mardi 3 février 2015

au sujet du doc "jusqu'au dernier" France 2 du 26/01 au 03/02/2015



La grisaille la tristesse la nausée le désespoir.
Overdose d’images de la Shoah, la violence des scènes de massacres, pogroms et autres odieuses mises en scène macabres me fout la gerbe, y a pas d’autres mots.
Ces historiens sont hallucinants de réalisme, de maîtrise d’eux-mêmes et du sujet qu’ils nous exposent dans ses détails les plus horribles.
Toute cette saleté humaine sera-t-elle un jour lavée définitivement, par quel moyen pourra-t-on jamais retrouver les couleurs de la vie d’avant, pourquoi quelques centaines d’hommes ont-ils pu anéantir ainsi des millions de vies, des milliards de bonheurs possibles, une part de l’humanité ?
Comment les réalisateurs de ces documentaires ont-ils pu aller au bout de leur travail, réaliser ces heures de film où chaque minute est un rappel des insultes faites au respect, à l’amour, au bonheur sur terre ?
Je suis née de parents qui ont souffert de leur naissance à l’âge de huit-dix ans de la guerre provoquée par les nazis. Leur père est parti combattre pendant des années, leur mère a dû se débrouiller pour les nourrir, les habiller, les éduquer malgré la pénurie d’aliments, de moyens et de liberté imposée par l’occupant. Bien que protégés dans leur lieu de naissance, leur culture et leur religion, si on les compare aux millions de sacrifiés, ils m’ont transmis cette histoire terrible, m’ont éduquée à refuser la haine, le mépris, le sarcasme et la violence sous toutes leurs formes. Mais jamais je n’avais encore compris à quel point cette phase sombre de l’histoire européenne pouvait être affreuse dans sa dimension d’acceptation collective du mal.
Je m’interroge toutefois, au vu de ces images de propagande si cyniquement orchestrée, s’ils ont jamais entendu les adultes de leur entourage, peut-être même leurs propres parents, se plaindre de ou critiquer l’existence des juifs avant qu’ils ne soient pourchassés, violentés, anéantis ou tout comme, partout en Europe des années 1930 à 45 ?
Dans les années 80, enfant puis adolescente, j’ai côtoyé des Allemands et des Autrichiens qui ont pu appartenir à des familles de racistes, antisémites, peut-être même des gens actifs dans ces abjections. Jamais je n’ai imaginé poser la question qui me viendrait maintenant à l’esprit en les rencontrant : où étiez-vous lorsque les premiers magasins ont été « tagués »,  quand les médecins, avocats, professeurs, etc… ont été frappé d’interdiction d’exercer parce qu’ils étaient juifs... puis en novembre 1938 pendant la nuit de Cristal, lorsque les synagogues ont brûlé, que faisiez-vous, que disiez-vous, comment avez-vous vécu dans cet enfer infligé à quelques uns d’entre vos voisins, vos compatriotes, des êtres humains comme vous… ???
J’essaie de comprendre, de ressentir autre chose que du dégoût ou un sombre désespoir, mais comment arriver à garder le sourire, à croire que notre planète pourrait être un jour le havre de paix de tous et toutes et non pas l’enfer qu’elle a été pour un si grand nombre dans ces années-là ?
Je n’arrive pas à regarder ces docs jusqu’au bout, je cale de plus en plus tôt à chaque nouvelle tentative, les images sont trop brutales, la démonstration trop bien menée, les témoignages trop poignants, les analyses trop précises. Le machiavélisme des nazis m’asphyxie, le souffle court je cherche un rayon de soleil dans mon environnement pour me permettre de reprendre les couleurs qui m’ont désertée au fil du visionnage, me maintenir éveillée, sereine comme j’aime à l’être pour penser le monde et l’aimer.

samedi 17 janvier 2015

Qui étions nous le 11 janvier ?


Denis Podalydes, 11/01/2015 :" La phrase concerne moins aujourd'hui que les jours précédents : "Au chagrin de ce jour nous devons obéir, dire ce que nous sentons et non ce que nous devrions dire."
Je pense à l'écrivain qui dira un jour ce que nous sentions dans une langue exacte."


Or donc, il m’a fallu une nouvelle semaine pour comprendre, réfléchir, ressasser et mettre en mots toutes ces émotions.
Plusieurs fois, comme  à l’accoutumée, les phrases se sont alignées, belles, cohérentes, parfaites après quelques hésitations.
Mais c’était simplement en moi, dans la pénombre de l’endormissement ou la pâleur du  réveil trop matinal.

Des mots, des images, des idées…
Des notes de musique aussi, quelques lumières entraperçues, une odeur dans la campagne, une ambiance entre deux êtres ou à un moment donné.

Et puis là devant le clavier tout redevient trop difficile.
Trop fatiguant. Trop inutile.
Toute seule avec moi-même et la misère du monde en  arrière-plan, les meilleures intentions d’écrire, dire, laisser une trace, se perdent en moi et dans la faible distance de mon cerveau à l’ordinateur.

Et ça ne changera pas grand-chose.
Tout pourra se retrouver un jour, ou pas, et tant pis.

Kerbrezel, le 17 janvier 2015

vendredi 19 décembre 2014

tadammm...

et oui.
près d'un an.
pour certains articles plus de quatre.
voire six.
ouille.
des centaines de matins qui susurrent des phrases à mes oreilles encore embrumées, d'autres milliers d'instants de rédaction intérieure sans que rien, aucune trace, n'en soit resté(e).
et je me sens vieillir.
et je me vois rabougrir. enfin pour l'écriture s'entend.
parce que sinon depuis tout ce temps ma vie est plutôt à l'expansion.
familiale, professionnelle, sociale,... j'aimerais écrire aussi géographique, mais là non, ce serait mentir. quelques allers-retours dans les montagnes ou dans ce pays étrange bordé de bleu, en dessous de la ligne symbolique "Lyon-Bordeaux"...quand même, mais pas les grands déplacements qui me font toujours tant rêver.
légère atrophie littéraire aussi, malgré les nombreuses découvertes et voyages en mots - ah, Olivier Adam, Emmanuel Carrère, Grégoire Delacourt, Nicolas Fargue, Claudie Gallay, Nancy Huston, Haruki Murakami, Bjorn Riel, Luis Sepulveda, Ruiz Zafon, ... j'en oublie et des meilleurs...
et donc, pénurie totale de scribouillerie, désert aride de création, rétention totale de phrases, pensées, histoires, prise d'otage permanente de tous les personnages qui ne demandent pourtant qu'à vivre libres...

Manu-Causse Plisson, Emmanuelle Urien, Marie-Georges Profonde, mon frère et mes bonnes copines qui m'avez donné l'élan il y a quelques années, que vous dire sinon que je me sens piteuse et à la fois toute excusée par les deux bonshommes que j'ai mis sur terre depuis, les deux autres qui sont maintenant des petits adultes et les événements rencontres dîners déplacements vacances jeux divers(e)s et varié(e)s organisé(e)s savouré(e)s ou enduré(e)s ces derniers temps...

et que donc j'aimerais m'y remettre, noter retranscrire garder vivante cette parole qui surgit de je ne sais où et me parait si belle quand elle murmure à mon cerveau des phrases parfaites, des idées formidables et des histoires fabuleuses.

mais aussi que je doute, que j'ai froid partout parfois de me voir si superficielle, si incomprise, si nulle en perspicacité humaine, ou bien sont-ce les gens qui changent, me tracassent à dessein, ou s'en foutent tout bonnement ??

et surtout que je suis toute petite, insignifiante ou n'ayant rien d'important à montrer, à donner, à transmettre, puisque ça ne vient pas tout seul.

et enfin que putain quand est-ce que l'être humain va penser comme moi qu'il est temps d'arrêter le massacre, les misères quotidiennes, l'oppression du mal-né par le nanti, que oui le jour s'est levé où on va pouvoir tendre sa main vers l'autre sans avoir peur qu'il la morde ou la coupe ou même juste la dédaigne.

mais tout ça ça reste des phrases.
des mots.
dans le silence.
le désert.
y a même pas d'écho.
ni dans l'insondable profondeur des réseaux sociaux.
ni dans l'ineffable vacuité de notre existence.

vendredi 24 janvier 2014

oups on a passé l'année sans se parler !

eh ben dis donc, j'ai eu comme une surprise pas drôle en revenant ici... déjà plus d'un an sans rien y écrire.
bon, c'est comme avec un de mes frangins alors, les minutes et les mois passent et on ne s'appelle que pour se souhaiter un joyeux noël, les anniversaires on les fête par email et tout ce qui nous arrive qu'on aurait partagé les années passées s'en va par des trappes...
mais où est le déversoir ? quand j'aurai le temps j'irai voir du côté où je ne m'aventure jamais, des fois que ces souvenirs se soient accumulés là-bas.
pour l'instant le chemin rebattu tous les jours me convient, m'accapare et me laisse peu de temps pour seulement essayer de comprendre comment faire demain... alors le reste !

et puis là c'est la bérézina chez le fils aîné, la remontée de pente un peu sèche du cadet, l'explosion de découvertes et commentaires idoines chez les deux plus petits... sans parler des contingences professionnelles et sociales qui m'occupent 250% du reste de l'emploi du temps.

donc c'est fatiguée et quelque peu désabusée que je reprends pied ici, ou plutôt main, clavier et neurones connectés.

et c'est pas facile.

je manque d'entraînement, de calme, de temps.

il me faudrait une bonne semaine complète totalement tranquille. je n'ai pas seulement cinq minutes d'affilée.

donc une fois encore j'abdique. et pourtant. ce serait tellement chouette.

allez, bonne année quand même !

dimanche 16 décembre 2012

Fin du monde J-5

en cette presque fin du monde (J - 5) annoncée depuis des mois, la teneur de mes propos pourra paraître facétieuse, hautement d'actualité ou tristement débile, c'est selon ta propre humeur que je te laisse, lecteur, dompter ou laisser vaquer à ta guise.

c'est juste une sensation, quelques bribes de pensées, de vagues idées d'une nouvelle vie qui pourrait commencer.

c'était il y a huit ans :
Maintenant que je sais que je ne suis pas Wonderwoman, tout devrait être plus facile.


Il m’aura fallu quelques années, quand même, pour me défaire de ce sentiment puissant de supériorité, de perfection ironique et désabusée… de la même manière que j’ai toujours cru qu’un de ces jours je me retrouverai planquée dans une cave ou les décombres d’un aéroport pour cause de grave catastrophe climatique, qu’un désastre géo-politique me mettrait enfin dans l’action urgente de survie au lieu de devoir me coltiner avec la réalité bassement routinière et parfois si lancinante du mal-être.

Pourquoi j’ai cru si longtemps à cette espèce de sauvegarde ultime, comment j’ai pu me sentir à l’abri de tant de connerie humaine et de laxisme sentimental, je m’en étonnerai je crois de nombreuses années encore. Avoir eu cette quasi-certitude de pléni-potentialité vis à vis de tout ce qui m’arriverait et de presque tous les êtres que je côtoyais m’a ôté tout désir d’agir réellement sur le chemin de ma vie, m’a empêchée de voir en face les réalités trop douloureuses ou médiocres qui ne faisaient que me rabaisser au lieu de me grandir…

Je n’ai certes pas fini de croire que mon cerveau peut démêler l’écheveau de la vie plus vite que le commun des mortels, je pense encore qu’un de mes regards peut appréhender plus que n’importe qui la magie du monde et que mon sourire est largement suffisant pour que j’accède régulièrement à l’essentiel de ce que je désire dans l’instant… mais tu m’as appris involontairement ces dernières semaines que je ne retrouverai jamais la douceur de tes mains sur mes hanches, la chaleur de ton amour en moi ni le vertige de ton extrême jouissance, et çà, ça veut dire que je ne suis pas toute puissante.

Le choix que j’ai fait de te quitter, de m’arracher à ton charme et tes changements d’humeur, à la certitude de vieillir à deux, aux tranquilles routines de l’amour quand on veut, au bonheur d’élever deux bouts d’humain sur cette terre incertaine, cette décision me permet aujourd’hui, brutalement et progressivement à la fois, de prendre conscience de mon manque de réalisme ces dernières années, de mon insouciance face aux hasards de la vie qui n’en sont finalement pas tant que ça.

J’ai réussi à me voiler la face tant d’années que je ne peux imaginer maintenant combien de temps il va me falloir pour comprendre et réussir à agir dans le bon sens, à quel moment je serai enfin prête à vivre simplement, à moins que je ne le fasse déjà depuis ce jour où j’ai décidé de ne plus t’aider, de ne plus être à tes côtés jusqu’à la vieillesse et la mort ?

Je pense en tout cas qu’il va m’être plus doux de vivre pleinement ma vie de femme et de maman sans avoir à assumer celle d’épouse-amante-infirmière-psy-mère-frangine que tu m’avais attribuée dès le début de notre relation, sans que je m’en rende compte puis sans te soucier si cela me convenait, ni si cela t’aidait réellement à vivre et ne nous mettait pas en péril tous les deux.

Aujourd’hui le péril ne fait plus partie de mon existence comme élément potentiellement salvateur, j’ai cessé de croire que j’aurais à me sauver avec mes enfants d’une catastrophe naturelle, parce que ça y est, c’est fait, le cataclysme que je redoutais, c’était toi, et j’ai demandé le divorce le mois dernier.

Et me voilà ce 16 décembre 2012 à remâcher encore et toujours.
enfin maintenant je ressasse plutôt mon incapacité à mener mes deux bouts d'humain sur le chemin que je croyais tout tracé pour eux.
Et les deux autres petits blondinets qui se sont faufilés dans ma vie depuis ne me semblent guère enclins non plus à suivre mes conseils et préceptes plus d'une dizaine d'années encore.

Je m'essouffle, plus tôt que prévu, sur la route poussiéreuse mais parfois si joyeuse de la vie.
Je revois des choses qui ne me sont pas arrivées, je rêve d'intenses moments de quête incertaine d'un monde meilleur, j'écris encore et toujours les pages d'un livre inconnu et loin d'être achevé.

J'écris dans l'urgence, les doigts fourbus pianotent comme en perdition, les mots s'enfuient à mon approche, seule la lecture trop rare d'un roman ou de quelques poèmes attise à nouveau les braises qui couvent toujours dans un recoin de mon esprit.

Je ne sais pas remercier, reconnaître la beauté des instants de paix offerts pourtant par paquets de cent tous les jours.

Je renie mes origines, la splendeur de la côte au petit jour, les magnifiques brumes de fin de journée entre les pierres ancestrales... Je m'astreins à vivre chaque jour comme le seul et unique, déçue à chaque réveil que la noirceur de la routine recouvre toujours et encore ma fenêtre sur le monde.

Mais j'essaie à nouveau. Demain encore. Si rien ne stoppe la terre dans son giratoire élan. 

L'orage gronde encore cette nuit.



lundi 18 juin 2012

salut à vous deux qui avez choisi de nous quitter ce week-end.

Louis, je ne te connaissais pas très bien, mais ton père oui beaucoup mieux, ta mère un peu aussi. Je comprends pas bien pourquoi t'es parti, à 14 ans et demi, mais j'imagine la douleur effroyable de tes parents et proches et je hurle en moi-même cette infâme tristesse que rien ne saura jamais consoler.
Je garde de toi, parmi les images de mes enfants, celle d'un gamin perché sur un rocher sur la petite plage du chenal, c'était l'été 2001, tu devais donc avoir 3 ans et demi... t'étais un chouette bonhomme, plein de malice dans les yeux, de la tendresse à revendre sûrement, et voilà t'es plus là.

Rom, toi je t'ai cotoyé du temps où tu faisais partie du domaine réservé des tour-du-mondistes, quand vous reveniez toi et tes acolytes avec des étoiles tropicales ou boréales plein les yeux, des chansons de gabier et le goût du rhum paille sur les lèvres...
Je viens de lire un magnifique mémo de ton co-équipier Gaël sur la Whitbread à bord de Charles Jourdan où tu n'apparais que comme cuistot, mais Eole et Neptune savent bien que tu n'as pas dû laisser ton quart à un autre pendant tout ce tour du monde en course.
Me restent donc les souvenirs de soirées échevelées sur les quais, ici An Drinded ou là-bas à St Martin...
Et là t'as fait un sacré sale coup à tes potes, enfin de ce que j'en ai appris en cette belle journée de presque fin de printemps.

