leur métier, les autres ne pouvant que s’efforcer de concilier vie quotidienne, routine ou appelez ça position sociale défavorisée si vous voulez, avec leur vie intérieure, leur soif de connaître autre chose, d’autres pays, d’autres destinées …

J’en suis, et j’en souffre, mais pas trop quand même puisque j’ai l’immense privilège d’habiter à côté d’une formidable bibliothèque de village, d’avoir des parents lecteurs et amoureux des belles lettres, de savoir forcer le sommeil dans ses retranchements pour finir un roman ou une biographie dans la nuit avant de préparer le petit-déjeuner pour ma smala.

le 21 janvier 2008

215ème anniversaire de la mort de Louis XVI.

à la radio, les monarchistes parlent après le révolutionnaire du XXIe siècle.

Puis on annonce la naissance d’un nouveau magazine de journalisme. J’entends les noms aimés de St Exupéry, Albert Londres … je pense à Jack London, Hemingway, JF Kahn, qui a les mêmes initiales qu’un président des E. U. , mais aussi d’un aéroport mondialement connu, car aux abords de la (l’ex ?) capitale du monde.

Petite digression en imaginant des extra-terrestres qui s’émerveilleraient de notre sens de l’organisation en pensant que nous attribuons des initiales pour désigner nos aéroports…

Puis je te croise, un peu blafarde, encore embrumée des restes d’un week-end de bamboche ? de tristesse ?

- Ca va, copine ?

- Oui oui… ça va !

- Bon … bon courage !

- Bonne journée !

Vite partir, vite continuer, vite quitter cette brève rencontre, rentrer dans sa coquille et surtout ne pas en ressortir, sous aucun prétexte, pas de faille, pas de sortie de cette brouillasse de chienne de saleté de spleen.

J’imagine en continuant mon chemin qu’en fait tu es à bout, que quelques pas plus loin tu t’écroules intérieurement,, les larmes coulent sur tes joues blêmes, et tu suffoques. D’un revers de main, tu tentes bien de refouler ces fils luisants qui s’échappent de tes yeux noyés, de ton nez rougi, de tes lèvres gercées…

Encore une rue, un carrefour, ta voiture, tu t ‘effondres, les mains agrippées au volant puis glissant sur tes genoux, molles, tristes, comme abandonnées par ton être en détresse.

Le fil de tes pensées se perd dans les méandres de ton coup de blues, ce n’est plus un petit ru de lundi matin difficile, c’est déjà la rivière des soupirs, le fleuve du désespoir.

Je m’arrête dans un bistro pour un petit noir qui réveille, chasser ces idées et moucher la fin d’une marche dans l’air humide de ce début de semaine.

Je recherche les bribes de restes de rêve qui s’enfuient à mon approche, le réveil a coupé net une bizarre épopée à la recherche de ma voiture garée au rayon fruits et légumes du supermarché … Je réclame l’aide d’un copain à son bureau, qui s’est transformé en un immense entrepôt rempli de bateaux sur des remorques, des voitures et divers engins de manutention.

Je ne sais plus ni quel jour nous sommes, ni ce que je dois faire, retourner dans mon rêve ou prêter attention à ce que me raconte la radio si bien réveillée, elle !

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Les gens se pressent doucement dans la rue, les marchands en sont déjà au sandwich du milieu de matinée, les chalands traînent devant les étals un peu dégarnis, chacun essaie de relancer son corps après la pause dominicale, on sent comme une léthargie ambiante, l’air doux bien qu’on soit au cœur de l’hiver nous a tous anesthésiés, la sève n’ose pas reprendre son chemin dans les couloirs de nos vie de peur d’un coup de gel brutal qui stopperait à tout jamais l’élan de vie du printemps.

Les gens des terres sont venus à la ville pour se voir, prendre les nouvelles, acheter les denrées qu’ils ne trouvent pas dans leur campagne, humer l’air citadin pour ne plus se sentir si campagnard… Prendre un peu l’aspect d’une personne civilisée…

Les hommes commencent à aligner les verres de blanc, de rosé, les demis de bière et les canons de rouge.

Il est dix heures, partout en France c’est la même scène, dans tous les bistros il y a une Christiane ou une Solange qui sert à Dédé ou à Vonvon sa dose d’alcool pour démarrer la journée.

Ces vies accrochées à des gouttes maléfiques, un atavisme abominable les englue dans ce défilé de verres ininterrompu.

Quelques uns ont choisi de l’accompagner d’une autre forme de suicide à long terme, quelques bouffées de cigarettes s’échappent mentalement de leurs esprits imbibés.

L’interdiction de fumer est en application depuis trois semaines, c’est pour cette raison que je peux m’asseoir maintenant sans appréhension pour prendre un café… Auparavant, la fumée si désagréable me retenait tout l’hiver de fréquenter ces établissements, il me fallait attendre les beaux jours et la réouverture des terrasses pour pouvoir savourer les instants de pause corsés.

A la porte du bistro, une affiche des buralistes bretons invite le gouvernement à rétablir la liberté de fumer dans ces lieux où l’on se tue à petit feu… il ne me semble pourtant pas que ce commerce soit près de péricliter tant le tiroir-caisse tinte sans arrêt au passage des clients, fumeurs comme alcooliques.

Quelque part en décembre 2007

Parfois elle souriait, et c’était comme une envolée de papillons multicolores dans un ciel d’été.

