lundi 16 mars 2020

16.03.2020 – après trop de larmes, merci Jean-Louis Aubert



lundi matin, en attente des infos sur une menace de confinement, à l'écoute de pensées ondoyantes dans l'air bizarre  

Par où commencer ? les mots les pensées, ou les contingences procrastinées ?
Les êtres aimés ou le quotidien national d’un pays confiné ?
Les phrases importantes, celles qui trottent et bougonnent en moi, ou les bribes d’infos, le buzz vrombissant ?
Tiraillement qui pique, froissement d’envies et crainte d’errements absolus.
Et les premiers oiseaux qui m’appellent dehors.
Et l’air vif sûrement, qui accompagnera nos quelques sorties au jardin, parler par-dessus le grillage aux voisins ahuris de ne pas être partis au boulot ce lundi matin : mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire quand la maison sera rangée, le garage nickel, les vitres pimpantes, le linge au cordeau dans les armoires, les placards rutilants d’un printemps à peine éclos ?
Est-ce que ça va durer ? comment vont vivre nos vieux parents ? qui va occuper nos mômes épatés de si longues vacances, ennuyés de plus de potes plus de récré ?
Et l’espoir renaît d’une aube de rassemblement par la pensée, d’une conscience collective qui efface les misères de la société, hop, magnifique éponge aux mains des plus aimants, splendide raclette dégommant les avanies, hop, dehors les miasmes des fachos, essuyés net les relents de populisme et les mauvaises odeurs des contempteurs et autres méprisants du réel.
Mais aussi je sais les mirages de l’isolement, cette fâcheuse tendance à idéaliser quand on est loin du cœur, loin des caresses, loin des parfums discrets…
Je pose ici mes craintes et mes utopies, mes vagues à l’âme et mes envolées aux nues, mes horizons de petit matin calme, mes folles soirées de hargne ou de vertige.
Puissiez-vous y puiser les forces de comprendre notre monde et nous entraîner vers le bonheur.
Prenez soin de vous, restez entiers.

dimanche 15 mars 2020

15.03.2020 – 22h36 – avec Jean-Louis Aubert qui nous offre un live sur FB


15.03.2020 – 22h36 – avec Jean-Louis Aubert qui nous offre un live sur FB

Ben voilà, même JL Aubert s’y met, les infos sont dingues, élections tronquées, potes en parano ou en réalisme exacerbé, plus personne ne sait s’il faut rire ou se terrer, p… c’est le monde de barge de nos pires cauchemars.
 Un jour j’irai là-bas, mais non finalement, c’est trop tard, nulle part c’est chez nous, on n’est pas partis mais on est déjà revenus à nos peurs ultimes, même pas eu le temps d’expérimenter la joie d’être grand-mère, le trip des trucs illicites, l’extase du sommet de l’Everest, nada.
Juste quand même les enfants les rires la musique et tous les mots.
Quand même…
Et tout d’un coup avoir ce sentiment d’une page qui s’est tournée, hop ça y est nous voilà dans une autre dimension…
Un jour peut-être pressenti, parfois même ressenti, cet étrange passage vers un monde inconnu, une société différente, ce changement abrupt de paradigme… B… de M… il va falloir s’y faire, s’adapter, ouvrir les yeux et ne pas ciller, ne pas pleurer ni grincer des dents, juste assumer.
Bon d’accord, plus de bisous aux anciens, pas même un câlin vite fait, non, pas la douceur de la peau des mains de mon père, fatiguées mais aimantes comme au jour de ma naissance où coulaient ses larmes pour m’accueillir…
Non, plus le regard tendre de ma maman, ses mèches diaphanes encadrant son beau visage lisse, non, plus ses rides inquiètes mais si douces pour me dire le bonheur de m’apercevoir à l’entrée du jardin, sur le seuil de leur pavillon de retraités tranquilles.
P… j’ai peur tout d’un coup de ne pas avoir le temps, de leur dire encore, de vive voix et vif argent, que je les aime, qu’ils sont ma vie ma source mes racines…
Et bordel j’ai tant voulu leur donner tous mes mots et toutes mes pensées… sans jamais l’admettre, sans leur avouer cet amour car sans cesse retenue, attendue, trop pressée.
Et maintenant je n’ai plus le droit. Pas raisonnable. Trop risqué. Et puis d’abord d’où tu as vu que tu pourrais tout toucher, tout caresser, les espoirs les rêves les projets… il y a bien assez de monde sans chance ni bonne fée, les gens vernis comme toi doivent rester rares.
Ok, coup de blues assumé, il reste les relents de vie politique vicelarde et égocentrée, la vilenie des puissants et l’inertie de la masse informe des regardeurs de BFM en boucle, des écouteurs de Radio France anesthésiés par des années de bien-pensance, les lecteurs de torche-culs sans intérêt autre que celui des rendements agios et dividendes...
Mais demain on ne pourra plus rien dire ni faire en dehors de nos maisons, peut-être n’aurons-nous même plus d’énergie pour dicter à un clavier, montrer dans un écran, notre hargne notre courroux, nos émois ou nos désespoirs.
Qui sait ?

bienvenue aux migrant-es de FB ;-) !

salut du 15 mars, début d'un monde nouveau.

pour moi en tout cas.
ça demande pas mal de courage, ou de la bêtise, j'en sais plus rien
j'ai aimé surfer tchater commenter et aussi poster - bien évidemment liker ou dis-liker à tout va.
mais là ça déborde, trop de comm tue la comm...
je vais faire une pause, me carapater entre les murs de mes blogs (https://blogs.mediapart.fr/gwenn-abgrall-servettaz/blog et https://deizlevr.blogspot.com/) ou confier à mon imprimante les objets de ma pensée.
et écrire des cartes postales, pourvu que la poste ne ferme pas.
et regarder mes enfants grandir, découvrir de nouvelles recettes, partager salon, cuisine et buanderie avec ces petits êtres qui remplissent si bien l'espace et le temps.
prenez soin de vous mes ami-e-s, surtout pensez aux autres en restant chez vous !!!
aux beaux jours de la rémission, on fera une P... de grosse fiesta pour enterrer les miasmes et célébrer la Nature, l'Amour et ... tout ce qui nous plaira !
🍀💕🌈🖊📘😘

samedi 3 mars 2018

un matin de neige encore



Le paysage en noir et gris foncé.
La fraîcheur de la dalle au réveil.
Les mains rouge glacé, les yeux des enfants qui brillent.
S’enfoncer dans la poudreuse pour connaître encore et encore le plaisir sauvage du crissement de la neige légère, la sensation étrange d’être portée par de l’eau finement ajourée.
Chausser les skis, glisser sur de la dentelle et filer dans l’air frais, transpercer l’oxygène et savourer les caresses griffantes du premier soleil de printemps – ou est-ce le dernier de l’hiver, après tout on n'est que le deux mars !
Les gros flocons ont remplacé la neige fine du petit jour, la température remonte mais tout tient encore, au sol, sur les toits et dans les creux du jardin.
La rive d’en face s’enfonce dans le brouillard humide, les arbres reprennent leur style hivernal, le lac se compare à la plaque de marbre du pâtissier, les sommets s’estompent et des formes fantasmagoriques naissent peu à  peu.
Le temps s’arrête, calfeutré dans le coton glacé, petit répit dans notre course permanente. Pouvoir profiter de cette halte, bien emmitouflés, sans attendre le redoux qui transformera l’immaculé en immonde mélasse frigorifiante.
Et boire un thé bien chaud près du poêle avant d’aller déneiger. Et après aussi.
Sevrier, 3 mars 18