C'est pas cool les gars, je me sens misérable de vous savoir partis.

vendredi 15 avril 2011

blablabla mon fils

Fils,

Ce soir je fais fi des gouttelettes de thé qui ont maculé le sous-main tant ma main tremblait au moment de verser le breuvage brûlant dans la tasse en faïence blanche et noire, tu sais celle que tu as si bruyamment jalousée à Noël dernier quand je l’ai tendrement sortie de son écrin de papier de soie bleu en souriant à celui qui me l’offrait…

Ce soir mon rituel maniaque de faire le propre sur le bureau avant d’empoigner les mots n’est plus qu’une vague réminiscence d’un monde que j’ai connu il y a longtemps il me semble… c’était hier pourtant.

Ce soir je sais que ça y est, je t’ai perdu, où et quand exactement demain nous le dira peut-être, mais là je suis comme hier en m’endormant, à me répéter que je suis fatiguée, usée, élimée comme une vieille gabardine qui aurait connu trop d’épaules différentes, trop d’hiver rigoureux ou de printemps chétifs et pas assez de séances chez le teinturier.
Ah mais oui j’oublie, ce métier-là tu l’ignores sûrement, c’est une activité en voie de disparition, celle où des femmes et parfois des hommes s’éreintent devant des machines brûlantes et à l’aide de produits toxiques pour redonner aux vêtements un semblant de fraîcheur et de propreté.
en fait c'est un peu comme le métier de parent, on est pas toujours sûr de l'origine du tissu qu'on a entre les mains et on ne sait pas trop quel bidon de détergent ouvrir pour venir à bout de cette tâche ou d'une autre salissure.

Bref, je me sens comme la serpillière que tu avais oubliée un soir dans un coin de la salle de bain, après une douche trop volubile… j’ai gardé dans les plis de ma peau l’humidité nauséabonde des larmes pleurées les semaines passées, auxquelles se sont rajoutées l’amertume des sourires volés aux instants rares passés en ta compagnie le temps d’une séance chez une copine psy…

et puis pour souligner le tout et faire le total de la lourde addition, voici que tout à l’heure ton père étonné m’a appris que tu découchais cette nuit à nouveau, avec l’alibi fumeux d’avoir passé hier, comme prévu, un après-midi studieux alors que tes grands-parents m’ont alerté avoir dû renoncer à ce rendez-vous hebdomadaire…

Que nous est-il arrivé, entre manque de communication et faux-semblants, parmi les contingences quotidiennes et les aléas d’emplois du temps trop chargés que tu as refusé de partager il y a déjà douze semaines ?

En fait c’est très con, c’est exactement la question que se posent tous les parents dont l’adolescent s’envole peu à peu du nid douillet qu’ils se sont efforcés de construire puis d’entretenir pour leur enfant devenu grand. Tous les magazines de psycho, tous les spécialistes le disent et le rabâchent, il n’y a peut-être rien que nous puissions nous reprocher, ou alors très peu, en tout cas pas grand chose, si ce n’est quelques mégots fumés un peu trop près de ton berceau, un divorce aigre-doux et un remariage aux antipodes de l’ambiance dont tu as été bercé dans tes tendres années.

Mais là ce soir j’en ai marre, la dose de trop vient de m’être injectée, à neuf semaines du bac tu continues à te fracasser sur les côtes hostiles de la jaille du week-end et j’ai le sentiment d’avoir été flouée, ou plutôt de te voir te tromper toi-même, ce qui est encore plus douloureux car je me sens impuissante.

J’avais depuis quelques jours trouvé comme un second souffle, tu sais, cette énergie venue du fond du ventre quand la course démarrée il y a quelques kilomètres pourrait se transformer en calvaire mais qu’on vient de trouver le rythme cardiaque adéquat pour franchir encore quelques centaines d’hectomètres sans souffrir davantage, se sentant même plus léger, plus puissant presque…

Je ne sais si tu apprécies, asthmatique que je t’ai fait, ces douces sensations de la course à pied qui m’ont tant plu quand j’avais ton âge, mais tu dois savoir que quelques millions d’humains y goûtent avec délectation chaque jour sur cette planète.

J’avais, donc, trouvé un nouveau rythme dans mes pensées vers toi, c’était comme un baume du Tigre que je pouvais enfin appliquer sur la blessure encore un peu à vif de ton départ de mon cocon. Je pouvais t’imaginer allant vers les épreuves de philo et d’histoire-géo tant redoutées avec quelques armes en poche, je réussissais même à te voir lever les bras en signe de victoire devant le panneau d’affichage des résultats…

Et puis surtout j’arrêtais de me culpabiliser en croyant que t’avoir laissé gérer temps et argent te permettait enfin de glisser paisiblement vers la maturité que nous espérons tous pour toi.

Et boum, patatras, pas du tout, j’ai tout faux, t’es toujours accro de tes potes et de la musique et de tout ce qui tourne entre vous, autour de vous et vous fait tourner aussi. T’as pas encore compris que quelques semaines de ta vie sur un autre mode pourraient te permettre de vivre toutes les autres sur celui qui te plaît vraiment.

J’espère juste que tu ne te défonces pas avec des trucs qui pourraient te laisser scotché jusqu’à la chaise roulante ou l’oubli éternel. J’ai les boules de t’imaginer la gueule dans ton vomis à l’heure où je t’écris.

J’aimerais être sûre que demain tu te réveilleras dispo pour une bonne session de révisions qui te conduiront lundi de bonne humeur au bahut.

Mais non je n’y crois pas, je ne suis qu’une mère de quarante deux ans insatisfaite et perdue dans son imagination, trop conne pour ne pas avoir compris comment t’aider, comment t’aimer, comment t’élever.

Et trop triste maintenant pour savoir te dire que tu peux y arriver.

Je sais juste te rappeler que te faire du mal tu n’as pas le droit, que te respecter doit être le premier de tes soucis et qu’aimer la vie te sauvera de toutes les déprimes.

Regarder le soleil se lever en ayant la force de le suivre et de ne relâcher son attention qu’après le dernier rayon caché de l’autre côté de l’horizon est la plus belle chose qu’un homme puisse faire dans sa journée, quand il a déjà accompli tous les gestes qui lui permettent de se tenir droit sur cette terre : être respectueux, curieux, attentif, ambitieux.

J’ai essayé de te transmettre ces valeurs, parmi d’autres affinités qui me sont chères comme la littérature, la poésie, la musique ou les beautés simples de la nature…

Je crois encore un peu que tu sauras t’en servir pour avancer vers ton futur… et là blablabla tu en feras ce que tu veux.

mardi 29 mars 2011

froid dans le dos... et pan dans la g...

c'est juste au cas où vous voudriez frissonner comme moi ...

j'écoutais tranquillement la radio samedi en prenant mon petit déj, mon petiot se tartinant gaiement les joues de ma confiture de mûres de l'été dernier...

le soleil venait de se lever comme chaque jour depuis une semaine en faisant de jolies lumières le long des murs du salon, il dorait toute l'étagère en bois d'un doux parfum de miel, se reflétait tranquillement dans l'aquarelle du Lac près de l'armoire de notre aïeule...

et puis j'ai écouté ce que disait le monsieur dans le poste et petit à petit j'ai eu comme envie de me rouler en boule pour me faire toute petite et ne plus respirer que le strict minimum et puis surtout ne plus rien faire, ni bonne action ni avoir de l'espoir ni croire en certains qui nous disent que oui on peut encore faire quelque chose...

bon, rassurez-vous, je me suis réconfortée depuis à grands coups de jus de pomme bio du collègue suisse et en regardant mon fils croquer dans son biscuit Evernat.

mais quand même, ça fout bien la haine d'entendre ça !

