vendredi 23 septembre 2022

22 septembre 2022, en appuyant sur le bouton, matin

 

 

C’était hier. Un autre matin de la semaine. Plusieurs nuits de bon sommeil s’étaient succédé, j’avais réappris le goût de me réveiller avant les notes de piano qui sortent de l’IPhone et vont crescendo à droite de mon lit. Elles accompagnent le retour du pays des rêves, quand je n’ai pas encore émergé, ou quand les figures aperçues quelques minutes auparavant, ou vraiment croisées la veille, ou celles à découvrir tout à l’heure, accaparent encore mon esprit. J'avais guetté les bruits doux et furtifs de celui qui achève de préparer sa longue journée au loin et referme lentement la porte, mais seul résonnait maintenant le tintement d'une cuiller dans un bol de céréales, en bas dans la cuisine. La lumière frôlait la porte de ma chambre à demi-ouverte, je me suis levée. Et me suis attardée en ouvrant les volets, le cœur soudain gonflé de gratitude.

C’était calme, hier, comme un printemps qui se prépare, une aurore de plein ciel, la lumière et la fraîcheur de l’air pour accueillir pensées neuves et envies de faire. Alors le doigt sur le bouton, dans le filet de jour entrebâillé entre fenêtre et pente de toit, clic, en pensant à l’espace qui scintille, à mes amours qui se lèvent, se préparent à l’école, à celui déjà parti aussi, qui nous manque mais pense à nous, je sais, et ce soir il sera là.

C’était cela, hier, devant le calme du jardin qui s’éveille, puis, un instant après, dans les lueurs qui prennent des tons rosés et leur reflet sur les ailes d’un avion qui darde vers elles, plein Est. Alors qu’on avait dit que non le trafic aérien c’est pas bien, j’ai trouvé l’image splendide, mais je ne l’ai pas « prise », trop de lumière, pas besoin d’en rajouter une, la première suffisait. Et puis les vitres qui appellent la raclette et le vinaigre blanc, pour qu’en journée on oublie enfin les jours de poussière puis de pluie qui ont recouvert les carreaux en un filtre opaque. Et puis le jour qui va trop vite pour qu’on en laisse des miettes sur les réseaux ou dans le mystère d’un téléphone, là où les bouts de nos vies, flagrants délits de peines et de joies, de voyages et d’immobilité, de paysages et de cités, se sont rejoints pour former la vaste farandole où nous sommes seul·e en train de danser, de trébucher, de chercher la main qui s’est tendue autrefois pour une ridée mais n’est plus qu’une chimère, et.

C’était la lune aussi, toute petite et si claire, lumineuse avant de céder sa place au soleil sur la scène de la journée, prochainement nouvelle, je ne savais plus quel jour ce serait, plus tard je saurai, c’est bientôt, dans trois jours. Alors, former des vœux de bonne conscience, affiner les espoirs et aiguiser les outils du bon vouloir, cesser d’atermoyer, est-ce qu’aujourd’hui je pourrai ? Enfin ? Il faudra, c’est aujourd’hui, sinon rien, tu n’y arriveras pas. C’est maintenant.

Puis ce furent les moments enfantins, adolescents et de maturité, surgissant de la salle de bains, passant dans la cuisine ou flottant dans l’enfilage d’une paire de baskets ou d’un sweat à capuche,  détrônant un instant ces questions mal reléguées à plus tard, effaçant pour quelques quarts d’heure trop fugaces les doutes et les incertitudes, noyant dans l’immédiat la masse sombre qui guettera tout à l’heure, la porte refermée sur le dernier à quitter le nid pour la journée.

Et là j’y suis, affrontant comme je peux le silence et les heures.

dimanche 4 septembre 2022

souvenirs

5 septembre 2019

Ils vont où les gens

Lassés par la vie ?

C’est où loin d’ici,

Ou juste dans nos cœurs ?

Ils partent où les amis,

Elles vivent où maintenant,

Les filles les mamies,

Et tous les amants ?

J’aurais pu savoir

J’aimerais encore croire,

Mais je reste là,

Sans voix sans avenir

Rien à partager

Que les pleurs immenses,

Que le froid glacial

D’un appel sans écho

D’un rire qui s’éteint

D’une main qu’on étreint.