Sinon elle se tenait un peu voûtée, le regard perdu dans un triste désert, on l’aurait dit rescapée d’un cataclysme d’un autre temps.

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13/12/07

ballade à grandes enjambées rapides à travers les bois gelés.

Les feuilles des châtaigniers sont toutes blanches de givre et crissent sous mes pas. Les branches, tombées pendant la tempête, jonchent le sol d’obstacles feuillus ou plutôt couverts de lierre – car les dernières feuilles de la belle saison se sont envolées avant que les branches ne tombent, poussées par le vent violent du premier décembre.

L’air picote, le ciel est d’un bleu pur et comme transparent.

J’imagine la mer, plate et comme huilée par cette pellicule d’air froid qui a recouvert tout le paysage. Tout brille, comme le soleil qui maintenant me réchauffe à travers la vitre.

Le retour à l’humain, aux hommes attablés pour un repas ouvrier, est brutal car bruyant, enfumé, je reste en esprit dans l’air froid du sous-bois. Seule femme parmi plus d’une soixantaine de convives, je m’évertue à faire abstraction du bruit des conversations, des fourchettes qui heurtent les assiettes et de la fumée des cigarettes qui embrume l’atmosphère.

11 décembre 2007

Pourquoi ? Telle une question lancinante, la même, toujours la même. Essayer d’y répondre, s’efforcer de trouver la solution à l’éternelle interrogation. Ne pas se laisser influencer par l’opacité d’une routine ni par l’apparente indifférence de son entourage.

Ne pas croire non plus que c’est une juste punition, le prix à payer pour une faute passée, encore moins un acompte pour un péché à commettre.

Pour y voir clair, se retrancher du monde, donc, ne plus se laisser envahir par le bruit des gens actifs, des lieux agités, de l’espace occupé. Trouver un refuge, une halte paisible, un endroit tranquille pour poser ses valises de doutes et pouvoir en les ouvrant éviter le risque de voir s’envoler toutes les données de cet étrange problème.

Pour être sûr de ne pas enfreindre ce principe, ne dire à personne où l’on est… de toutes façons, apparemment, il n’y a aucun être vivant aux environs pour s’inquiéter de cette absence. Le tableau n’est pas moins vivant si l’un des figurants manque à l’appel.

Aller là où l’on est inconnu, étranger, sans passé. Faire le minimum pour ne pas attirer l’attention, c’est à dire avoir les politesses requises pour acheter son pain et recevoir son courrier, peut-être assister à un ou deux offices histoire de connaître un peu les visages des croyants de l’endroit, lire parfois un journal en s’attablant au bar-tabac pour ne pas laisser croire qu’on est indifférent à la vie communale.

Marcher, divaguer, de hameaux en collines, de prés en chemins de traverse, arpenter, musarder, errer. Car dans l’errance est la source de la première réponse. Dans les arbres au bord de la route, dans la couleur du ciel au soir d’un jour de pluie, dans les nuances de vert selon les champs qu’on longe, on peut trouver des parcelles de raison. Laisser son esprit vagabonder de ruisseau en plage déserte, de rocher en verger, puis, de retour à la cheminée qui apporte la chaleur, laisser toutes les idées mûrir et donner leur fruit de connaissance.

Toujours se taire, ne pas laisser sortir de soi vers d’autres une quelconque trace, le moindre signe de réflexion ou de sentiment. Ne donner à personne un avis, une remarque, qui pourrait se perdre en l’autre et trahir sa propre identité. Garder en soi pour retranscrire plus tard, à l’abri des regards, les émotions, les ressentis, les visions.

Se plonger alors corps et âme en soi-même, des journées entières, des nuits peut-être aussi, laisser les mots, les pensées prendre le pouvoir pour être guidé vers une réponse, une explication première, une accroche qui permettra de cheminer vers la vérité.

Savoir s’écouter, puis se mettre en mots, en phrases…

Un jour, décider que tout a été exploré, recensé, exprimé. Mettre en forme ces écrits, relire et enfin comprendre.

Ou alors ne jamais savoir quand arrêter cette recherche, rester en quête jusqu’au dernier souffle… et partir pour un autre monde où peut-être on saura enfin.

Je ne sais toujours pas, je cherche encore, j’aimerais trouver, mais j’ai peur de découvrir qu’il n’existe aucune réponse.

Alors je me donne des rôles, une importance, une raison de ne pas me retrancher de toute vie sociale ou affective qui me permettrait d’être en condition d’avancer.

J’ai créé autour de moi les obligations et les relations qui m’obligent à être présente au monde, à ne pas céder à cette exigeante tentation de retrait introspectif.

Alors je traîne, de feuillets noircis en textes mal ficelés, je rechigne à l’un comme à l’autre, être dans la norme ou marginale, céder ou résister…

Le 10 décembre 2007

Vingt ans ? oui, il y a vingt ans. Et après ? Qu’est-ce qu’il est censé se passer après ce chiffre rond d’années, de saisons ? Quarante équinoxes, quarante solstices, autant de semestres…

Et alors ? Est-ce qu’on est plus malin au bout du compte ? Est-ce que je ne pourrais pas écrire aujourd’hui encore les mêmes mots, les mêmes pensées qu’à l’aube des premières rides ?

Vingt ans, le crépuscule de toutes mes illusions, l’aube d’un âge désenchanté où les réveils se font déjà pâteux, hasardeux, douteux de tout dès l’ouverture du premier œil.

La pénombre de la chambre cache forcément une puissance maléfique qui va surgir et me happer pour m’entraîner vers les bas fonds dont je ne ressortirai jamais vivante.

Le premier rayon de soleil transperce l’air vicié de la chambre pour mettre en relief les traces d’une nuit de soupirs et de pleurs.

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Non, je ne suis pas en vacances, moi non plus. J’ai dans la tête des milliers de mots, des kilomètres de phrases qui n’en peuvent plus de s’enrouler autour de ma gorge, j’ai même l’impression qu’elles tissent mon linceul, un beau tissu richement ouvragé de pensées, de paroles, de non-dits, qui m’étouffent peu à peu.

Les dompter, les faire sortir de ma poitrine, les hisser à bout de bras vers la blancheur d’une page, le scintillement d’un écran, c’est un vrai travail, qui commence bien avant même que je ne me réveille, qui hante chacune de mes nuits, tous mes rêves et mes réveils aussi.

Si j’ai besoin d’une caresse, du silence ou d’un rayon de soleil pour apprécier cette nouvelle journée, c’est pour en saisir l’énergie qui me mènera peut-être, aujourd’hui enfin, vers l’aboutissement de ces années d’écriture.

Alors ne me fais plus le plan de « celui qui se lève tôt et a besoin de faire du bruit avant 9h » pour exister… Tu es bien plus que cela à mes yeux, dans le fond de mon cœur et sur mes livres aussi.

Mais si des paroles agacées ou un énervement soudain viennent heurter ma sensibilité, prendre la place de la douceur et la compréhension, alors les monstres se déchaînent en moi, j’ai une vision terrible de plaie béante, celle-là même que j’arrive à suturer si le temps m’est donné de saisir le bon fil et la bonne aiguille.


Ce matin m’a ensevelie sous les ondes négatives du mini-séisme émotif, quelques mots et toute la volupté d’un éveil sans alarme ni horaire s’est évaporée dans l’air surchargé de ton agacement.

Oui, je veux être tranquille pour déjeuner, oui, j’ai besoin de quelques dizaines de minutes supplémentaires pour trouver le moment propice où saisir mon stylo et faire parler ma main…

Oui, il me faut du silence pour atteindre la qualité d’environnement qui me permettra de mettre en ordre les pensées et les rêveries du réveil pour démarrer une nouvelle page.

Depuis plusieurs mois je me donne toujours un délai, une nouvelle échéance, mais maintenant j’ai ce sentiment d’urgence qui me saisit et me harcèle quand je me laisse aller à penser que ça pourrait être ça, mon métier, mon activité, ma façon d’être dans le monde.

Chacun doit tenir son rôle, je dois assumer la place que j’ai cherchée pendant tant d’années et que je pense avoir trouvée, là, assise avec un bloc de papier ou un clavier entre les mains.

Mais le temps défile, vite, beaucoup trop vite, m’angoisse et me panique à l’idée de ne jamais franchir le gué, ne jamais réussir à mettre en forme définitive tous ces feuillets, ne jamais fermer l’enveloppe sur quelques dizaines de pages qui diront à un éditeur tout ce qui dort en moi.

J’arrive au moment fatidique, décisif, où j’ai trouvé l’énergie, le courage de me lancer, prête à reprendre en pleine tronche, façon boomerang, le pavé qui n’aura pas plu ou paru intéressant… Espérant, quand même, rencontrer la compréhension, l’intérêt qui validerait ces années de gribouillage, de doutes et d’espoirs, d’illusions et de magie.

Peut-être en fait devrais-je te remercier de m’avoir délogée de ma quiétude ce matin, de m’avoir incitée à prendre mon vélo plutôt que mon clavier pour aller m’épuiser physiquement, ressassant les phrases pour qu’elles courent plus vite – maintenant que l’orage est passé – de mes doigts vers la page neuve.

En roulant, j’ai revisité les méandres de certaines relations, amicales, professionnelles, amoureuses… Les kilomètres se sont enchaînés sans peine, contre ou avec le vent, les roues bien alignées sur la route, je fixais les graviers qui défilent sous mes pieds, comme des millions d’étoiles filantes – mais impossible de faire un vœu, trop de vitesse, trop de graviers.

Quand le regard se porte en avant, à quelques mètres du guidon, chaque aspérité de la route est comme figé. OK, c’est là que dans quelques secondes je passerai, cette tache blanche dans le goudron va se transformer en comète sous mes roues. Un regard et c’est comme le but à atteindre, précis, immobile, soudain en mouvement, inaccessible, car déjà dépassé, à nouveau figé, là où on vient de passer, déjà loin derrière.

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maintenant, quelques heures et un bon repas plus tard, je m’enrhume doucement à regarder de mon canapé les nuages me voler les rayons d’un soleil d’hiver bien trop bas pour me réchauffer.

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Quand je pédalais sans but, l’envie m’a effleurée de me diriger vers le centre ville, un bar où me poser pour reprendre mon souffle et coucher sur le papier mon énervement, ou bien pousser la porte de l’ANPE pour les supplier de me trouver un boulot de secrétaire qui me prendrait tout mon temps « libre » et m’éviterait ainsi de rester dépendante … de quoi ? de quoi ? De moi, je pense, tout simplement, de mes pensées envahissantes et de cette inaptitude à me concentrer une bonne fois pour toutes sur ce que je dois faire, comment je dois le faire, etc.