alors en grattant un peu l'histoire j'ai trouvé le nom du bouquin et en lisant la 4ème de couverture j'ai repris un peu de gaieté... mais j'attends de l'avoir lu en entier avant de vous dire si oui ou non je vais continuer à envoyer des sous à WWF ou à répondre aux emails de Nicolas Hulot...

bon allez, bon courage à vous tous, on va peut-être y arriver quand même ???

jeudi 17 mars 2011

depuis le 11 mars au Japon

pfffh... être née le 11 mars, ça va commencer à être pesant ! regardez un peu ce que certains commencent à en dire (dans les commentaires du post de ce jour).

avouez que c'est déprimant, non ?

j'ai hésité à répondre au Richard en question qui dans son deuxième commentaire m'énerve un brin... mais bon, comme il faut de tout pour faire un monde, et qu'il est maintenant prouvé que ça vire gravement au n'importe quoi, je laisse courir pour garder intacte l'énergie qui me motiverait à lui répondre vertement, ce qui, pour faire bref, aurait pu donner :
"et ceux qui comme moi sont nés un onze mars, ils doivent penser quoi, leur présence est-elle ou non positive sur cette terre ? pour leurs parents et amis, peut-être un peu quand même ?
est-ce qu'on peut sensément relire l'histoire ou faire des prédictions sur la base d'une sorte de numérologie à trois balles ?"

comme j'étais quand même un peu remontée, j'ai écrit à mon beauf qui m'avait envoyé le lien vers ce blog :

"Hello mon beauf !

Merci à toi pour le lien, c’est très intéressant de suivre les événements japonais de l’intérieur, même si depuis deux jours cela a pris une dimension très angoissante.
Je n’ai pas regardé la télé ni lu les journaux, juste suivi ça sur France Culture où j’ai écouté hier une émission à laquelle participait le grand écrivain japonais Akira Mizubayashi et les larmes me montent encore aux yeux en évoquant ce qu’il disait de la dignité du peuple japonais…

Bref, je n’ose pas poster sur le blog de Patrice Chotin (même si l’un des commentaires me concerne puisque je suis née le 11 mars !!) mais mon cœur est avec ceux et celles qui comme lui sont confrontés à cette horrible situation.

Que nous reste-t-il pour faire face à cette tragédie, à nous autres occidentaux bien à l’abri – pour l’instant ?? Voter Vert aux cantonales ? ne pas allumer les lumières avant la nuit noire ? mettre des cierges à Ste Anne ?

Pour l’instant j’ai choisi de profiter de chaque sourire de mon petit bout, de choyer les moments de tendresse en famille pour essayer encore et encore de rendre notre monde plus agréable à vivre à ceux que j'aime… en espérant que le pire n’arrivera jamais.

Bien des bises à tous et toutes chez toi…
"

Bon sinon, ce scénario de début de fin du monde, ça me renvoie en pleine face l'idée latente depuis des années que nous devrons peut-être faire face à une catastrophe grave un de ces quatre matins.

Je persiste toutefois à penser qu'un nouveau monde pourra émerger du chaos qu'ont engendré les générations d'hommes insouciants voire dilettantes qui ont présidé à la destinée de la planète depuis quelques centaines d'années.

et aussi que ce sont les femmes et les enfants qui savent et devront pouvoir montrer à l'espèce humaine comment fabriquer des vies meilleures sur cette terre. Il y a déjà une bonne équipe au turbin à ce sujet, elles sont joignables

et encore qu'il va falloir que je me dépêche à faire des stocks de café si je veux pouvoir écrire tout ce qui me trotte par la tête comme déjà dit et répété ici et ailleurs depuis des années.

allez, soyons pas si pessimistes, ou alors devenons utopistes !

Bien des bises,

jeudi 10 février 2011

le carnet turc

c'est lui qui me tient loin de vous, mais jamais aussi proche que je ne l'avais imaginé de ces doux voeux renouvelés chaque année... et des souhaits que vous m'avez déjà formulés de temps à autre... tout ça c'est grâce à vous !

sa couverture, photographie d'un coffret de nacre et ivoire entrecroisées d'écaille, son système de fermeture aimantée, la douceur du papier de ses pages, et le bonheur d'y écrire à la plume pour en respecter la qualité, tout n'est avec lui que luxe, calme et volupté, si je puis me permettre.

on dirait donc que ça y est, c'est parti... mais la suite vous ne la lirez pas ici...

patience !

je vous dirai bientôt.

lundi 24 janvier 2011

lettres à mon fils aîné

11 mai 2007


T’es comme un cri en moi, tu me défonces les tympans par l’intérieur, tu me hurles à la gorge les mots qui ne peuvent en sortir, tu m’infestes les poumons de haine écœurante et amère, tu noies mes pensées dans un torrent de boue verdâtre d’angoisse et de ressentiment.

Ton imposture m’a figée, puis ébranlée, secouée si fort que j’en suis encore à trembler alors qu’une bonne heure s’est depuis écoulée, laissant les nuages défiler dans le ciel comme pour une parade militaire, tous à l’assaut de l’Est qui est encore si clair et ne saurait résister bien longtemps à cette cavalcade de masses grises et hargneuses.

J’ai la cruelle impression que tes paroles et tes actes des derniers jours, des semaines et des mois laissés savamment passer pour étouffer mes doutes et mes inquiétudes, tout ton être donc s’est composé sur le thème du « faire croire que », donner le change et tromper tout son monde.

Qu’est ce qui me choque le plus dans tout ça ? Les attitudes et les faits, ou le constat de ma naïveté et de la malhonnêteté qui a régné entre nous durant ces trois saisons ?
Quelle est la blessure la plus profonde ? lire dans tes yeux une ultime tentative de me charmer pour encore te pardonner, ou constater qu’au pire de la tempête tu peux encore être le plus fabuleux des personnages de ma vie au sens propre du terme ?

Je t’ai créé, avec amour, ardeur, innocence et foi en une vie plus harmonieuse, je t’ai aidé à grandir, à découvrir, à devenir celui qui me tient tête et raisonne maintenant pour lui-même.
Je t’ai fait souffrir, te séparant de l’autre moitié de toi, t’arrachant à la douceur d’un nid douillet pour te greffer dans un autre cocon qui ne te ressemblait pas, qui ne t’avait ni prévu ni espéré.
Je t’ai consolé, enfin, j’ai cru le faire, tout du moins l’essayer, mais peut-être n’ai-je réussi qu’à plus te détacher de moi, qu’à toujours plus te donner l’envie de voir pousser tes ailes et enfin t’envoler…

J’ai fait aussi le deuil de celui que tu n’es pas mais que j’aurais tant voulu mettre au monde, voir m’aimer et un jour à son tour me protéger pour finir en douceur… j’ai maintenant arrêté de vouloir tout décider pour toi, je jette l’éponge et te laisse à tes idées de grandeur et de décadence, je suis lasse et ne peux plus pour toi espérer que la paix d’une voie enfin trouvée.

Je suis terriblement triste de devoir à ce point baisser les bras et remettre l’existence de ce que j’ai de plus cher au monde aux bras de la destinée, advienne que pourra, je lâche les rênes et te laisse aller, à vaut-l’eau ou ailleurs… tu sauras bien trouver la meilleure voie, puisque tu veux décider de tout, tout seul et sans nous écouter.


Je continue pourtant à t’aimer d’amour comme au premier jour, comme lorsque tu as pointé ton regard en moi après être sorti de mes entrailles, un peu vert et poilu, très intrigué par ce nouveau mode de respiration qu’on t’imposait soudain, très doux et attentif pourtant à nos présences réchauffantes autour de ton petit corps.

Je t’aime d’amour absolu et infini, depuis cette seconde où tu as été créé jusqu’à mon dernier souffle, je suis là, fière et émue de toi à chaque instant, touchée par le moindre de tes gestes, la plus petite de tes pensées…
Je ne sais comment t’exprimer cela, comment te faire comprendre enfin que c’est tout cet amour qui me porte et me pousse à te recadrer sans cesse, pour obtenir de toi le meilleur, pour te voir réaliser tes aspirations les plus hautes et surmonter les épreuves les plus douloureuses de la vie, Dieu sait combien il t’en reste à prendre dans la tronche !

