mardi 26 février 2008

26 avril 2006, bientôt le 27

Pour qu’un jour je puisse dire : « ça a commencé comme çà », il va peut-être falloir que je m’y mette…

Un beau jour, un jour pas comme les autres, une petite minute de rien du tout qui aura fait toute la différence puisque j’aurais été moi pendant le restant de mes jours après çà, si je m’accorde cette chance c’est bon, rien ne sera plus comme avant, j’arrêterai de penser en regardant défiler le paysage de tous les matins tous les midis tous les 13h30 tous les 17h55 que çà y est encore une journée sans le faire, encore tous ces mots qui restent bloqués là en travers de ma tête et font comme un barrage à la vraie vie que j’ai de dans quelque temps quand j’aurai trouvé le temps mais quand ???

Et pourtant çà y est, rien que ce premier jet et je suis déjà toute essoufflée,… Dieu que çà fait du bien de laisser les doigts couler tout doux impétueux pourtant sur le clavier qui n’avait rien demandé, ou plutôt non il ne demandait que çà depuis des mois qu’il est là installé par mon amoureux pour que toute la famille puisse s’amuser se cultiver communiquer et tout et tout .. mais moi ce clavier si tu savais mon amour c’est pour l’user que je le veux, c’est pour apprendre encore et toujours plus par cœur toutes ces touches, pour les élimer les angles de chaque lettre et ne leur laisser aucun répit après toutes ces phrases que j’ai écrites dans ma tête comment veux-tu que je fasse pour ne pas lui en faire baver, au clavier, va falloir qu’il les crache les mots s’il veut avoir une digne vie de clavier …

Comme c’est étrange quand même d’avoir à passer par ces bouts de plastique aidés de leurs acolytes impulsions électriques et de leur potes connexions électroniques et autres nanométriques puces qui leur filent un sérieux coup de main pour tout mettre droit devant mes yeux sur le morceau d’espace blanc sur fond gris ( d’ailleurs peut-on modifier cette couleur, c’est vrai çà fait vraiment trop enterrement, on pourrait pas mettre du bleu lagon ou du vert turquoise histoire de faire un peu plus exotique, çà donnerait des ailes à mes phrases et puis on pourrait imaginer que les mots sortent de l’eau, çà y est, ils ont trouvé la surface, ils peuvent respirer librement - livrement, lapsus involontaire de clavier où le b et le v sont vraiment si proches… curieux hasard - comme qui dirait ressurgis du fond de l’océan géniteur pour accoucher au grand jour de ma douleur d’enfermement verbal !), oui, comme c’est bizarre de devoir s’en remettre à ces bouts de pétrole retravaillé pour arriver à arracher à mes neurones et aux quelques cellules de mon pauvre organisme les phrases qui depuis longtemps m’habitent me harcèlent m’étouffent et en même temps me font tenir debout assise couchée mais toujours là présente à moi même à ceux que j’aime et qui m’ont choisie (pas tous) pour avancer sur ce putain de chemin de vie à la con …

Je pense à chaque fois à l’écrivain des temps anciens avec sa plume et son papier pas toujours de bonne qualité ou bien le pauvre scribe encore pire qui écrit sur des parchemins ou bien plus terrible encore la prisonnière qui n’a que quelques vagues bouts de buvard ou de carton pour étancher sa soif de dire de raconter pour ne pas mourir pour ne pas moisir pour rester elle-même et pouvoir un jour sortir de l’enfer, Ann, Malika, Ingrid ou Florence… et je me sens infiniment bête infimement maligne pour oser prétendre en quelques touches de clavier de PC tout ce qu’il y a de plus commun mais en même temps sophistiqué de dire voilà, c’est moi, c’est en moi depuis trop longtemps çà y est faut que je le lâche faut que çà sorte Bon Dieu que çà fait du bien allez encore un autre paragraphe sinon je ne dormirai pas bien.

