Et là, assise dans ma cuisine,
attendant que la compote pommes-kiwi finisse de cuire, repoussant au doux
soleil printanier les sombres pensées sur la situation sanitaire, là-bas au
dehors, je me prends à rêver de plage de sable fin, eau turquoise et palmiers
vert tendre.
On serait en avril, mais loin antan lontan, demain préparer le
matoutou pour célébrer une énième fois les Pâques et tout le Saint-Frusquin. Après
les accras et le ti-punch, savourer une fricassée de lambis et sa cohorte de
légumes pays. Se finir au Magnum Double Chocolat, à la Carib fraîche ou au
vieux rhum de derrière les fourneaux de la Maison Duquesne ou Trois-Rivières.
Et toujours croire en l’amour, la
lumière du couchant ou les douceurs de caresses infinies.
Ne plus croiser le regard
insistant des histoires tristes de gens qui souffrent, ni entendre la longue
litanie des jours de jeûne ou des nuits d’agonie. Fermer yeux et oreilles à
tous les borborygmes effroyables que l’histoire peut nous imposer, barricader
chacun de ses sens pour préserver autant que possible la pudeur naïve de nos cœurs
ébréchés.
Ne plus écouter la rumeur du
monde, juste essayer de compter le nombre de pas que peut faire la fourmi pour
regagner le jardin après avoir chapardé un micro grain de sucre sous la table
de la cuisine mal débarrassée.
Et recommencer, jusqu’à la nuit
tombée, l’incessante recherche des souvenirs paisibles.
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