Je suis là et le serai toujours, pour te guider, te consoler et t’épauler, alors je suis triste ce soir, comme bien d’autres matins ou certains après-midis où je me rends compte que nous dérivons imperceptiblement à l’écart l’un de l’autre… pourtant issus de la même chair, faits du même sang, grandis au même amour.


La nuit s’est glissée entre les nuages, mon amoureux s’est faufilé entre les draps, je suis seule dans le canapé, bercée par le tic-tac de la cuisine et le tapotement de mes doigts sur le clavier… seule et pourtant habitée de toi, de vous qui logez au plus profond de mon être et êtes chacun ma plus belle raison d’exister.

J’imagine que cette soirée n’est qu’une parmi tant d’autres, toutes celles qui me restent encore à affronter aux détours de ton adolescence et de celle de ton frère après la tienne… et pourtant j’ose espérer que c’est la plus dure, la plus douloureuse, pour pouvoir me dire que demain quand le réveil sonnera et que j’entendrai tes pas dans l’escalier, que j’écouterai sonner le micro-ondes qui a réchauffé ton bol de lait, que je guetterai le moment où tu claques la porte pour partir au collège, je pourrai enfin souffler et savourer la douceur d’un matin sans cri, l’impatience d’être au midi pour te voir arriver, ébouriffé, plein d’une matinée d’études et avide d’un bon repas avant d’aller surfer, je pourrai enfin me dire que la tempête est passée, que tout va aller mieux, qu’on va pouvoir se parler calmement et se respecter.


Pour l’instant les nuages noirs ont complètement obscurci le ciel, je ne distingue presque plus les toits de la ferme ou les ombres du pré, il va falloir aller dormir pour rattraper en rêves les mauvais moments de cette soirée de merde et les transformer en outils de savoir et de compréhension pour mieux vivre demain.


Je t’aime, mon enfant, ne pars pas trop vite, trop mal...

Bon vent !


23 janvier 2011

Fiston,

En relisant ces lignes d’il y a déjà trois ans et demi, je me mets à pleurer, les larmes que je n’ai pas versées tout à l’heure ne cessent maintenant de couler, inondant mes joues et serrant ma gorge de tristesse trop peu exprimée.

Pour tes frères, pour ma fierté, je n’ai pas crié tout à l’heure, j’ai réussi à finir le repas que tu as quitté si brutalement, j’ai même pu passer un moment tranquille avec ton cadet qui cherchait son portable, avec ton demi-frère qui ne voulait pas m’aider à ranger ses jouets…

Et puis maintenant je relâche la pression, je relis les mots d’autrefois et me rends compte que je n’avais donc rien gagné alors, mais vraiment juste entamé la longue érosion qui a causé l’effondrement de notre relation ce soir.

Pourquoi j’ai pas réussi à te retenir ce soir, pourquoi mes mots, mes regards, n’ont pas eu la force de te faire revenir à des sentiments plus doux pour nous, ton beau-père et moi qui ne voulons au quotidien qu’une présence affectueuse et tranquille et n’avons depuis plusieurs semaines qu’un sentiment d’être tenanciers d’une auberge…

Je sais depuis longtemps la grave erreur de parents qui est de croire que nos enfants nous seront reconnaissants des sacrifices ou des choix que nous pouvons faire pour eux durant leur enfance.

J’ai lu « Le Prophète » quand tu n’étais qu’un bébé, je crois même l’avoir eu en cadeau de naissance par tes grands-parents qui ont lu et écouté Dolto en boucle quand ils étaient jeunes parents…

J’ai toujours voulu rester en retrait pour ne pas t’empêcher de t’envoler librement le jour où…

Mais j’ai aussi décidé de plein de choses en pensant te rendre service, t’aider à avancer, alors que tu ne rêves que d’indépendance, d’autonomie, de liberté.

Je me suis plantée, en beauté, je ne te comprends pas et ton refus de rester plus longtemps sous le même toit que nous m’inflige une énorme déchirure, tout repasse vitesse grand V dans mon esprit, ta naissance, ton enfance, les bons moments et les coups de gueule, les fiertés et les désaveux…
Le divorce aussi, qui pèse entre nous tous pour le restant de nos jours, cette tension infecte quand on parle ton père et moi, venant tantôt de l’un, un autre jour de l’autre, jamais une minute paisible entre nous, jamais plus.
C’est très douloureux tu sais, de ne plus jamais pouvoir parler comme avant à celui qu’on a aimé pendant des années plus que tout au monde, celui pour lequel on a tout donné, et qui nous a tant apporté tout ce temps-là aussi…

C’est cette horrible chose que je ne veux pas voir naître entre nous, mon fils chéri, cette ignoble mascarade lors de brèves et rares rencontres, ce sentiment d’échec et de gâchis immense, je n’en veux pas entre nous !


Peut-être que tu vas revenir, un de ces jours, alors on pourra essayer de comprendre…

Là j’ai mal, quand tu es parti ton frère cadet est devenu une boule de pleurs, ton demi-frère était tout étonné d’avoir vu la porte se refermer entre nous… c’est moche et ça fait mal.

J’aimerais que tu réfléchisses à tout ça, que tu arrives à me comprendre et qu’on puisse en parler sans trop tarder.


Je te laisse peinard maintenant, j’ai réussi à exprimer ici la tristesse, j’aimerais bientôt pouvoir te dire mon espoir de te retrouver. C’est quand tu voudras.


Ne laisse pas passer trop de temps !


Je t’aime,

ta mam'

samedi 22 janvier 2011

Vivian Maier

je voyage depuis quelques jours au -delà de l'Atlantique, à travers la moitié du territoire nord-américain, pour arpenter par procuration et cinquante ans en arrière les rues de Chicago, New York ou ... ?

je suis derrière cette femme dont les traits tirés dévoilent une vie difficile, je suis dans l'ombre de ces petites filles qui se sourient, j'ai aperçu du coin de l'oeil l'altercation du cop avec la mama...

quel bonheur d'imaginer la vie de cette femme dont l'oeil fut bien plus affûté que bien des photographes dûment accrédités et rémunérés pour un travail bien médiocre !

Merci à John Maloof d'avoir donné au monde un accès à ces formidables tranches d'instants, comme j'aimerais être dans une telle situation de découverte, de recherche et d'ébahissement permanent devant des trésors du siècle passé !

tiens donc, internet est un jouet merveilleux, finalement.

lundi 17 janvier 2011

branches emmêlées

évidemment ça n'a pas l'air de vouloir dire grand chose, comme ça, ces deux mots... mais c'est bien ce que je vois de ma fenêtre, ce que je ressens en moi...

des lignes torturées, se croisant dans un fouillis inextricable à première vue.

des chemins étroits et sinueux qui ondulent entre des grand-routes aux multiples voies d'accès ou de sortie...

des mondes qui se relient, se côtoient, s'ignorent et se chevauchent....

de fines nervures, de tortueuses allées, quelques impasses esseulées...

tous et toutes issus du même tronc solide et profondément ancré dans le même terreau.

c'est tout ça que j'ai sous les yeux, au fond du coeur et ras la gueule à en avoir la nausée tellement je ne les laisse pas sortir au grand jour.

mais mon fils m'appelle.

jeudi 6 janvier 2011

pour mon nouveau lecteur !

