La grisaille la tristesse la nausée le désespoir.
Overdose d’images de la Shoah, la violence des scènes de
massacres, pogroms et autres odieuses mises en scène macabres me fout la gerbe,
y a pas d’autres mots.
Ces historiens sont hallucinants de réalisme, de maîtrise
d’eux-mêmes et du sujet qu’ils nous exposent dans ses détails les plus
horribles.
Toute cette saleté humaine sera-t-elle un jour lavée
définitivement, par quel moyen pourra-t-on jamais retrouver les couleurs de la
vie d’avant, pourquoi quelques centaines d’hommes ont-ils pu anéantir ainsi des
millions de vies, des milliards de bonheurs possibles, une part de
l’humanité ?
Comment les réalisateurs de ces documentaires ont-ils pu
aller au bout de leur travail, réaliser ces heures de film où chaque minute est
un rappel des insultes faites au respect, à l’amour, au bonheur sur
terre ?
Je suis née de parents qui ont souffert de leur naissance à
l’âge de huit-dix ans de la guerre provoquée par les nazis. Leur père est parti
combattre pendant des années, leur mère a dû se débrouiller pour les nourrir,
les habiller, les éduquer malgré la pénurie d’aliments, de moyens et de liberté
imposée par l’occupant. Bien que protégés dans leur lieu de naissance, leur
culture et leur religion, si on les compare aux millions de sacrifiés, ils
m’ont transmis cette histoire terrible, m’ont éduquée à refuser la haine, le
mépris, le sarcasme et la violence sous toutes leurs formes. Mais jamais je
n’avais encore compris à quel point cette phase sombre de l’histoire européenne
pouvait être affreuse dans sa dimension d’acceptation collective du mal.
Je m’interroge toutefois, au vu de ces images de propagande
si cyniquement orchestrée, s’ils ont jamais entendu les adultes de leur
entourage, peut-être même leurs propres parents, se plaindre de ou critiquer
l’existence des juifs avant qu’ils ne soient pourchassés, violentés, anéantis
ou tout comme, partout en Europe des années 1930 à 45 ?
Dans les années 80, enfant puis adolescente, j’ai côtoyé des
Allemands et des Autrichiens qui ont pu appartenir à des familles de racistes,
antisémites, peut-être même des gens actifs dans ces abjections. Jamais je n’ai
imaginé poser la question qui me viendrait maintenant à l’esprit en les
rencontrant : où étiez-vous lorsque les premiers magasins ont été
« tagués », quand les
médecins, avocats, professeurs, etc… ont été frappé d’interdiction d’exercer
parce qu’ils étaient juifs... puis en novembre 1938 pendant la nuit de Cristal,
lorsque les synagogues ont brûlé, que faisiez-vous, que disiez-vous, comment
avez-vous vécu dans cet enfer infligé à quelques uns d’entre vos voisins, vos
compatriotes, des êtres humains comme vous… ???
J’essaie de comprendre, de ressentir autre chose que du
dégoût ou un sombre désespoir, mais comment arriver à garder le sourire, à
croire que notre planète pourrait être un jour le havre de paix de tous et
toutes et non pas l’enfer qu’elle a été pour un si grand nombre dans ces
années-là ?
Je n’arrive pas à regarder ces docs jusqu’au bout, je cale
de plus en plus tôt à chaque nouvelle tentative, les images sont trop brutales,
la démonstration trop bien menée, les témoignages trop poignants, les analyses
trop précises. Le machiavélisme des nazis m’asphyxie, le souffle court je
cherche un rayon de soleil dans mon environnement pour me permettre de
reprendre les couleurs qui m’ont désertée au fil du visionnage, me maintenir éveillée, sereine comme j’aime à l’être pour
penser le monde et l’aimer.
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