mercredi 19 mai 2021

Souvenir de St Malo - puisqu'on ne peut pas y être

 

Peut être une image de texte qui dit ’FESTIVAL GRATUIT ENLIGNE EN En direct de Saint-Malo etonnants-voyageurs.com SAINT-MALO Etonnants Voyageurs ULIVRE DUFILM FESTIVAL NTERNATIONAL 22/23/24 mai 2021 Coutbel’


Hôtel France et Continental – St Malo, le 15 juillet 2006

 Charme désuet et rappel de temps anciens, détails lourds de présence passée, ensemble majestueux autant que raffiné… dommage que l’élégance du bâtiment soit encadrée des vulgarités commerciales environnantes, il eut été plus agréable à l’œil et au cœur que l’accès à ce magnifique hôtel fût aussi charmant que son intérieur.

Les relents de cuisine bon marché et les brouhahas des crêperies et autres « moules-frites » qui jalonnent le pavé malouin jusqu’en cet endroit magique m’avaient presque dissuadée de mener plus avant ma pérégrination sur les traces de Cartier et Surcouf… mais là, au détour de la placette où jonglent troubadours et portraitistes, au son d’un flûtiau et d’une mandoline, l’entrée par les grilles forgées efface comme par magie la pénible sensation d’errer dans un Disneyland bretonnant.

Ici, on pénètre tout d’abord en croyant entendre l’écho d’une calèche claquant du sabot de ses chevaux sur le pavé luisant… les portes de l’hôtel s’ouvrent à peine qu’on est déjà transporté au siècle d’avant celui qu’on a « enterré » récemment : « dans cette maison, le 4 septembre 1768, naquit Chateaubriand ».

Suit alors une foultitude de pensées, idées, souvenirs ou sentiments de « déjà-vu » qui nous propulsent à l’intérieur même de ces photos jaunies qui ornent les murs de la véranda d’accueil : on croit entendre les rires des dames en crinolines qui bavardent à l’ombre des platanes – ou étaient-ce des tilleuls ? – qui ombrageaient alors la terrasse du restaurant de l’hôtel. Quelques messieurs en canotier et costume sombre discutent âprement près du kiosque, on distingue en arrière-plan la mer et les parois abruptes de la fortification…

En grimpant le large escalier qui mène aux chambres, on perçoit en empoignant la rampe l’énergie dépensée par les milliers de mains qui ont eu le même geste depuis tant de décennies. Sur le palier, les lattes du parquet grincent sous l’épais tapis, on croit avoir déjà eu à l’oreille ce bruit qui porte en lui tant d’heures d’effort, végétal pour l’arbre dont est issu ce bois, humain pour les bûcherons, menuisiers, grooms et femmes de chambre qui l’ont fabriqué ou emprunté pour gagner le pain de leur vie. Les milliers de pas qu’ont amortis ces fibres ingénieusement mises en œuvre et patiemment entretenues font écho aux miens, que j’essaie de faire les plus légers possible en hommage à ceux et celles qui ont ainsi donné à l’ensemble de cet ouvrage patine et souvenirs.

On dit souvent « si les murs pouvaient parler », mais que ne dit-on plutôt « si les escaliers pouvaient nous raconter » ! Les murs ont peut-être des oreilles, mais les sols et en particulier les marches ou paliers en savent plus de l’humanité, d’une société, d’un lieu que bien des historiens. Le poids des hommes et des femmes, la façon de se déplacer en fonction de l’heure de la journée, de son âge, de sa position sociale, de l’endroit qu’on s’apprête à rejoindre ou celui qu’on vient de quitter, de l’action qu’on est déterminé·e à accomplir, des pensées qui chevauchent ou traînaillent en soi, du temps qu’il fait, qu’il fera ou qu’il a fait à quelques heures de là… autant de paramètres qui donnent à chaque pas sa caractéristique propre et, comme chaque instant d’une marée, n’est à nul autre pareil. Que ne peut-on traduire en mots, en phrases ou en romans les histoires que nous souffle le grincement des lattes du parquet d’un grand hôtel !! Et qu’il est triste et froid, en comparaison, le son sourd et lourdaud de l’ascenseur qui monte et descend péniblement les touristes avachis par l’inactivité de leurs vies modernes du « tout motorisé » !

Chateaubriand, j'aimerais te voir renaître en cette maison, revenir nous raconter le temps béni où tu trouvais les mots, les rimes et tout le romantisme pour embellir nos vies, leur ôter l'inhumain, les rendre plus supportables que celles d'aujourd’hui !

 

 

samedi 6 mars 2021

06.03.21 - au mitan de nulle part

 Voilà

Retour maison

Plein  d’images plein  de souvenirs

Et l’amour qui dure toujours

La joie d’être là, les  sons les odeurs, la lumière aussi

Et les proses de Gaëlle Josse, les clichés aventurés le long de la route et des lectures ramenées glanées  recoupées entre bibliothèque familiale


et abonnement in extremis à AOC, les séminaires de Marielle Macé à l’EHESS, les sourires des enfants et les discussions à tout rompre, bâtons et os, avec des belles-sœurs ou des inconnu-es.