La barrière de bruit de la voie rapide m’a arrêtée, j’ai fait demi tour au milieu de la départementale et ai enquillé la première voie communale à droite, pour me perdre entre les champs et fuir cette société de mouvement furieux… retrouver le sens de mes pensées et retourner à mon clavier.

2 octobre 2007

Je suis lente. Le temps est mon ami. Je le regarde glisser entre mes doigts, tels les innombrables grains de sable de l’immensité du désert.

Je suis confiante. Je sais qu’il restera toujours au bas d’une dune, au creux d’une oasis, les quelques grains du temps qui me permettront de savourer encore la douce fuite du sablier.

Je suis rapide. Je lutte contre le temps qui file entre mes doigts, je me bats à chaque seconde contre l’angoisse de voir soudain le dernier grain m’échapper et m’entraîner dans sa chute ultime vers les profondeurs d’un gouffre infini, le trou noir de ma raison, l’engloutissement de ma conscience.

Je suis tranquille. Je sais en moi la présence tendre et apaisante d’une bienveillance attentive et prévenante. Je donne au monde mon regard confiant ; la nature le ciel et tout ce et ceux qui m’entourent me portent et me soutiennent pour une vie harmonieuse et sans appréhension. Je suis aimée.

Je suis angoissée. Ouvrir les yeux sur le matin est aussi inquiétant que les fermer face à la nuit qui vient. J’appréhende les hommes, l’air et le feu, les montagnes comme la mer ; tous les éléments me sont hostiles. J’étouffe en hiver, je grelotte en été. Les émois du printemps me harcèlent telle une torture de l’Inquisition, les douceurs automnales m’infligent les sévices de geôles démoniaques. Je ressens aux tréfonds de mon être la poigne harcelante d’une bête ignoble qui ronge et racle et rogne, me dépèce par l’intérieur de toute parcelle de vie, d’énergie, de force. Je suis béante, privée d’amour.

Je suis allongée, je m’étire et mon corps est long.

Étendue dans un pré, chaque parcelle de ma peau en contact avec le sol est le gué où migrent les millions de sensations, de cellules et de phéromones qui forment ma relation à l’herbe et ses habitants. Je suis tout entière une infime particule d’une des innombrables frontières entre terre et atmosphère, un minuscule point des immensités qui se côtoient et cohabitent depuis la nuit des temps.

Blottie sous ma couette, je peux connaître la volupté de la fraîcheur des draps à mes pieds en même temps que la douce chaleur du molleton enveloppant mes épaules. Je touche du bout de mes orteils l’extrême trame du drap, la ligne discrète qui sépare celui du dessous de celui du dessus, le bord plus frais où l’air ne s’est pas encore réchauffé d’un contact humain. J’effleure de la paume de mes mains dépliées le bois tendre de la tête de lit, je m’y appuie doucement, savourant cette sensation d’échange entre deux organismes vivants, mon être et le pin émigré de Suède. Je me remémore les tendres étreintes passées où mon appui s’est fait soutien d’un corps pénétrant le mien en souples ondulations.

Je suis debout. Mes muscles et mon squelette portent mon être vers l’infini du ciel, gardant par la plante de mes pieds le contact avec les origines terrestres. L’immensité des nues me rapetisse vers le sol, mon organisme, tassé et ramassé au ras des pâquerettes, s’efforce d’offrir à la grandeur céleste le plus grand nombre possible de neurones et autres fibres cérébrales, du plus près qu’il se peut concevoir, afin de toucher si possible, d’effleurer au moins, d’espérer en tout cas … la connaissance d’un ailleurs.

29 septembre 2007

La maison s’éveille doucement. Les oiseaux qui chantent depuis quelques heures ont eu raison de la nuit, ça y est, le soleil caresse la cime des arbres, les ardoises commencent à sécher, la rosée ne sera plus bientôt qu’un souvenir au sommet des brins d’herbe.

Le chat vient de rentrer de sa virée, il en est maintenant à finir de nettoyer son pelage en gardien précautionneux de son organisme fourbu. Bientôt il laissera à son tour les images et les sensations prendre possession de son être, revivre les courses nocturnes, les échanges félins et autres visions des dernières heures éveillé.

Je reviens lentement, quant à moi, de ce voyage intérieur qui m’a laissé cette nuit encore passer du rire aux larmes, des attentes angoissées au plaisir le plus charnel… J’aime ces moments tranquilles et pourtant presque fébriles où je remonte le fil d’un rêve pour tenter de retrouver quelques bribes de ces bonheurs fugaces, de ces étranges découvertes sur moi-même… et me donner les clefs pour mieux vivre ce jour qui se lève.

Il y a quelques heures, quelques minutes peut-être, j’étais cette femme désorientée qui cherche son ancien amant dans un fatras de vieux tissus, dans un coin d’un hangar abandonné, perdu au milieu d’un terrain vague au fin fond de nulle part.

L’angoisse de cette situation suintait par tous les pores de ma peau, entravant ma respiration d’une boule aux relents amers en travers de ma gorge. Dans cette réminiscence d’un amour à jamais et depuis bien longtemps éteint, je ne sais quelle était la douleur la plus vive : considérer en défunt l’objet de mes recherches, ou ressentir à nouveau la honte de ressasser une fois encore les regrets, remords, espoirs déçus et orgueil bafoué alors que la vie m’a offert depuis, à mes côtés, en moi, pour moi, l’homme qui m’accompagne à présent.