ça y est j'ai osé, tu vas comprendre en lisant tout ça que c'est pas forcément évident de donner l'adresse de son blog à quelqu'un... mais toi je sais que tu en feras bon usage et sauras me dire si ça déconne ou pas.

pour finir notre dernière conversation Claudie Gallay a bien participé au Salon du Livre de Noirmoutier, elle est même lauréate du prix 2009. C'est écrit

je te souhaite une bonne lecture de tout ce fatras, à commencer par le début en 2007, c'est plus compréhensible...

on en reparle bientôt j'espère.

plein de bises à toi et les tiens !

dimanche 2 janvier 2011

fin de vacances

on avait dit qu'on se retournerait pas, qu'une fois refermé le portillon, tapé les bottes sur le marchepied pour faire tomber le sable et démarré le camping-car, on aurait dans les yeux toute la dureté qu'il faut pour affronter la route jusqu'à la rue Gabriel Fauré, on avait juré...

oui mais voilà, cette fille avec sa poussette qui se promenait juste au bord de notre jardin quand on a mis la clef dans le contact, elle nous a mis le blues comme personne...
on n'a pas idée d'avoir ce look là, aussi, avec ses uggs et son levis d'y a vingt ans, son marmot emmitouflé jusqu'aux oreilles dans un pull irlandais hors d'âge et ses yeux verts qui dépassaient seuls de sa chapka, on aurait dit qu'elle sortait d'un Bilal ou qu'elle venait juste d'atterrir de Sibérie orientale... et pourtant on était près de l'avenue des Druides, à frôler la Baie de Quiberon, ce deux janvier 2001.

on était donc plein de bonnes résolutions, la Saint Sylvestre nous avait bercés comme chaque année des douces illusions du réveillon, et maintenant on arrivait à peine à retenir les larmes, à essayer d'avaler cette espèce de boule dans la gorge qui disait allez, restez encore un peu, demain vous appelez le patron en prétextant n'importe quoi, mardi vous passez à la banque tout retirer, mercredi vous êtes dans l'avion et après c'est la nouvelle vie qui commence...
mais non, faut pas déconner, y a les gosses à amener à l'école demain matin 9h, l'appart à ranger vu comme on est partis sur les chapeaux de roue y a quinze jours, la routine habituelle à reprendre malgré les intempéries la chute des cours de la bourse et la tronche du président qui nous revient toujours pas.

voilà, on est bloqués, c'est cette fille qui va continuer à en profiter et pas nous, encore heureux qu'on la connaisse pas parce que je suis sûre qu'elle est heureuse, qu'elle habite une belle maison dans la campagne à dix-quinze minutes d'ici et que ce soir elle rigolera bien devant sa cheminée en pensant aux parisiens qui tiraient la gueule dans leur camping car au tournant de l'avenue des mouettes et de l'allée des goëlands cet après-midi...

pfffh...

samedi 1 janvier 2011

Bloavez Mad !

bonne année à vous tous qui passez par là, joies, bonheur et santé à vous et tous ceux que vous aimez, le reste viendra avec !

mon voeu n° 1 : écrire.

hasta pronto !

vendredi 24 septembre 2010

encore un peu... août 2010

En passant entre les jardins des belles demeures de la pointe, nombreuses idées de roman à trois ou quatre voix, des histoires de familles versaillaises en villégiature bretonne, des souvenirs d'adolescence heureuse à l'abri des pins et des eucalyptus qu'a vu naître ma grand-mère quand elle avait mon âge - déjà mûre et pourtant encore - un peu ? - fraîche.

Des petites infos de Jean-Patrick qui n'arrive pas à ranger ses clubs de golf dans le coffre de sa nouvelle Audi A5, "bon Dieu comment je vais faire pour aller au Trophée du Grand Club la semaine prochaine, j'ai promis à Agnès de l'emmener pour qu'on puisse enfin passer plus d'une journée ensemble à l'abri des regards !!"

Quelques nouvelles de Marie-Gabrielle qu'on ne peut toujours pas à habiller avec son allure de nièce du Général, "tu te souviens de ce que disait Beau-Papa à sa naissance : 'Ah, celle-là, on pourra pas dire qu'elle est pas de la famille, regardez-moi ce nez et ces oreilles !"... mon Dieu, comme j'aimerais être née ailleurs, quand j'entends ça !"

Ou alors les frasques du jeune Charles-Edouard qui a découvert cet été - il aura 16 ans en octobre - que l'adolescence pouvait être un monde merveilleux quand on a le courage de faire le mur et d'aller voir ce qui se passe dans les bistros de la station balnéaire à quatre kilomètres d'ici.

Et l'émoi de la tendre Clémentine, bercée d'illusions par le jeune Timothée, oncle des enfants qu'elle baby-sitte dans la grande famille de Redeudeu.

mardi 9 février 2010

matin difficile

C’est pas lire que je devrais faire dès que j’ai cinq minutes, c’est écrire, sortir les mots de ma tête avant qu’ils ne prennent toute la place et me rendent dingue et inapte à la vie sociale.

Trop de miettes de pain grillé collées par la confiture à cette vieille toile cirée, trop de taches de café séchées qui narguent mon désir de vie calme et propre, trop de poussière accumulée sous les meubles et comme imprégnée dans l’air de cette foutue maison.
L’ambiance pourrie par les cris incessants, cette douloureuse atmosphère tendue qui nous sape le moral dès le réveil « et merde, encore réveillé trop tôt, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de cette heure et demie en attendant le déclenchement du réveil ? »
Toutes les lumières de la ville ne sont pas encore allumées, il fait froid et un SDF doit être entrain de mourir quelque part dans une encoignure de porche, là-bas sur l’avenue où les joggers remplaceront bientôt son souvenir.
Quelques raies traversent quand même les persiennes de temps à autre, une voiture passe, on l’entend à peine, mais ses phares savent mieux que tout bruit nous faire part de sa présence furtive au bord de nos vies.
Elle est engoncée dans son sommeil, les draps entortillés autour de son buste, il reste à peine de quoi passer un doigt pour effleurer ce petit bout de peau qui me tente à chaque fois que je le sens à portée de main.
Tout à l’heure l’amour aura déserté, il ne restera que la routine de notre existence de merde, un fac-similé d’aptitude à respirer, un souvenir de projets de bonheur.
Alors je la prends doucement par les épaules, la serre tendrement contre ma poitrine apeurée, et mes larmes coulent dans ses cheveux pendant qu’elle se réveille… ses yeux gris cherchent l’écart entre ses rêves et cette réalité, elle me sourit… tout n’est pas perdu.


Les jours comme ça où les larmes me viennent au milieu d’une gorgée de tisane, je voudrais redevenir une petite fille, m’effondrer sauvagement dans les bras de mon grand frère, regarder un dessin animé en mangeant du Nutella, ne plus savoir ce qui est bien de souhaiter pour l’avenir, rester à contempler la mer et ne plus rien savoir ni comprendre des hommes, des femmes, des enfants ou du temps qu’il fait.
Je voudrais être neutre, naïve, vierge de toute trace de civilisation, me réchauffer doucement au soleil en roulant dans le sable, sentir le sel sécher sur ma peau dorée et c’est tout.

Au lieu de ça il faut que j’aide mon fils aîné à nettoyer sa première maladresse du matin, que je garde en moi cette envie fulgurante de le prendre dans mes bras pour le consoler au lieu de le houspiller parce qu’il ne sait pas passer la serpillière…
Après je vois chacun partir pour une journée de boulot, et je suis seule, pourtant j’aime cette solitude du matin quand tout est encore à inventer…mais les mots ressassés cette nuit me hantent et m’empêchent de rester sereine… la fatigue des dernières insomnies est plus forte que l’entrain d’un matin que je voulais tranquille, beau et paisible.

Dois-je en vouloir à John Irving et sa Veuve de Papier de m’avoir fait retomber dans l’antre de l’écriture, ou bien est-ce la prose bizarre de Lydie Salvayre qui a ouvert en moi les vannes du barrage édifié par ma vie de nouvelle maman ?
J’aimerais pouvoir dire non au copain en mal d’attachée de presse, au vieil écrivain qui attend ses manuscrits dactylographiés, aux copines de l’association dont je suis trésorière, à tous et chacune je voudrais dire stop, je ne suis plus là, j’ai mieux à faire : j’écris.

Mais un pleur de bébé me rappelle que je suis d’abord une maman, alors j’abdique.

dimanche 30 août 2009

ouf, il était temps !

Bon, ça va, j'avais promis "pour la rentrée", on en est encore à J-4, j'ai eu chaud mais je suis là !

