lundi matin, en attente des infos sur une menace de confinement, à l'écoute de pensées ondoyantes dans l'air bizarre
Par où commencer ? les mots les pensées, ou les contingences
procrastinées ?
Les êtres aimés ou le quotidien national d’un pays confiné ?
Les phrases importantes, celles qui trottent et bougonnent en moi, ou les
bribes d’infos, le buzz vrombissant ?
Tiraillement qui pique, froissement d’envies et crainte d’errements
absolus.
Et les premiers oiseaux qui m’appellent dehors.
Et l’air vif sûrement, qui accompagnera nos quelques sorties au jardin,
parler par-dessus le grillage aux voisins ahuris de ne pas être partis au
boulot ce lundi matin : mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire quand
la maison sera rangée, le garage nickel, les vitres pimpantes, le linge au
cordeau dans les armoires, les placards rutilants d’un printemps à peine éclos ?
Est-ce que ça va durer ? comment vont vivre nos vieux parents ?
qui va occuper nos mômes épatés de si longues vacances, ennuyés de plus de potes plus de récré ?
Et l’espoir renaît d’une aube de rassemblement par la pensée, d’une
conscience collective qui efface les misères de la société, hop, magnifique
éponge aux mains des plus aimants, splendide raclette dégommant les avanies, hop, dehors
les miasmes des fachos, essuyés net les relents de populisme et les mauvaises
odeurs des contempteurs et autres méprisants du réel.
Mais aussi je sais les mirages de l’isolement, cette fâcheuse tendance à
idéaliser quand on est loin du cœur, loin des caresses, loin des parfums
discrets…
Je pose ici mes craintes et mes utopies, mes vagues à l’âme et mes
envolées aux nues, mes horizons de petit matin calme, mes folles soirées de
hargne ou de vertige.
Puissiez-vous y puiser les forces de comprendre notre monde et nous
entraîner vers le bonheur.
Prenez soin de vous, restez entiers.