dimanche 2 janvier 2011

fin de vacances

on avait dit qu'on se retournerait pas, qu'une fois refermé le portillon, tapé les bottes sur le marchepied pour faire tomber le sable et démarré le camping-car, on aurait dans les yeux toute la dureté qu'il faut pour affronter la route jusqu'à la rue Gabriel Fauré, on avait juré...

oui mais voilà, cette fille avec sa poussette qui se promenait juste au bord de notre jardin quand on a mis la clef dans le contact, elle nous a mis le blues comme personne...
on n'a pas idée d'avoir ce look là, aussi, avec ses uggs et son levis d'y a vingt ans, son marmot emmitouflé jusqu'aux oreilles dans un pull irlandais hors d'âge et ses yeux verts qui dépassaient seuls de sa chapka, on aurait dit qu'elle sortait d'un Bilal ou qu'elle venait juste d'atterrir de Sibérie orientale... et pourtant on était près de l'avenue des Druides, à frôler la Baie de Quiberon, ce deux janvier 2001.

on était donc plein de bonnes résolutions, la Saint Sylvestre nous avait bercés comme chaque année des douces illusions du réveillon, et maintenant on arrivait à peine à retenir les larmes, à essayer d'avaler cette espèce de boule dans la gorge qui disait allez, restez encore un peu, demain vous appelez le patron en prétextant n'importe quoi, mardi vous passez à la banque tout retirer, mercredi vous êtes dans l'avion et après c'est la nouvelle vie qui commence...
mais non, faut pas déconner, y a les gosses à amener à l'école demain matin 9h, l'appart à ranger vu comme on est partis sur les chapeaux de roue y a quinze jours, la routine habituelle à reprendre malgré les intempéries la chute des cours de la bourse et la tronche du président qui nous revient toujours pas.

voilà, on est bloqués, c'est cette fille qui va continuer à en profiter et pas nous, encore heureux qu'on la connaisse pas parce que je suis sûre qu'elle est heureuse, qu'elle habite une belle maison dans la campagne à dix-quinze minutes d'ici et que ce soir elle rigolera bien devant sa cheminée en pensant aux parisiens qui tiraient la gueule dans leur camping car au tournant de l'avenue des mouettes et de l'allée des goëlands cet après-midi...

pfffh...

1 commentaire:

Maouezig a dit…

éh oui, ma Soeur, c'est bien probable qu'y s'passe des choses comme ça dans les têtes.
y a même...
pas moyen de leur en vouloir.
C Gallay nous a présenté encore une autre version, mais en fin de compte tout le monde court après des chimères. peut-être pas si inaccessibles, mais qui demandent un minimum de jus, de courage et d'ouverture. Honnêteté ?
oh là! attention aux gros mots .
biz

en fait je te l'adresse comme ça parce que j'ai calé sur la procédure qui demandait mot de passe, etc...

je ne sais jamais trop ce qu'il faut faire, mais ce n'est pas grave. ça se rattrape.

bon allez, on va se voir samedi je pense.

encore plein de bises à partager.

sinon, ça se tient, et même très bien, tes écrits !!