mardi 14 avril 2020

14.04.2020 – 7h06 - et ça continue



Et voilà c’est reparti pour un mois de plus à tourner en rond dans nos maisons. Sans les trois petits chats c’est moins rigolo. C’est pour la bonne cause et on va pas se plaindre, ça fait plus de six semaines, deux mois presque qu’on s’est rendu compte de notre chance d’habiter une chouette maison dans la campagne patin couffin.
C’est juste un sentiment d’impuissance et d’inutilité qui me mine parfois, de plus en plus souvent. Comprendre que les actions, les gestes et les pensées futiles de la vie quotidienne vont encore avoir autant d’importance pendant des semaines, c’est ça qui me mine intérieurement. J’essaie d’échapper à ces réflexions bouclantes sur ma propre vie en pensant à d’autres qui n’ont rien, surtout ne pas penser à ceux qui ont trop, car alors la colère monte et c’est pas mieux.

Je revois aussi sur mon écran intérieur toutes les situations des derniers mois et la tentation est grande de voir en quelques unes les prémonitions de ce qui nous arrive. Le 31 décembre passé à comater dans une chambre d’hôtel en regardant des films de Noël américains à l’eau de rose, la soirée de la St Sylvestre commencée à reculons qui s’achève en dansant à trois heures du mat’, les allées venues incessantes entre travail et procrastination, les découvertes de l’état civil et les balades en bord de mer, pour finir sur ce séjour improbable à 150 km du début de la pandémie en Europe.
Toutes les pensées d’alors, tous les sentiments mitigés et anxieux de ces temps pas si anciens me remontent à la tronche et j’ai du mal à faire la part des choses entre ce que je vivais alors et ce qui m’est donné à voir maintenant.

Mais bon, pas de tergiversations, au boulot.

***

22:46 – c’est l’heure où la  peau tire et les rides se creusent. Enfiler un nouveau t-shirt, manches longues pour se préserver de la fraîcheur de la nuit. Entrouvrir la fenêtre pour connaître l’humeur du ciel et la teneur de l’air. Ne  pas se laisser impressionner par les possibles bestioles qui ne manqueront pas de tenter leur chance de ce côté du carreau, ignorer les hululements farouches du début de nuit.
Et enfin assouvir les pulsions et laisser les flots de mots creuser le lit du torrent intérieur.
Usurper à l’actualité fétide la lumière des pensées ultimes, ne plus tergiverser face à l’urgence de dire, exprimer et remettre en lumière les réalités trop longtemps laissées dans l’ombre des doutes et des ignorances.
Donner à lire, à frémir, à jouir. Ne pas laisser un seul lambeau d’incertitude, une seule trace de mépris, pas même un infime susurrement d’ineffable.
Et vivre.

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