Qui je suis pour lâcher tout çà, pourtant je m’en fous bien de savoir si quelqu’un va avoir quelque chose à redire à çà, je pense même que c’est surtout pas tous les empêchés d’écrire qui m’en voudront, parce que tout humain qui connaît le tumulte des mots qui frappent au cerveau pour connaître la lumière d’un écran ou d’une feuille vierge doit savoir de quoi il s’agit ici : un déversoir une cataracte de bonheur une illusion de béatitude un espoir de lendemain qui chante et qui change (nouveau lapsus claviériste) pour enfin dire tout et le principal et aussi les intérêts pour que rien ne soit laissé au hasard surtout pas les non-dits c’est les pires des chancres de l’âme quand on les a bien ensevelis sous les tonnes d’amertume de scrupules et autres incapacités ils ressurgissent au milieu de vous et vos sentiments et vous gâchent les meilleurs moments de l’existence ceux où on pourrait enfin être heureux savourer la douceur d’une peau ou la lumière d’un matin dans les yeux d’un amant ou les reflets de cheveux d’enfants voilà patatras tout s’écroule si un non-dit traverse la scène et vous empeste de son haleine fétide et détartrante…

Donc halte aux taiseux et autres silencieuses, maintenant place aux mots pour dire ce qui me passe par la pensée cette étrange contrée où je ne rencontrais un temps que les souvenirs de temps trop durs pas assez ou mal accomplis maintenant je sais que j’ai le droit j’ai atteint le pouvoir de reprendre là où je l’avais laissée ma prose inassouvie mon délire verbal ou plutôt écrit pour ne gêner personne qui ne veuille pas entendre –sinon il peut encore faire semblant – non là j’écris donc qui m’aime me lise sinon allez tous vous faire regarder ailleurs il y a sûrement plus à votre mesure ; moi ici çà me suffit ; j’espère qu’à vous aussi, quand même !!

Le plus dur à gérer étant quand dois-je m’arrêter est-ce quand mon amoureux va se coucher est-ce quand mes yeux clignotent est-ce quand l’écran me paraît trop lointain pour seulement que les lettres s’affichent encore malgré les impulsions données sur les touches est-ce encore lorsque l’aube pointera et me dira alors là tu déconnes vraiment, comment peux-tu être aussi égoïste et ne pas t’être rendue compte que tout à l’heure au petit dej’ au boulot à la cantine ou même après tu ne sauras plus donner de toi pour tes clients tes enfants ton amoureux ou tes copines tellement tu auras tout donné ici maintenant à ton clavier tes phrases et tous ces mots qui ont giclé t’ont forcée comme obligée ou presque comme violée de tant de possession de ton esprit de tes doigts de tes mains qui grignotent les touches qui dévalent les espaces et ne font qu’hésiter parfois sur un accent, une cédille ou quelque halètement de poignet qui n’en peut plus çà y est, c’est çà qui m’obligera à dire stop çà suffit pour aujourd’hui : la crampe de la débutante, de la revenante à l’écriture qui a subitement cru que tout était possible à nouveau, l’écriture au km comme si on était encore en 2nde après le devoir de maths bâclé toute façon je m’en fous ce qui me plaît c’est écrire et dire et encore laisser parler les mots parce que çà au moins c’est la vérité vraie ce qui sort de mon cœur et de mon esprit et à bas les obligations scolaires et toutes les conneries que ma mère et les profs et tous ces gens voudraient me voir faire et avaler et remâcher et recracher peut-être aussi tant que j’y suis !!!

Là au moins, c’est moi, presque quarante ans maintenant, qui me dit « allez c’est bon tu peux te lâcher les mômes sont chez leur père ou ceux qui prennent le relais pour lui et en bas ton amoureux travaille lui aussi »… Lui c’est manuel, c’est les cordages, bon d’accord, alors moi je peux me laisser aller cinq minutes, là çà doit faire presque une heure que çà dure mais c’est pas grave tant que çà coule tout seul faut laisser, faut pas freiner, surtout pas de non-dit et pas de barrière à l’expression il paraît que ça tue l’inspiration et l’imagination.