Pourtant c'est pas faute d'y avoir pensé, à peu près tous les jours d'ailleurs, depuis le dernier post... mais voilà, c'était le mois d'août, délicieusement occupé de farniente et autres jours de solitude bien appréciée après le mois de glandouille avec mes chers ados qui ne demandaient pas mieux que de solliciter mes capacités de taxi-hôtelière-restauratrice-lavandière, j'en passe et des activités moins passionnantes...

j'ai donc profité de ces douces heures pour avaler quelques centaines de pages de Boulgakov, Nancy Huston, Eugène Sue, sans compter des BD de Loisel, Tardi ou Manu Larcenet,... et j'en oublie.

entre-temps, Pimprenelle m'a pas mal sollicitée et même un peu fatiguée, les grosses chaleurs du 15 août m'ont même empêchée de l'emmener faire un tour chez ses grands-parents montagnards... maintenant il faudra qu'ils attendent sa venue pour la rencontrer - cette fois en vrai et non plus par mon gros ventre interposé !

alors maintenant c'est le temps des rangements, des piles de linge à trier-repasser-donner-recycler, des confitures de mûres et autres conserves de courgettes et haricots verts... en attendant de profiter enfin de la côte désertée des touristes et hordes d'enfants échevelés, la plage rien qu'à nous autres mamans au foyer, on va pouvoir se faire des vraies journées de baignade-papote au doux soleil de l'été indien... mmmh, ça c'est la vraie récompense d'un été à moitié beau mais qu'on a su occuper vaillamment avec nos marmailles !!!

Comme quoi il y a quand même une justice pour celles qui ne peuvent pas "partir en vacances" parce qu'elles n'ont pas amassé dans l'année de quoi payer le ferry ou l'avion à leur tribu et la location qui va bien au bout du trajet... pour toutes celles qui ont continué sur un rythme assez lancinant des préparations de repas-courses-rangements-ménage-lessives, dans le même cadre que tous les autres jours et mois de l'année...

Bon d'accord j'ai bien conscience que cette justice est assez partielle quand même puisqu'elle s'applique uniquement à nous autres habitantes de contrées rurales et/ou balnéaires... ça m'empêche pas de savourer, j'expierai ce privilège coupable dans une autre vie, promis.

voilà, sinon je suis toujours aussi écoeurée de l'avalanche de connerie consumériste qu'on continue à nous infliger alors que la crise est là et qu'on devrait essayer de se faire à l'idée de la décroissance, les VPCistes et autres organismes de consommation de masse harcèlent déjà mon enfant à venir d'offres hallucinantes d'hypocrisie démagogue... on dirait presque des politiciens !!!

Bon sinon je ne râle pas trop, la vie est quand même douce dans notre petit coin de Bretagne, 'faut juste pas s'énerver et préserver son cocon et toute l'énergie qui nous sera bien utile cet hiver !

En attendant le doux temps de l'allaitement au coin du feu, je vous souhaite une bonne rentrée à tous et toutes, courage et n'oubliez pas de ne rien lâcher.

vendredi 31 juillet 2009

hello avant la fin du mois

Coucou bonjour, c'est tout juste mais j'y arrive quand même, malgré le manque d'inspiration, d'envie ou de courage qui m'accablent alternativement depuis plusieurs semaines et m'empêchent de mener à bien ma mission épistolaire.

Une petite réplique au très bon billet et un autre commentaire sur le dernier post politique de ma blogueuse préférée, c'est tout ce que j'oserai vous proposer ce mois-ci ... mais vous pouvez aussi aller voir pour savoir ce qui me préoccupe le plus ces temps-ci.

merci d'être passés, bon été à vous et à un de ces jours - au plus tard pour la rentrée, promis !

jeudi 18 juin 2009

nouvel élan

bon voilà, lectures et rêves me boostent pour relancer la machine, Garcia Marquez et les visions nocturnes - qu'il engendre ? - m'aident et me soutiennent...

d'abord aurait-il écrit tout cela et l'aurais-je entre les mains pour rien ? Non, non seulement il l'a ressenti, éprouvé et vécu tel qu'il le raconte dans "Vivre pour la raconter", mais ses réflexions, sentiments et certitudes doivent être utiles, sont les graines et les fruits de la création qui germent en chaque personne qui veut bien les recevoir, les nourrir, les admirer, leur donner une nouvelle vie.

"Si vous croyez pouvoir vivre sans écrire, alors n'écrivez pas" - citation que Garcia Marquez reprend de Rilke, ... combien cette sentence me plaît et renforce en moi le goût de donner à des pensées la liberté de laisser leur trace en d'autres !

ou, comme l'a écrit d'une manière beaucoup plus compliquée mais tout aussi pertinente Muriel Barbery dans "L'élégance du Hérisson" : "Quelle autre raison pourrais-je avoir d'écrire ceci (...), si l'écriture ne tenait pas elle-même de l'art du fauchage ? Lorsque les lignes deviennent leurs propres démiurges, lorsque j'assiste, tel un miraculeux insu, à la naissance sur le papier de phrases qui échappent à ma volonté et, s'inscrivant malgré moi sur la feuille, m'apprennent ce que je ne savais ni ne croyais vouloir, je jouis de cet accouchement sans douleur, de cette évidence non concertée, de suivre sans labeur ni certitude, avec le bonheur des étonnements sincères, une plume qui me guide et me porte."

Oui, décidément, un peu vexée de naître et comprendre cela après ces figures de la littérature, je m'évertue donc à soulager mon inconscient des mots qu'il produit la nuit, le jour, du moins ceux que j'arrive à attraper et coller dans un petit coin de l'endroit où je saurai retourner les chercher quand le temps sera venu.

Car voilà bien le paramètre majeur de toute réalisation artistique : le temps. Il me faut condenser, compresser et apurer toutes contingences matérielles qui peuvent surgir en travers du chemin tortueux de l'écriture pour enfin accéder aux larges avenues bien pavées de la création littéraire... de quoi la patience est-elle mère, déjà ?

bon, alors allons donc faire passer du bon côté de la barrière la contingence n° 1 - la bonne éducation de mes rejetons... et c'est promis je reviens juste après - mais je vous aurais prévenus, ce peut-être long !... Merci de votre patience !

mercredi 10 juin 2009

de retour en scène - dans mes rêves

les nuits dernières ont été passionnantes, le monde onirique s'est ouvert à nouveau et m'a émerveillée de ses contours précis, ses couleurs chatoyantes et ses scenari intrigants.

j'étais en chemin pour rejoindre une amie de son penty aux abords du village à la plage distante de quelques kilomètres, mais la route tournait et virait, la voiture que je manoeuvrais très improbablement se transformait en VTT et les paysages familiers devenaient collines et vallons aux couleurs des pays inconnus ...

mes tours de roues me menaient à une abbaye, ou était-ce un couvent, que je parcourais en tout sens, toujours en selle, au grand damne de bien des religieuses ou apparentées qui me menaçaient quand elles n'arrivaient pas à me barrer la route.

je prenais alors la liberté de rouler "hors piste", à travers pelouses et bosquets, pour rejoindre un bitume qui s'avérait rocailleux et m'aurait certainement conduite vers mon but... si mon horloge interne m'en avait laissé le temps...

c'était le petit matin, tout était encore calme dans la maison et les prés environnants mais je sentais la brièveté de ces instants de silence de début de lundi...
me vinrent alors en désordre et comme échevelées toute une flopée de pensées et idées pour l'aménagement de la pièce où je dors depuis quelques semaines et qui sera dans autant de mois la chambre de l'enfant...
des envies d'achat d'albums et de belles boîtes pour favoriser le tri de paperasses, le rangement de photos et l'harmonie de tous ces souvenirs, m'ont envahie...

je tenais enfin devant moi l'occasion de m'y mettre... mais la porte de la chambre voisine qui claque m'a rappelée amèrement aux dures réalités... et j'ai depuis remisé en un coin peu accessible de mon cerveau ces promesses de mise à l'ouvrage.