Et les paysages, b***, la vue sur le lac ou les nuages et le ciel si vaste.

Et aussi les pensées pour Joseph Baptiste, les quelques regards vers le monde germano-pratin ou pas du tout, les vers de Baudelaire les images de fbon les mots de Jane sautière et tant de belles minutes à lire, écouter le levant, sourire à un enfant.

Et se souvenir de Marina Tsvetaïeva en lisant sur FB  une chronique d’André Markowitz sur Kari Unksova, voilà.

L’unisson et la grande mélopée, les bribes d’espoir et le grand dés-espoir.

Comme l’au-delà est vaste, comme l’ici est petit !

vendredi 26 février 2021

25.02.21 – 21.43 – j’essaie de me concentrer



Entre les gars qui regardent un manga mon homme qui va se coucher les copines qui sont passées les moments d’émotion les heures de gamberge les doux moments d’amour que dire de cette journée sinon le lever de lune la fierté d’avoir des mômes resplendissants de l’amour qui réverbère la joie et la santé que j’ai mis dans leur cœur dans leurs corps… comme c’est bon.

Et sinon la paix du midi en bord de ria d’Étel là où les vagues commencent à friser sur l’horizon l’écume qui se forme les bouées de chenal qui penchent l’air bleu si bleu le NNE un peu frais les rochers accueillants pour un piquenique improvisé les girls qui goûtent l’eau le couple qui s’aime en silence le cœur avec les mains en voyant passer des grands-parents et leur petite fille en bottes à crabes les délices de cette journée en bord de mer morbihannais merci.

Et toutes les ondes et les beautés du ciel les ressentis magiques et toute la tristesse d’avoir perdu Joseph mais l’enthousiasme d’avoir gagné la force de sentir en moi les mots les phrases et le bien-être des choses qui se mettent en place.

Et le code FB tapé de mémoire, le reggae de FIP dans les oreilles, les souvenirs de Madinina le Saoufé et les heures de jeunesse.

Et l’errance sur les réseaux sociaux, les actus des uns qui paraissent has been aux autres, les nouvelles qu’on attend et celles qu’on ne reçoit pas, les blancs des uns qui sont des silences alors que les sombres périodes des autres sont criantes de réalité.

Quand arrêterons-nous la roue du hamster ?

Quand déciderons-nous que c’est pour de rire, game over, la gratitude reprend la place volée par les bandits – et Cie, coucou Martine Laval – et quand est-ce qu’on vit bordel, quand est-ce qu’on s’aime devant le frigo vide, va chier les factures impayées, nous au  moins on a de l’amour, des enfants rieurs, et qui sait des lendemains qui chantent ?!

Mais non Joseph est mort, j’oubliais, désolée, la ria pour nous seul.es a eu un air de fête aujourd’hui, ç’aurait pu être le premier jour du reste de nos vies délirantes mais non, c’était juste un jour de bonheur, partagé à très peu, mais l’essentiel était là, à manger dans nos sandwichs, l’eau qui monte et les vagues qui irisent le ciel de mille éclats d’embruns, nos cœurs tranquilles, le sable doux et beau sous nos regards enfin apaisés.

Merci

 

 

jeudi 25 février 2021

hommage à Joseph


 

25.02.2021 – au réveil – 6h

Pensées à Joseph – Baptiste donc, celui qui fait entrer dans l’eau régénératrice rédemptrice, matrice de nos paroles, de nos mots.

Une éducation littéraire et sociale à la fois, une urgence de dire et écrire, une faille dans le moule éco-politique de la bien-pensance, une conscience pour les celles-eux qui n’ont que leur cœur pour bagage, quelques lettres et deux-trois chiffres en bandoulière, piètres outils pour affronter les technicités d’une vie que d’aucuns ont voulu âpre et rêche quand elle peut être mélopée antillaise, cantate de Bach ou riff de Jimi Hendrix.

Je convoque Chamoiseau, Harrison (Jim) ou Marc Aurèle, pour trouver la force nichée au fond de mon esprit, pour creuser au fond de mon indicible peine et fouiller dans la fange des non-dits, extirper de la gangue des convenances ou des atermoiements paresseux pour poser haut et fort les phrases de ma confiance en ce jour triste et las : il est l’aube de plus dans la lente avancée de l’humanité vers un lendemain chantant. Comme le fou d’autrefois je veux le croire aisé à parcourir, joyeux dans chacune de ses minutes, confiant dans un ciel radieux ou colérique de tempête, mais vivant, bordel !