Oh Yomgui !!
En me promenant par un petit chemin creux de mon enfance trinitaine je pensais à toi hier.
Au détour d'un vieux muret moussu j'ai failli t'appeler pour prendre de tes nouvelles...
Un chêne centenaire m'a incitée à m'asseoir et attraper carnet et stylo pour écrire un peu, puis le temps a filé et j'ai remis une fois encore à plus tard le plaisir de t'entendre et discuter avec toi des mille et unes facéties de la vie...
Et maintenant j'apprends qu'en fait cela fait déjà plusieurs semaines que tu ne reçois plus ici bas.
Va dans un Monde meilleur mon ami, on se retrouvera pour se donner des nouvelles une autre fois...
Paix et amour à toutes celles et ceux qui te pleurent !!!

samedi 11 juin 2022

 


11.06.2022 -  ainsi donc, trois ans plus tard, j'y suis. 

pensées émues et immense gratitude pour Joseph Ponthus, premier auteur écouté au café littéraire puis rencontré en dédicace, qui m'a montré qu'être là n'était pas impossible à qui le veut vraiment ;

grand merci à mes ami-es Claire et Bruno de m'avoir donné envie, un soir tranquille entre apéro et pousse-café, d’aller voir « ceux qui font des livres » ;

reconnaissance éternelle à Olivier et nos enfants d'accepter mon absence de la maison...

ainsi, je retrouve le Salon Livr'à Vannes avec joie ... et la fierté cette fois d'être de l'autre côté de la table, en dédicace, entourée d'amoureux-ses des livres... comme c'est bon !!!

et relire les mots d'alors, de juin 2019 en octobre 2021, temps lointains et proches à la fois ! des bouts de ces textes se retrouveront dans "Maria d'An Drinded..."... à partager en tournant les pages !

Samedi 15 juin 5:04

Depuis plusieurs dizaines de minutes déjà

« Dis, au moins le sais-tu ?

Que tout le temps qui passe

Ne se rattrape guère

Que tout le temps perdu

Ne se rattrape plus … »

Et  sinon on pourrait croire que ça y est mais non, les mots filent et me faussent à nouveau compagnie dès que l’outil d’écriture est en mains.

Il me venait des fulgurances de phrases, des liens et des escaliers de pensées fleuries et belles comme le jour qui se lève.

Au creux des draps seule à mémoriser les sourires les effluves d’un temps passé, les charmes de la nostalgie et les douleurs d’antan.

Pour qui pour quoi un salon du livre où rencontrer des auteurs des éditeurs ou bien la vie lente et fourmillante de la maison ou alors encore  une virée sur la côte regarder les enfants courir sur la plage ou dans les rochers laisser le vent le soleil guider mes pensées les yeux au gré des flots le long de la rivière ou encore marcher ne plus fixer un point seulement déambuler etc.

 ------------------------------------

Et sinon donc trouver  la bonne position laisser le flot repartir à l’assaut de la digue des contingences quotidiennes et tenter de percevoir la petite faille la fissure où le filet de pensées va pouvoir se glisser reprendre son boulot de lissage polissage pour agrandir le passage creuser le lit et dans le courant installer la fluidité le tranquille ruisseau qui chante et luit au soleil.

J’irai par les phrases et les paragraphes vous conter mon errance, mes douceurs vagabondes et mes plus tendres histoires.

Je pleurerai de joie et sourirai de tristesse, rien qu’à l’idée de vous toucher de vous atteindre en tout petit je susurre déjà les mots doux de mon enfance de mes extases.

Je ne sais si jamais ce jour poindra enfin mais toujours en tout lieu j’espère pouvoir encore

Vous dire les matins creux les soirs embrumés autant que les décès les heureux dénouements tous les après tous les comment et surtout et encore tous les enchantements.

Je ne sais pas pourquoi je ne sais pas pour qui mais p… que c’est bon d’aller ainsi pianotant, légère plume dans le vent de mes rêves.

Un matin tranquille au bord de la rivière un autre à triturer mes pensées les absences en longeant le port le cœur étreint de mille questions de cent millions de secondes qui ont fait les moments qui ont fait les instants de tant de gens de tant de vies

Des qui ne sont plus des qui ne sont pas encore mais toujours et encore cette ivresse du je suis là, je pense et j’aime et… pas grand-chose un petit souffle une légère  brise et on revient au commencement et on repart sur les rivages improbables d’une existence décousue d’un au-delà inconnu d’un passé échevelé d’un après incertain.

À  qui donner à lire à qui montrer tout ça ?

     

Lundi 17 juin 4h15

Réveillée par la fanfare de la pleine lune, retour sur le Salon Livr’à Vannes et tous ces croisements de pensées regards paroles mots écrits – comme ça fait du bien, comme c’est bon et fourmillant mais stressant aussi de tant d’ouvertures sur l’au-delà de l’écriture.

Déjà  samedi après le p’tit dej, lors d’une courte pause, appelée par le jardin et la table sur la terrasse :

15.06 - 9h15

Levée à 5h, écrire lire regarder le programme su Salon du Livre de Vannes et me lever avec les kids petit dej étendage de linge etc.