Cette plaie est donc toujours ouverte, non plus béante comme au premier jour, ni aussi profonde que pendant bien des mois, mais encore sensible à un regard, une parole, une attitude qui pourrait me rappeler, dans la journée, aux abords de la nuit, ce qui a été et ne sera jamais plus.

Toute la poésie, les sensations, les sentiments développés alors se sont évanouis, il n’en reste la trace que sur les papiers griffonnés, dans les archives de ma mémoire et de la sienne peut-être, que j’ai crue longtemps réservée à la tendresse et aux plaisirs que nous avons partagés du temps de notre entente.

Parfois je sais que tout cela est bel et bien dépassé, qu’il faut oublier, tourner la page et faire le deuil, tralala, mais qui peut empêcher mes rêves de m’apporter encore sans prévenir des pensées nostalgiques ou amères ? Le pire reste quand l’onirisme se fait érotique et que se renouvelle en moi l’idée d’un renouveau, d’une reprise de sentiments doux et plaisants… J’ai alors en me réveillant une insupportable sensation de gêne vis-à-vis de l’homme qui dort encore à mes côtés. Cette honte intérieure lui vaut alors un réveil en douceur, tout en caresses et volupté, je me pardonne ainsi mes écarts subconscients.

Souvent, de plus en plus heureusement, je vis bien, riant à la vue d’enfants qui grandissent ou savourant les délices qui me sont offerts de ne manquer ni d’un toit, ni d’un garde-manger rempli, ni d’un entourage prévenant. J’oublie alors ces vieux démons, j’efface prudemment les relents de souffrance et me concentre sur le bonheur présent.

22 juillet 2007

Bien trop souvent.

Bien trop souvent on se tait. On croit respecter le besoin de silence de l’autre, adopter une attitude plus calme, réfléchir tranquillement au cours des choses et aux souvenirs…

Pendant longtemps on pense qu’il vaut mieux taire les différences, les avis contraires, les manques et les peines (toutes si douces qu’on les croirait infimes).

Parfois, comme dans un éclair, ressurgit la peine, la vraie, l’angoisse du non-dit qui barre la gorge et étreint la poitrine, enserre le cœur à le faire exploser par les poumons, on dirait qu’on va s’éparpiller en mille puzzles que jamais personne ne saura reconstituer.

Puis vient le moment où un petit rien de regard, une ambiance ou quelques degrés d’alcool font remonter tel un plongeur en fin d’apnée toutes ces pensées, ces émotions cachées, gardées bien camouflées au fin fond du soi si branlant.

Tout d’un coup tout surgit, prend un sens et une consistance, celui des larmes, celle des sanglots. L’amertume envahit la bouche, les mains, la tête tout entière n’est plus qu’un feu de mauvais artifice, on s’en veut d’avoir attendu si longtemps, et pourtant on pensait au bien qu’on faisait, au calme qui régnait, au doux bonheur superficiel des belles journées bien lisses où aucune rancœur ne raye l’horizon…

Et patatras, tout craque et s’évapore comme une pauvre rosée perdue en plein milieu d’une journée d’août, les sentiments s’affolent et on ne sait comment, où, combien trouver de mots pour arrêter cette tristesse.

On parle, alors, en essayant de trouver les bonnes formules, les phrases qui ne blesseront pas, les idées qui feront leur chemin hors de soi, vers l’autre, en cherchant autant de chances que possible d’arriver au bout, à la fleur de sa peau, au bord de son âme, au cœur de ses émotions.

Et on continue d’avoir mal, de tant espérer sans y croire plus vraiment, de tant vouloir convaincre sans l’oser davantage… La bataille n’a pas lieu, puisqu’on refuse l’affront, on recule devant ses propres armes, on ne se saisit que de sa lâcheté au moment fatidique et on renonce avant l’assaut.

L’honneur d’avoir à se dévoiler entièrement est sauf, ouf, cette fois encore nul besoin d’exprimer pleinement, sereinement, en confiance, les mille menues broutilles qui ont peuplé nos rêves et nos cauchemars… On a sauvegardé l’essentiel, la paix apparente de relations tranquilles.

Le tumulte intérieur pourtant n’est pas apaisé, la vie est toujours aussi difficile en soi-même, les questions migrent d’un côté à l’autre du cerveau en faisant des escales désœuvrées dans le cœur, minent le fondement même de cette tranquillité si chèrement exhortée.

Envie de nouveaux départs, de trains qui traverseraient le pays du passé pour nous déposer sur le quai de la gare du futur, le bon, sans erreur ni hésitation.

Avec à la main le bon billet, dans l’autre le bagage idéal. Et à côté du compagnon qui va bien.


Pour le meilleur, après le pire.


17 ou 18 juillet 2007

En vacances à l’autre bout du pays. Voyage de 10 heures en voiture, pas d’autre activité que cérébrale, pensées, idées, souvenirs…

Les paysages défilent, m’étonnent ou me bercent d’une langueur de sieste moite, je dors, la nuque cassée, entre deux croisements de jambes et deux aires d’autoroute.

Mon esprit vogue de scènes passées en dialogues inachevés, ou même pas débutés.

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Au bout de quelques dizaines d’heures de ce régime de break, stand-by intellectuel et physique au milieu d’une vie très active, je décide de tout accepter. Cette formule a du mal à passer, mais c’est pourtant juste çà.

J’accepte les râleries, les mots tendres, les incompréhensions, les changements de programme, la chaleur de l’été, les non-dits et les bavardages.

Je prends tout ce qui vient, et ce qui n’arrive pas… sans dépense inutile d’énergie, sans amertume ni contrainte, sans espoir vain de voir mes aspirations profondes assouvies… Je vis, j’existe, je partage ma présence sur terre avec les êtres qui m’entourent, je donne mon amour et mon sourire à ceux qui en veulent. Si trop de tendresse, trop d’émotions restent bloquées en moi, elles sauront trouver leur chemin vers des cœurs en manque, le jour où il faudra… quand ça devra arriver.

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Tentative de laisser-aller, la vie, la nature, les ondes invisibles prennent le pouvoir total sur mon existence, je ne lutte plus, je garde l’énergie autrefois dépensée en vain pour de plus amples réussites… lesquelles ?

On verra bien.

mars 2007

En attendant le retour de mon bâtisseur d’amoureux qui nous peaufine un beau nid en bois, je m’assieds quelques instants au clavier, triste, fatiguée, comme au bout d’un rouleau dont je crois chaque matin au réveil qu’il a enfin été changé dans la nuit,…

Mais non, c’est toujours le même, je crois bien que tant qu’on ne sera pas dans la nouvelle maison je resterai comme çà, soudainement et par moments sans énergie et comme en train de piétiner pendant des minutes entières…

Alors qu’en fait j’avance, je trie, je range, j’ordonne et je balance le superflu, je donne, de l’amour, des conseils, des vieux livres, des fringues trop petites, de l’énergie… Mais aussi des ordres, des consignes, des réprimandes … et aussi des calins, des bisous, des tartes aux pommes et des blanquettes de veau…

En attendant de donner quoi de moi ? Quoi de vraiment moi ? Quoi de cette envie de rester là à pianoter des heures pour faire sortir tous ces mots, toutes ces phrases qui feront peut-être une histoire ou peut-être rien du tout mais qui seraient tellement plus à leur place sur du papier que dans ma tête en raz de marée – ras le bol - trop plein ?

L’impression de m’essouffler, de m’engluer dans ce surplus de pensées, de textes, de lignes pas écrites et qui engorgent mon cerveau et me pèsent sur le larynx, là où ça fait comme une maudite boule d’angoisse qui ne veut pas être avalée… Je connais trop bien cette lancinante présence au cœur de moi, qui ne se laissera dissoudre que dans les larmes… ou l’encre ?

Pouvoir enfin lui laisser le champ libre, allez, vas-y ma vieille, montre-moi ce que tu as dans les tripes, tout ce que tu dois me montrer depuis si longtemps qui bute à chaque fois sur une infime partie de quotidien, sur une bêtise de durée d’une journée qui n’a que 24 heures dont 8 dans les bras de Morphée…

Dis moi enfin pourquoi tu es là, en moi, ça fait combien de temps, déjà ? 15, 20 ans de latence, d’omniprésence, de ratures à mon esprit comme sur un brouillon d’écolier… Disons donc deux dizaines d’années, puisque ce soir je bois un coup à mes trente-huit, on peut bien avancer ce chiffre, car la trentaine ça ferait un peu « j’écris depuis que je sais lire… » ce genre de connerie qu’on entend parfois dans la bouche des écrivain(e)s trop pressés de rentrer à l’Académie Française ou d’avoir le Goncourt.

C’est pourtant vrai que j’aime raconter, écrire, me laisser mener par les mots vers des rivages inconnus, des terres vierges puisque planquées aux tréfonds de mon imagination, engendrées par la somme de mes émotions et de mes réflexions les plus anodines voire inconscientes, produits de mes lectures et de mes incertitudes face au monde qui m’entoure… Ou soustraction de mes expériences d’avec la multitude de personnes et de situation qu’il ne m’a pas encore été donné de rencontrer (si on peut rencontrer une situation ?) Ou division de la littérature tout entière par mon langage interne et propre à ma seule entité ?

Le nombre de formule est infini, ou plutôt indéfini, et heureusement !!!

Il resterait juste à savoir si cette prose, cette tentative de laisser libre cours à ma logorrhée interne et lui donner existence matérielle est valable, bonne, intéressante pour d’autres que moi-même.

Passés les bienfaits instantanés de l’écriture, qui libère cette angoisse et la laisse s’auto-détruire en une création (car rien ne se crée ni ne se détruit, mais tout se transforme, même les concepts), existe-t-il la possibilité d’en tirer quelconque usage ?

J’écoute souvent les émissions culturelles de France Inter, je lis pas mal d’hebdos qui vont presque systématiquement dans le même sens que ce que j’ai entendu auparavant, j’en déduis qu’il y a une sorte de pensée unique en France pour honorer tout écrivain(e) qui se lance comme étant (partiellement au moins) le renouveau de la littérature contemporaine. Les journalistes se demandent régulièrement si le roman est mort, comment vivent les écrivains méconnus, quel sera le phénomène littéraire de demain, si on va connaître les émois d’un nouveau Sartre ou les splendeurs d’une George Sand du XXIème siècle…

Et moi, dans cet univers fermé, où suis-je ? Ai-je le droit de penser avoir une place un jour dans un de ces papiers ? Est-ce là la motivation qui pourrait m’aider à franchir le pas ? Faut-il ce genre de tentation pour se lancer, ou l’envie d’écrire suffit-elle à justifier de chercher un éditeur ?