M'en reste quand même la douce volupté d'avoir effleuré le début de l'ébauche d'une tentative de grand chambardement d'archives, et ça, c'est juste doux et revigorant.

vendredi 15 mai 2009

furtif salut à Mona Lisa

un petit bonheur en passant le long de la Seine, ça m'a pris dans le bus 91, en transit de Montparnasse à la gare de Lyon pour rejoindre les montagnes de mon amoureux depuis mon tendre Breizh Izel...

et me voilà après quelques harassants quarts d'heure de recherche d'une consigne et d'un ticket bleu outremer, à pénétrer dans le saint des saints, miracle du recueillement et ébahissement une nouvelle fois naïf devant tant de nationalités qui se croisent sous la triangulation magique du Chinois vénéré par feu notre président socialiste.

le tour du château médiéval achevé, la lecture attentive des quelques textes et photos de la si passionnante période de l'occupation scrupuleusement menée, j'ai laissé le plan, ma faim de belles et antiques toiles et mon ignorance guider mes pas entre les statues et les centaines d'Américains, Allemands et autres Japonais, sous les voûtes centenaires aux milliers de détails picturaux plus impressionnants les uns que les autres.

à la demoiselle de Milo j'ai adressé un clin d'oeil compatissant, entourée qu'elle était de ces dizaines de fans qui m'ont paru plus offensants que respectueux !

à la victoire ailée un soupir de condescendance, elle qui de ses ailes aurait pu alléger l'herculéen travail des employés de l'époque lorsqu'il fallut la hisser, la haler puis la remiser loin des furieuses lubies des envahisseurs teutons...

à Mona Lisa, enfin, j'ai accordé toute l'attention qu'elle mérite, osant quelques minutes seulement lui offrir le spectacle offensant de mon arrière un peu harassé par tant d'arpentage et louvoyage entre les groupes scolaires et les amoureux internationaux, pour scruter patiemment les Noces de Cana et remarquer quelques détails qui m'avaient échappés lors d'autres visites en ce lieu.

les rescapés du naufrage de La Méduse ont aussi capté le peu d'énergie optique qui me restait avant de reprendre le chemin de la gare où m'attendait le TGV des vacances, la pâleur du corps en premier plan et la douloureuse tristesse de l'homme qui le soutient - le père pleurant son fils ? - ont achevé de rendre mon hommage à la peinture délicieux.

et voilà c'était bien.

Merci à tous les artisans qui oeuvrent pour laisser Mona Lisa et ses camarades accessibles à tout ce public.

jeudi 7 mai 2009

pourquoi les oiseaux le matin alors que ?

et voilà, merci Za, grâce à toi et quelques signes qu'il est grand temps, me revoilà au bout de mon clavier pour autre chose que de la compta ou des courriers à la c...

Ouf, j'ai eu chaud, senti le vent de l'oubli me susurrer que ça y est c'en était fini de mes rêves d'écriture, la vraie vie n'attend pas et pourquoi tu perdrais ton temps à ces broutilles de pacotilles qui ne font avancer vers nulle part que ceux qui s'y attardent ?

et bien voilà, re-ouf, j'ai replongé aux délices de former des phrases dans ma tête le soir en m'endormant, la nuit en insomniant ou le matin avant d'attaquer une journée que je pressens pas terrible... ou que j'espère géniale.

en fait ça a commencé la semaine dernière, les derniers jours d'avril m'ont fait de grands gestes silencieux : ben alors, t'as pas mis le nez sur ton blog depuis le mois dernier, toi qui t'étais promis de ne pas laisser passer trente jours sans y jeter quelques paquets de mots ?

et puis mardi après-midi quelques dizaines de minutes d'attente dans la salle idoine d'un médecin hospitalier m'ont redonné le goût de croquer les gens, en pensée puis par encre sur papier... et c'est sorti le lendemain matin alors que j'attendais mon comptable pour clôturer l'exercice 2008 - bouh quelle vilaine activité un mercredi matin, je sais !
Je peaufinerai bientôt cette esquisse d'une réunion de femmes enceintes dans un prochain post, promis.

et puis hier le clou a été enfoncé par ma copine Za, donc, qui à l'annonce de mon prochain arrêt de travail m'a dit "ah, ben tu vas pouvoir te remettre à écrire, alors ?"... il fallait que quelqu'un me le dise, voilà, merci encore car sans elle j'en serais encore à noyer mes grmmbbll dans ma tisane sans m'apercevoir que ça me grignote le cerveau de laisser tous ces mots sans cadre...

ça et mon ado qui se permet un ou deux splif le samedi soir et ne saisit pas l'intérêt de bosser un peu au bahut en semaine, tous ces concepts et ces pensées se chamaillent dans mon crâne sans utilité... c'est décidé je vais mettre de l'ordre là-dedans...

... dans deux ou trois jours parce que là quand même il me reste quelques doses de boulot et de rendez-vous à écluser avant d'être tout à fait dispo.

Bien des bises et merci de me lire, j'attends le plaisir de vous en redonner très bientôt !

mercredi 8 avril 2009

Tristesse d'adieu

le temps est gris comme notre peine,
le ciel pleure avec nous des larmes amères
mêlées des cendres que le vent emmène
pour l'éternité demeurer en mer.

la baie s'est faite grognon pour t'accueillir
elle qui avait su te donner tous les bonheurs,
on dirait bien qu'elle aussi trouve que pour partir
tu aurais pu attendre une autre heure.

pourtant samedi dernier ce n'étaient que belles lumières,
après la longue pluie le soleil nous berçait tièdement
de promesses des délices qui viendraient au couchant
nous apprendre à y croire, à la fin de l'hiver !

sous les flots miroitants, une sirène t'attendait
elle a pour t'attirer conjugué ses talents,
et cette fois malgré tous ceux que tu laisserais,
tu lui as accordé ton souffle pour longtemps.

une pensée douloureuse accentue l'amertume :
tu dois avoir maintenant retrouvé sous l'écume
Loïc, Olivier, Gilles, Paul, Mike ou Gerry
et tous les autres marins comme toi trop tôt partis.

mardi 31 mars 2009

ce n'est qu'un aurevoir...

c'est juste un petit clin d'oeil à mars qui s'achève et nous promet de bien belles journées printanières à venir, qu'il a savamment préparées dans nos jardins et sur le bord de nos fenêtres tout au long de ses interminables semaines...

Y en a des qui disent que c'est trop long, un mois de 31 jours après un de 28, bon, peut-être, moi je trouve que c'est le plus beau, d'abord... mais bon, tout le monde peut pas être né en semaine 11, aussi...

alors donc c'est un petit hommage à mon mois préféré, une invitation à réussir encore mieux celui de l'an prochain puisque cette année avec le maudit soleil de printemps j'ai réussi à passer tous les beaux jours soit vautrée dans mon canapé à essayer de respirer sans tousser, soit scotchée à mon écran pour rattraper le retard pris en ces sus-nommées séances de coma rhyno-pharyngique.

donc bienvenue à avril et ses nombreux fils, et vive le printemps, les primevères et tous les animaux qui honorent mes matins depuis qu'il fait clair à 7h...

et plein de bises et bon courage à tous ceux qui s'arrachent pour ne pas sombrer.

lundi 16 mars 2009

bon d'accord, juste un petit !

juste parce que j'ai trouvé ça bien, beau et plaisant à lire et parcourir.

et aussi parce que je voulais rajouter ce site dans ma liste de favoris... enfin vous savez, la case en bas à droite, là...

et puis parce que vous me manquiez un peu, en fait, et que mon tout petit a les oreilles encore bien trop minuscules pour écouter ce genre de prose.

Donc, merci à l'auteur, aux auteurs, de m'avoir éclairée sur ces différents aspects de la vie du Français moyen, d'hier et d'aujourd'hui. Pour celui de demain, c'est ici et cette fois c'est moi qui cause.

en vous souhaitant bonnes lectures, douces pensées et merveilleuses actions à suivre...

mardi 3 mars 2009

en fait j'ai plus envie

Bon ben voilà, ça devait arriver un jour ou l'autre, j'ai plus envie de vous écrire, ou du moins pas publiquement, sans retour, sans espoir d'être lue...

Alors voilà, j'arrête.

Merci quand même d'être venus, pas très nombreux, me dire que vous aimiez bien ce que je fais. Pour ceux que ça chagrine, ne vous tracassez pas, je continuerai, mais pour moi-même, mes proches, ou ceux qui un jour découvriront mon lancinant penchant pour l'écriture sans queue ni tête.

A un autre jour alors, vivez bien !