Quand je me pose avec un café sur la terrasse, le voisin continue de couper l’herbe au rotofil pétaradant, je regarde autour de moi les arbres le vent les oiseaux, je trouve des bouts de moi éparpillés partout : la femme qui écrit, la femme qui aimerait jardiner, la femme qui boit son café en frémissant dans le vent frais, la femme qui ne veut plus répondre aux enfants, la femme qui change de profession, la femme qui s’apprête à enquiller ménage rangements tour à la déchetterie à Cap Ressourcerie à l’atelier d’Anna chez le boulanger et qui reviendra dans un peu plus de trois heures préparer le repas penser à l’après-midi où elle pourra peut-être aller dans cet autre monde peuplé de ceux et celles qui vivent de leur plume, pour tenter de comprendre voir si elle peut essayer, tenter d’en être aussi.

Allo les copines qui m’y accompagne, m’y exhorte d’aller, m’encourage à nouveau ?

Et puis dimanche matin nous y voilà – extraits :

16.06 – Rencontres littéraires – Livr’à Vannes – Levr’e Gwened

Irène Frain : « reconstruire le monde avec des mots » « les poules étaient douloureuses comme ma mère » « pourquoi je suis devenue écrivain ? pour mettre mon grain de sel » « toute histoire est l’élucidation d’un secret » « désir des histoires qui donnent sens à la vie malgré ses horreurs »

Catherine Ecole-Boivin – La Métallo – Albin Michel

« raconter la vie à l’usine avant qu’elle devienne un musée » « l’usine est une ville avec ses codes » « en prenant la place de son mari au laminoir, en entrant dans le monde des hommes, Yvonnick comprend quelque chose qu’elle n’avait pas pensé » « mon livre dénonce la violence faite aux corps – les gens à l’usine ont brûlé leurs yeux, leurs oreilles, leurs corps »

 Joseph Ponthus – à la ligne Feuillets d’usine – La Table Ronde

« écrire pour ne pas me faire bouffer, pour faire passer le temps plus vite » « réflexion sur la précarité organisée, mise en acte intérieure de la servitude volontaire » « donner un sens et un peu de beauté à tout ça » « lire Le journal d’un manœuvre de Thierry Metz » « je suis accompagné par de grands auteurs qui ne sont pas morts tant qu’on les lit (cf. ITW de Georges Brassens à la mort de Brel) » « écrire le silence, la souffrance, la pudeur des ouvriers » « le vendredi soir je retrouvais le rapport au langage humain » « j’ai écrit sans point, comme sur la ligne de production, cette expérience de l’usine a changé ma façon d’écrire, les gestes de la journée se prolongent en pensée – l’écriture est une mise en abyme du fond et de la forme »

Puis, en dédicace : « j’ai commencé par poster sur FB, un éditeur m’a contacté »

Émilie de Turckheim – Le prince à la petite tasse –

 Et tant pis pour Anne-Marie Garat, Lorraine Fouchet, Stéphane Heurteau (BD), Nathalie de Broc, Tanguy Viel et Christian Garcin (aperçus, mais pas osé entamer la conversation)

 



jeudi 9 juin 2022

Abécédaire en marécage

 aujourd'hui tout est moche, sauf le sourire des enfants

 en cherchant bien il y a aussi du soleil, mais tant de bruit et de bitume autour que bon. 

alors voilà, j'ai fait un petit tour dans l'alphabet, histoire de faire le point, et d'essayer de continuer.

Abstraction – abymes ?

Baragouiner – mais aussi batifoler

Clamer – ou claquemurer ?

Dramaturge (-escent, pas du tout)

Équilibre (précaire, voire dés-)

Fatigue, ça oui

Guigne – mais comment l’ai-je attrapée ?

Haleter – la côte est vraiment raide, j’aurais pas cru

Ignare – j’ai l’impression d’être

Jouir – vivement que

Koala – inspire-moi ta patience !

Longitude (ou est-ce latitude, je ne sais jamais !)

Marner, mariner, en tout cas pas musarder

Négatif, vous n’êtes pas digne

Oh les beaux jours !

Pourquoi (pas) ? – y avait Patauger, mais non

Que ceux qui savent se taisent !

Reste encore un peu, la nuit

Satire et satyre sont dans un bateau, lequel ne tombe pas ?

Tristesse, taraudage aussi… des nerfs surtout

Uruguay (facile !)… mais est-ce vraiment un autre monde ?

Voyage, bon, on en revient, finalement…

Wagon plombé, d’accord, merci Nancy Huston, ça pourrait l’être, mais ouf, non.

Xénophon (faudra que je regarde)

Y a plus qu’à s’en foutre, en fait

Zou, on tourne cette page.