Comme en tout moment d’intense émotion, rire, lire ou faire pleurer, les veines en pulsation de mon cerveau ravagé par le savoir et les doutes emmêlés, je cherche encore et toujours à raviver cette flamme, ne pas laisser s’éteindre ce bout de foi qui tremble et vacille au vent mauvais des méchantes sournoiseries, celui qui tangue et serpente au milieu des cahots de cette route mal pavée, mais qui brille le plus souvent et pour longtemps encore des espoirs de tous ceux, des émois de toutes celles, qui en leur pâle ardeur vibrent à savoir aimer, respirer un air neuf, quand le poète parle.

Ce matin nous sommes mil et cent et tant et plus, les ami·es les âmes sœurs, les fantômes du passé et les guides à venir, tous et toutes nous venons déposer ce chagrin, nos larmes et nos peines. Que cette montagne de tristesse, cet immense don de notre amour te porte vers toi-même, te rende en un sourire toute la force insufflée, te donne en répartie les mots à prononcer pour rentrer à ton tour au nirvana des songes, au paradis des anges, de leurs copines les fées, de tous les korrigans qui voudront bien fêter avec toi l’heureux temps où tu n’as plus souci ni peine à partager, mais joie, rires et chansons.

Maladroite je suis, toute petite apprenante entre les lignes que tu as tracées pour nous.

Ceci est un hommage, une ou deux pensées tristes, un murmure de tendresse à celui qui posait, le regard étonné, des touches de lumière dans le gris de nos vies.

C’est une tristesse aussi, une large plaie vivante, que le chant de nos rires saura j’espère guérir.

 Je nous vois ce samedi, pleurer, danser, sourire, en écoutant tes mots, en désirant l’avenir, d’un cœur pur face au pire, dressant nos visages embués des soupirs de l’amour trop grand pour le laisser partir, qui nous porte et nous hisse pour te dire au revoir.

Idées poétiques, larmes de chagrin mêlé de fatigue, le cœur rincé par l’émotion immense, au matin de ce nouveau chemin. Merci de me donner vie, Joseph, Baptiste donc, merci pour cette grâce déposée un beau jour de 2019, deux ans à peine. Une éternité s’ouvre à moi pour en savourer les parfums, me souvenir de chaque partage, en goûter la mémoire et tisser de ces fils de soie pure la chatoyante étoffe symbole de notre belle équipée vers le meilleur.

 Le vent porte le goéland qui veillait à la fenêtre d’où tu nous as soufflé tes derniers mots, je veux te croire glissant comme lui sur l’azur – ton regard est en nous tout pareil.

 

 

 

mercredi 24 février 2021

Au revoir Joseph

Peut être une image en noir et blanc de une personne ou plus et barbe

Tu as été plus qu'un prof, de toi j'ai appris mieux qu'avec un maître

des fenêtres ouvertes vers un peut-être, des portes entre-baillées sur le meilleur, de moi-même, des autres, du monde, tu m'en as montré des dizaines. Elles ornent maintenant la si belle maison construite depuis ces jours de 2019 où j'ai eu la chance de t'entendre, en janvier sur France Culture, puis celui où je t'ai enfin rencontré, en juin pendant le Salon Livr'e Vannes, ou encore celui où je t'ai revu, en août quand tu dédicaçais tes "Feuillets d'usine"  à la Maison de la Presse de La Trinité... et toutes les autres lignes qu'il m'a été donné de lire grâce à toi ; le dernier acquis ce matin chez Michel le libraire de Locmariaquer : "Pensées pour moi-même" de Marc Aurèle. 

je pourrais t'écrire jusqu'à la fin du jour, je vais laisser Christian Bobin m'aider un peu. Puisque tu es parti cette nuit, voilà : 

"Dimanche 23 février

Rosa Luxembourg, révolutionnaire, dans une de ses lettres écrites en prison, quelques mois avant de mourir assassinée par ses geôliers, en 1919 : "La Vie chante aussi dans le sable qui crisse sous les pas lents et lourds de la sentinelle quand on sait l'écouter."

 Lundi 24 février

La littérature éternelle [...] leur a permis d'habiter la terre sans y mourir de froid. [...] La littérature éternelle a dû venir ainsi : quelqu'un se penche sur quelqu'un qui est souffrant, commence à raconter la grande légende des aubes, le tourbillon des fins, le carnaval des dieux, et par cette voix qui invente, un peu de clair arrive dans le noir. [...] L'écriture est la sœur cadette de la parole. [...] Merveilleuse la croyance autour de laquelle elle sécrète ses histoires, comme le lierre autour de son arbre : tant que quelqu'un nous parle, mourir est impossible."

Que Rosa, Karl, Luis et les autres te fassent bon accueil, je n'en doute pas. 

quel douloureux moment que celui où je ne veux pas mettre de point ...

tendres pensées à Krystel et Pok Pok,

So long Joseph, je reprends donc ce blog, en mémoire de toi...