A la copine journaliste et auteure de bouquins pour enfants, qui me propose de me donner deux-trois adresses, je ne sais que répondre … Peur d’un œil étranger sur mes textes, doute du bien-fondé de cette démarche-là, manque de confiance en mon style ou la qualité de mes écrits ?

Plus sûrement et pragmatiquement, impossibilité de trouver le temps de tout dactylographier pour présenter les choses dignement, donner une forme à ces centaines de feuillets, mettre au monde quelque chose de présentable et digne d’être lu par un professionnel de la chose !!

Alors je me contente d’y penser, de me représenter mentalement le début de la tâche : faire des tas par année, alors on commencerait quand ? En 1980, année du premier journal intime ? En 1987, où l’amour a motivé l’écriture de dizaines de lettres et carnets ? En 2003, où j’ai enfin réalisé et pu exprimer que c’est écrire qui me fait comprendre ma vie, mon être et ma relation aux autres ?

Bon, une fois qu’on aurait décidé, on ouvrirait les boîtes en carton, les coffrets à lingerie et autres mallettes qui servent depuis tout ce temps d’écrin et de valise à mes gribouillages. Et là, comme l’été dernier où j’ai commencé au pif par 1990, se trouver confrontée au passé, aux émotions anciennes, aux amours mortes et aux naissances diverses… Il me faudrait plusieurs semaines pour réussir à enregistrer tout ça…

Et après, passés les larmes, les sourires et les nuits à se souvenir… Comment ordonner tout cela ? Par quoi commencer, de quelle structure étayer cette production ? Une petite voix me souffle que l’idée naîtra en relisant, en tapant sur mon clavier, que les pensées et les écrits trouveront leur utilité, leur puissance au fur et à mesure de la mise en forme informatique.

Reste donc, juste, à trouver le temps et l’endroit opportuns… Une fois dans la nouvelle maison ????

17 novembre 2006

Ainsi c’est comme çà la rage au cœur et la peur au ventre, la rage de l’incompréhension et la peur de tout perdre, parce qu’on ne s’est pas compris ou qu’on devine plus qu’on ne sait la mésentente, la fatigue et les émotions refoulées depuis trop longtemps.

J’ai mal, je pleure et je m’en veux, de ne pas avoir su te dire avant de mendier ces quelques paroles de tendresse et d’intérêt, je souffre de cette tristesse d’esseulée qui se perd et se noie dans les larmes que je croyais à jamais impossibles…

Pourquoi cette dureté, cet emportement devant ma demande, comment les mots blessants peuvent-ils avoir pris la place de toute la douceur que tu m’as apportée jusque là ?

Je ne comprends pas, je me débats dans une toile gluante de non-dits et de fausses sensations, j’ai peur que tout se brise, que les morceaux de notre histoire se détachent de nous et tombent tout d’un coup et pour toujours.

J’ai faim de toi, de nous, je t’aime et je ne supporte pas de te sentir blessé par mes attentes ou énervé devant mon manque de rigueur ou les fantaisies de mes enfants.

J’ai besoin d’air pur, de liberté et de grandes envolées, pour tenir face à la quotidienneté harassante ou pour construire ensemble un monde plus doux… Cet air salvateur depuis deux ans ou presque tu me l’as apporté au quotidien, me faisant rayonner et enfin reprendre goût à la vie.

Et puis voilà patatras tout est par terre ou presque, il faut se coltiner la réalité de celui qui est fatigué mais ne veut pas l’avouer, de celle qui frime de se penser prochainement réintégrée dans la vie socio-professionnelle…et des kids qui n’ont rien demandé mais sont là quand même, avec leurs vilains défauts et leurs géniaux bons côtés…

Encore une fois ils vont partir chez leur père avec un cartable lourd d’une semaine bâclée, moi je les regarderai prendre leur car ou le portail de l’école avec une grosse boule bien douloureuse en travers de la gorge, et pourtant le week-end passera et lundi sera vite là pour les retrouver et rattraper ces quelques dizaines d’heures perdues sans eux…

Je suis triste alors que ce devrait être la fête, on a enfin une bonne raison puisque j’ai réussi au concours, je suis même dans les 10 premiers sur plus de 500 candidats… Qu’est-ce que tu dis de çà ?… C’est bien.

OK. Alors je tente d’évacuer en écrivant, avant d’aller rincer mes larmes dans une bonne giclée d’eau et de me blottir dans tes bras, ceux de l’homme que j’aime et qui me protège de mes démons, mais qui m’a tant stressée aujourd’hui.

6 novembre 2006

Toute ronde, elle est apparue entre les branches des arbres, si pale et pourtant si claire dans son halo brumeux, comme une éclaircie dans une tempête de neige, comme un embrun qui raviverait les tons sombres d’un coup de suroît sur la côte sauvage.

Tout est froid, comme figé dans le début de l’hiver alors qu’on vient à peine d’entamer l’automne. Rien ne bouge, pas une feuille, pas un brin de nuage… Quelle est cette sensation étrange que la fin du monde est proche, que cette nuit peut-être tout va s’éteindre et recommencer pour une nouvelle existence ? Des êtres différents vont surgir d’outre-tombe, ou bien de la profondeur des océans, nous apprendre d’autres réalités, nous mener vers un bonheur dont nous n’aurions jamais suspecté l’existence sans leur apparition.