Bon après il y en aura sûrement pour trouver çà nul et pas élégant comme style et surtout illisible et même si, qu’est ce que çà peut me faire ??? L’essentiel je crois que ceux-là l’ont pas encore bien percuté c’est que je peux enfin lâcher prise, ne plus retenir les mots et les laisser aller où bon leur semble c’est à dire s’ils veulent aller sans point ni virgule ou bien en travers ou les uns avant les autres pour ne pas qu’on comprenne tout peut-être que c’est une stratégie de leur part… je crois beaucoup à la liberté laissée à chacun de s’exprimer et donc pourquoi pas aux mots ? Après tout c’est par le mot que tout a commencé, non, la Genèse tout çà s’il n’y avait pas eu le mot pour la raconter on ne serait rien on ne saurait rien et tout serait annulé et on aurait l’air bien avancé, non ?

Donc, libre aux mots aux phrases de composer leur symphonie leur requiem leur mélodie ou leur fredonnement comme ils veulent moi je suis juste leur outil ma main mon cerveau au service des mots qui veulent sortir…

Bien sûr après on pourra voir à ordonner un peu tout çà pour toucher le plus grand nombre mais après tout si çà leur plaît d’être sortis comme çà tout d’un coup sans prévenir et qu’ils veulent nous dire quelque chose de sensé c’est bien à nous de faire un effort après tout çà fait tant de temps qu’ils sont utilisés servilisés ou plutôt asservis qu’on leur fait dire ce qu’on veut tantôt des tyrans tantôt des poètes malheureusement plus souvent des dictateurs que des chanteurs et encore des fois les uns valent pas mieux que les autres alors bon quoi çà y est on peut bien leur laisser un peu le pouvoir, non … ???

Donc, les mots qui m’ont suivie, aidée aimée ou maltraitée dans ma tête dans mes écrits dans mes oraux dans tous les moments de ma vie où j’ai voulu exprimer et que tout çà m’a manqué ou étouffée ou démangée ou dérangée que dois-je en faire les taire les maltraiter à mon tour les ranger oui mais comment et où ou alors faut-il les remiser quelque part en attendant mais voilà çà finit toujours par sentir le renfermé quand on les laisse enfin sortir donc autant leur faire prendre l’air une bonne fois pour toute et après au moins on sait qu’on ne pourra plus jamais les laisser à l’abri des regards des envies des intérêts mais d’ailleurs est-ce capital ou primordial ou même tout bêtement vital ??? – le dernier lapsus du jour, viral avait écrit mon clavier emporté par tant de doute de hâte et de gêne aussi peut-être ?

Est-ce que c’est viral, docteur, est-ce que je dois me protéger ou plutôt empêcher les miens d’être en contact avec une telle vilenie la passion des mots qui courent sur l’écran et me font haleter et la crampe qui me reprend et cette douleur lancinante dans la nuque çà y est la cervicale qui ne m’avait pas fait signe de vie depuis des décennies ou presque, elle est là, bien vivante, la saleté vivement le prochain rendez-vous chez l’ostéo au moins lui saura la mater !!

En attendant cette interrogation sans réponse cette question sans solution ce problème qui se maintiendra dans un coin du clavier jusqu’à la prochaine fois : est-ce humain de vouloir s’en remettre de la sorte aux mots et à leur délire pour tenter de comprendre ce qui m’habite et me fait haleter en moi-même de vie de pulsion de recherche sans cesse harcelante et toujours chancelante jamais assouvie toujours en quête de je ne sais quoi qui me fasse enfin comprendre résoudre solutionner cette équation maudite et pourtant si chérie au long des années et des feuilles griffonnées : qui suis-je pourquoi m’a-t-on fait naître sur cette planète où et quand se lèvera le jour béni où tout sera clair en moi et où je comprendrai enfin ?

Aucune hâte pourtant devant cette interrogation primordiale primale et primaire… juste quelque anxiété à trouver le bon chemin pour arriver à la bonne réponse, mais pas plus de tension que çà devant la route qui s’ouvre ou se découvre à peine, juste l’envie impérieuse, impétueuse et intense de trouver, de chercher d’abord évidemment et aussi de récolter un à un les grains de savoir et les pépites de connaissance pour un jour accéder à un certain nirvana…

1 commentaire:

Manu Causse a dit…

Jolie variation sur le non-dit d'une prière.