lundi 10 mars 2008

c'est la faute au temps

OK, j'avoue, ou plutôt je me trouve deux bonnes excuses, réunies sous le même mot, terme, vocable, phonème qui d'ailleurs, selon mon vieux pote Robert, est aussi, dans un sens détourné : "une hallucination auditive dans laquelle le sujet entend des voix" (si si, c'est Bob qui le dit, page 1424 de l'édition 1990, même...).

Alors donc, j'étais penchée à la fenêtre de mon subconscient ce matin comme à tous mes retours de rêverie, quand j'ai senti que ça allait arriver, dans le désordre mais tout ça dans les prochaines 24 heures : que je prenais un an de plus, qu'un bateau ou même plusieurs allai(en)t s'échouer pas loin, que quelque chose me tomberait sur la tête avant qu'il fasse nuit, etc...

Bon, d'accord, j'avais entendu comme tous les Français qui écoutent un peu les infos et en retiennent autre chose que le nombre de voix de leur maire sortant en ce dimanche soir électoralement très - trop - chargé, qu'une méga tempête approchait de nos côtes et qu'une quarantaine de nos beaux départements se trouvaient placés en "vigilance orange"... C'est joli, d'ailleurs, une vigilance orange, c'est beaucoup mieux qu'une alerte rouge ou une peur bleue, ça a un côté espoir (peut-être à cause de la révolution de la même couleur qui a chamboulé les coeurs de quelques milliers de slaves il y a deux ou trois ans ??)...

OK, je savais aussi à l'avance, depuis plus de trente cinq ans d'ailleurs je le sais toujours et ne me trompe jamais, chaque année c'est pareil, je sais quel jour je suis née et que ça va encore m'arriver d'avoir à répondre "merci, c'est gentil", à ceux qui s'en sont rappelé aussi...

Toujours est-il que, réveillée au milieu de la nuit par les craquements de ma maison tout en bois, j'ai attendu patiemment que le réveil se déclenche (admirez au passage ma zénitude, il s'est quand même déroulé entre trois et cinq heures, les avis divergent encore entre mes voisins de hameau et les copines de la côte) pour enfin réaliser que ce dix mars, j'allais à la fois entrer dans ma dernière année de trentenaire et perdre mes ultimes illusions quant à mes dons de voyance onirique : oui, je vois les choses qui vont arriver, les gens que je vais rencontrer, la nuit, dans ma tête, il se passe tout ça !!

Pffh, c'est un peu fatigant, comme constat, du moins à 5h48 ça peut paraître un peu déprimant pour commencer la journée, surtout un lundi, mais bon... Fallait bien que je me lève pour constater qu'il faisait trop noir pour être un vrai jour de mars, trop sombre pour une belle journée pré-anniversaire, trop tôt pour que je me réveille pour de bon, donc j'ai décidé de voir si mon amoureux me laisserait errer doucement en son royaume... et après c'était le matin et tout son cortège d'actions minutées, de timing serré et de bisous volés pour que les enfants puissent affronter l'interro de maths et la rédac de français sans trop de douleur.

Bref, il était déjà 18h25 quand j'ai réalisé tout ça, quand une grand-mère de mes enfants, celle du bout de la France, nous a téléphoné pour savoir si on ne s'était pas encore envolés ... elle croit pas si bien dire, vers 16h j'ai bien failli faire un vol plané par-dessus une barrière tellement le vent décornait les boeufs qui étaient derrière...
C'était juste après que les bouts de toit d'une vieille bicoque du centre ville se soient aplatis à dix mètres de moi dans une ruelle assez étroite ... j'en ai encore des frissons à penser que j'avais eu les quinze secondes qu'il fallait pour passer à cet endroit-là tranquillement !!

Bon, maintenant, à l'heure où je vous l'écris, je me suis repassé le scénario des dizaines de fois, j'ai vérifié dans le journal, sur Internet et même dans le dictionnaire... c'est pas une maladie parce que ça fait même pas mal, mais j'en suis atteinte, cette fois j'en suis sûre.

Le phonème. C'est plus joli qu'un érythème ou une chrysanthème, quand même, non ?
Bon d'accord, Bob dit que c'est une pathologie, mais moi je m'en fous, parce que ça me plaît bien de voir de temps en temps les choses qui vont se passer... ou les gens que je vais avoir à affronter ou à admirer, c'est selon... et que ça porte la même appellation que ces petits assemblages de lettres qui nous aident à être au monde.

Pendant longtemps j'ai refusé d'y croire, de le reconnaître, d'y prêter attention. D'ailleurs, je ne veux toujours pas accorder plus de réflexion à ce constat : je dois juste essayer de faire avec, d'être plus forte avec ça ou de ne plus y penser pour rester naturelle... mais puisque ça fait partie de moi, à quoi bon le nier, le repousser, s'en passer ?

Tout ça pour dire que c'était la faute au temps, celui qui passe et celui qu'il fait, que ce matin je me suis réveillée plus vieille (mais ça, c'est comme vous, OK) et que je n'ai pas pu vous raconter les dix derniers jours et tout ce qui me trotte dans la tête à quelques jours de changer de décade.

Tant pis, si c'est pas ma faute j'ai même pas à m'excuser, youpi, je peux souffler mes bougies en vous remerciant de m'avoir lue jusqu'en bas de la page, merci, merci, merci... Fallait pas !

Alors bon, pour me faire pardonner, ou pour vous rendre grâce, c'est promis, dès tout à l'heure, quand j'aurai passé la barrière, je vous raconte... mais d'abord, je vais cuver toutes ces émotions dans les bras de mon amoureux, en espérant que le vent va finir par se calmer, que la charpente va s'arrêter de craquer... et que demain y aura du soleil pour mes 39 printemps !!

Alors joyeux anniversaire à Lena, Hugo, le garagiste du coin et tous les autres du 11 mars !

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