Tout à l’heure elle était rousse, puis quelques instants plus tard déjà blonde… A présent elle est presque albinos … Ne serait-ce ses grands yeux gris-noirs écarquillés, on pourrait la croire comme cette lapine pleine aperçue au creux du clapier chez la fermière avant-hier, elle aussi venue d’un autre monde ?

La préparation du repas puis les bavardages des enfants devant leur assiette de pâtes-jambon me sauvent d’un spleen que j’aurais bien laissé s’élever au rythme de l’astre, me soulevant de la plate réalité vers un univers flou de pensées volages, planantes et irréelles.

Les ombres chinoises des arbres du fond de la rue m’auraient servi d’échelle pour grimper jusqu’à ces mots interdits, trop inexistants puisqu’encore inexprimés…

Les fines branches du peuplier déplumé par la dernière tempête d’équinoxe auraient filtré les phrases échevelées de mon amertume, les aiguilles de pin raidies par le gel se seraient faites tricoteuses d’histoire à ne pas dormir, on aurait pu alors partir en voyage sous la couette et redécouvrir les douceurs de l’hiver quand le temps nous est donné de retrouver la chaleur de nos corps engourdis.

Mais il est l’heure de penser à regarder la pendule. Le temps ne s’est pas arrêté pour laisser libre cours à mes idées et il est déjà l’heure où je t’attends, impatiente de lire dans tes yeux le soulagement de passer la porte pour la refermer sur cette nouvelle journée de travail.

Je me fais des films sur les pensées qui sont les tiennes à l’heure où chacun rentre chez lui ou est déjà entrain de savourer la soirée en famille, ou de redouter une nouvelle nuit de solitude.

Je divague, de vision en rêverie… Les enfants ont fini leur repas et m’ont laissé la place sur la table de la cuisine… Les rayures de la toile cirée sont le parfait contraire de la vue offerte à la fenêtre : quadrillage coloré contre disque blanc sur fond noir… Sa bouche arrondie reflète mon ébahissement, mon étonnement à trouver les mots d’une façon aussi fluide pour exprimer cette douce tristesse de l’attente, ce tendre trop-plein de sentiments qui aimerait tant déborder une bonne fois et me laisser enfin libre de te consacrer toute mon énergie.

C’est un lundi soir banal de l’automne, la lune m’a rappelé depuis son coucher ce matin, quand je partais pour l’école et qu’elle nous souriait de l’autre côté du chenal, que toute cette vie est juste une grâce depuis bientôt deux ans.

jeudi 21 février 2008

Le 21 février 2008

Dans un mois le printemps, OK, ben ça sera bien, parce que cette fin d’hiver qui n’en est pas une vu les températures, moi ça m’use plus que de mesure… J’en ai un peu le trop-plein de toute cette douceur alors que les autres s’en donnent à cœur joie aux Antilles ou aux sports d’hiver.

Moi ce que je voudrais, c’est un bon feu dans la cheminée et plein de buée sur les vitres, un grand coup de froid quand on va chercher une bûche et après ta langue dans ma bouche et ton sexe en moi (ou l’inverse, enfin quelque chose de chaud, tendre et… ) pour me faire fondre comme la neige qui va pas tarder à tomber…

Mais non, à la place, on a des bourgeons dans les hortensias, des journées trop courtes malgré le jour qui rallonge, du boulot ras les tiroirs et un porte-monnaie plus vide que du temps des baby-sittings d’étudiante pour se payer une chaîne hi-fi ou la première paire de boots.

Et en plus pas le temps de se dire des mots tendres, ou pas envie, ou pas conscience que ça peut faire du bien, enfin bref, une vie de cons, quoi !

Et les petits qui rentrent de l’autre monde, du monde de l’autre, avec des idées géniales et débiles à la fois, comme passer sa journée sur la console portable ou se renseigner sur la signification de « Quo Vadis » …

Et moi qui porte en dedans toute cette envie d’écrire, que je réfrène, que je retiens, que j’essaie de comprimer sous une tonne de mailings, de coups de fils et de tchache avec la caissière ou la copine qui a eu le malheur de m’appeler pour une recette de cuisine… Je piaffe, mes neurones s’encrassent et je m’énerve à espérer une minute de magie dans une journée de routine.

En fait y en a même pas, des copines qui appellent pour faire des trucs ensemble, ou bien c’est pas le bon moment, ou bien c’est pas la bonne copine, ou bien rien du tout je délire toute seule à mon clavier car personne ne pense à moi, c’est sûr, en fait personne ne m’aime et pourquoi j’écris tout ça puisque personne ne va le lire…

Pfffh, comme je l’écrivais il y a quelques dizaines d’années, euh… oui, au moins deux … Je vais aller dormir je crois, c’est sûrement la meilleure façon de faire passer cette pilule-là, se reposer, laisser les rêves prendre les commandes et m’emmener au pays où tout est possible, où rien ne se passe comme prévu mais d’où je ressors toujours heureuse, que ce soit de me réveiller enfin d’un sale cauchemar ou de me souvenir d’un délice onirique … ou d’être tout simplement enlacée à mon amoureux…