Je suis passée de l’arpentage d’archives
départementales à pistage d’infos sur site préfectoral ou étatique.
Au lieu de divaguer parmi les traces de vie de mes aïeules, de table
décennale en arbre généalogique, j’erre maintenant d’un arrêté à un décret, d’une
étude épidémiologique à une circulaire… et j’hallucine !
Il y a de tout dans la vie, mais là je m’égare dans les méandres des
décisions gouvernementales ubuesques. De l’autorisation de mise sur le marché
de semences agricoles (ouhlala 37% des maïs viennent de chez Monsanto, 28%
seulement de France, les 72% restants étant partagés entre USA donc, Allemagne et
Suisse !)… aux nominations à des postes divers et variés de l’administration,
du gouvernement ou de l’armée… ça fait un paquet de circonvolution dont le
citoyen de base n’a pas idée.
À part la nomination d’un poète au titre de « conseiller technique
discours » du cabinet du premier ministre, j’ai pas vu beaucoup d’infos
réjouissantes parmi toutes les décisions actées ces derniers jours. Ces listes
d’arrêtés, décrets et règlements me donnent le tournis en fait.
Et pourtant la vie la vraie
continue ses envolées lyriques ou se raclements de basse fosse.
Et les oiseaux commencent à chanter comme tous les matins. Mais comment
fait donc la Nature qui n’a à ma connaissance pas besoin d’un parlement ou d’un
greffier pour reproduire et améliorer sans relâche les mécanismes savants de toutes
ses beautés ? Les hommes ne peuvent-ils pas juste s’asseoir et regarder,
comme les Indiens d’Amérique (Nord et Sud) ou les aborigènes australiens ?
S’asseoir et regarder.
Regarder et se taire. Laisser l’air et la lumière guider leurs sens,
apaiser leurs colères et soigner leurs désirs perdus.
Contempler et faire un, particule et maillon d’une chaîne infinie d’unité
magnifique.
Au lieu de bétonner, arracher et
souiller.
Allez, je retourne en chemin creux
trinitain, entre les murets de mon enfance et les aubépines en fleurs.
Ma grand-mère m’appelle sur le chemin des douaniers, où la lumière est
belle au lever sur le chenal, chatoie sur les façades encore alanguies des
villas et reflète sur la mer toute la beauté du ciel.
Cette puissance de calme et de tranquillité après les tempêtes et les
déluges de l’hiver apaise mes angoisses, ressource les lueurs d’espoir semées
en contrejour du monde.
La chance d’être ici, patiemment assise au creux d’un rocher ancestral ou
sur les marches de Ti-Guard, marchant d’un pas vif ou contemplant la baie, le
bonheur d’être en vie, les vagues de ressentis, d’émotions et d’envies me
soulèvent d’une profonde gratitude.
Mais quand même Manu, Ed et les autres, vous avez pas l’impression de
rétropédaler les mecs ??
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