vendredi 3 avril 2020

Mardi 31 mars



Et là, assise dans ma cuisine, attendant que la compote pommes-kiwi finisse de cuire, repoussant au doux soleil printanier les sombres pensées sur la situation sanitaire, là-bas au dehors, je me prends à rêver de plage de sable fin, eau turquoise et palmiers vert tendre.
On serait en avril, mais loin antan lontan, demain préparer le matoutou pour célébrer une énième fois les Pâques et tout le Saint-Frusquin. Après les accras et le ti-punch, savourer une fricassée de lambis et sa cohorte de légumes pays. Se finir au Magnum Double Chocolat, à la Carib fraîche ou au vieux rhum de derrière les fourneaux de la Maison Duquesne ou Trois-Rivières.
Et toujours croire en l’amour, la lumière du couchant ou les douceurs de caresses infinies.
Ne plus croiser le regard insistant des histoires tristes de gens qui souffrent, ni entendre la longue litanie des jours de jeûne ou des nuits d’agonie. Fermer yeux et oreilles à tous les borborygmes effroyables que l’histoire peut nous imposer, barricader chacun de ses sens pour préserver autant que possible la pudeur naïve de nos cœurs ébréchés.
Ne plus écouter la rumeur du monde, juste essayer de compter le nombre de pas que peut faire la fourmi pour regagner le jardin après avoir chapardé un micro grain de sucre sous la table de la cuisine mal débarrassée.
Et recommencer, jusqu’à la nuit tombée, l’incessante recherche des souvenirs paisibles.

Aucun commentaire: