samedi 11 juin 2022

 


11.06.2022 -  ainsi donc, trois ans plus tard, j'y suis. 

pensées émues et immense gratitude pour Joseph Ponthus, premier auteur écouté au café littéraire puis rencontré en dédicace, qui m'a montré qu'être là n'était pas impossible à qui le veut vraiment ;

grand merci à mes ami-es Claire et Bruno de m'avoir donné envie, un soir tranquille entre apéro et pousse-café, d’aller voir « ceux qui font des livres » ;

reconnaissance éternelle à Olivier et nos enfants d'accepter mon absence de la maison...

ainsi, je retrouve le Salon Livr'à Vannes avec joie ... et la fierté cette fois d'être de l'autre côté de la table, en dédicace, entourée d'amoureux-ses des livres... comme c'est bon !!!

et relire les mots d'alors, de juin 2019 en octobre 2021, temps lointains et proches à la fois ! des bouts de ces textes se retrouveront dans "Maria d'An Drinded..."... à partager en tournant les pages !

Samedi 15 juin 5:04

Depuis plusieurs dizaines de minutes déjà

« Dis, au moins le sais-tu ?

Que tout le temps qui passe

Ne se rattrape guère

Que tout le temps perdu

Ne se rattrape plus … »

Et  sinon on pourrait croire que ça y est mais non, les mots filent et me faussent à nouveau compagnie dès que l’outil d’écriture est en mains.

Il me venait des fulgurances de phrases, des liens et des escaliers de pensées fleuries et belles comme le jour qui se lève.

Au creux des draps seule à mémoriser les sourires les effluves d’un temps passé, les charmes de la nostalgie et les douleurs d’antan.

Pour qui pour quoi un salon du livre où rencontrer des auteurs des éditeurs ou bien la vie lente et fourmillante de la maison ou alors encore  une virée sur la côte regarder les enfants courir sur la plage ou dans les rochers laisser le vent le soleil guider mes pensées les yeux au gré des flots le long de la rivière ou encore marcher ne plus fixer un point seulement déambuler etc.

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Et sinon donc trouver  la bonne position laisser le flot repartir à l’assaut de la digue des contingences quotidiennes et tenter de percevoir la petite faille la fissure où le filet de pensées va pouvoir se glisser reprendre son boulot de lissage polissage pour agrandir le passage creuser le lit et dans le courant installer la fluidité le tranquille ruisseau qui chante et luit au soleil.

J’irai par les phrases et les paragraphes vous conter mon errance, mes douceurs vagabondes et mes plus tendres histoires.

Je pleurerai de joie et sourirai de tristesse, rien qu’à l’idée de vous toucher de vous atteindre en tout petit je susurre déjà les mots doux de mon enfance de mes extases.

Je ne sais si jamais ce jour poindra enfin mais toujours en tout lieu j’espère pouvoir encore

Vous dire les matins creux les soirs embrumés autant que les décès les heureux dénouements tous les après tous les comment et surtout et encore tous les enchantements.

Je ne sais pas pourquoi je ne sais pas pour qui mais p… que c’est bon d’aller ainsi pianotant, légère plume dans le vent de mes rêves.

Un matin tranquille au bord de la rivière un autre à triturer mes pensées les absences en longeant le port le cœur étreint de mille questions de cent millions de secondes qui ont fait les moments qui ont fait les instants de tant de gens de tant de vies

Des qui ne sont plus des qui ne sont pas encore mais toujours et encore cette ivresse du je suis là, je pense et j’aime et… pas grand-chose un petit souffle une légère  brise et on revient au commencement et on repart sur les rivages improbables d’une existence décousue d’un au-delà inconnu d’un passé échevelé d’un après incertain.

À  qui donner à lire à qui montrer tout ça ?

     

Lundi 17 juin 4h15

Réveillée par la fanfare de la pleine lune, retour sur le Salon Livr’à Vannes et tous ces croisements de pensées regards paroles mots écrits – comme ça fait du bien, comme c’est bon et fourmillant mais stressant aussi de tant d’ouvertures sur l’au-delà de l’écriture.

Déjà  samedi après le p’tit dej, lors d’une courte pause, appelée par le jardin et la table sur la terrasse :

15.06 - 9h15

Levée à 5h, écrire lire regarder le programme su Salon du Livre de Vannes et me lever avec les kids petit dej étendage de linge etc.

Quand je me pose avec un café sur la terrasse, le voisin continue de couper l’herbe au rotofil pétaradant, je regarde autour de moi les arbres le vent les oiseaux, je trouve des bouts de moi éparpillés partout : la femme qui écrit, la femme qui aimerait jardiner, la femme qui boit son café en frémissant dans le vent frais, la femme qui ne veut plus répondre aux enfants, la femme qui change de profession, la femme qui s’apprête à enquiller ménage rangements tour à la déchetterie à Cap Ressourcerie à l’atelier d’Anna chez le boulanger et qui reviendra dans un peu plus de trois heures préparer le repas penser à l’après-midi où elle pourra peut-être aller dans cet autre monde peuplé de ceux et celles qui vivent de leur plume, pour tenter de comprendre voir si elle peut essayer, tenter d’en être aussi.

Allo les copines qui m’y accompagne, m’y exhorte d’aller, m’encourage à nouveau ?

Et puis dimanche matin nous y voilà – extraits :

16.06 – Rencontres littéraires – Livr’à Vannes – Levr’e Gwened

Irène Frain : « reconstruire le monde avec des mots » « les poules étaient douloureuses comme ma mère » « pourquoi je suis devenue écrivain ? pour mettre mon grain de sel » « toute histoire est l’élucidation d’un secret » « désir des histoires qui donnent sens à la vie malgré ses horreurs »

Catherine Ecole-Boivin – La Métallo – Albin Michel

« raconter la vie à l’usine avant qu’elle devienne un musée » « l’usine est une ville avec ses codes » « en prenant la place de son mari au laminoir, en entrant dans le monde des hommes, Yvonnick comprend quelque chose qu’elle n’avait pas pensé » « mon livre dénonce la violence faite aux corps – les gens à l’usine ont brûlé leurs yeux, leurs oreilles, leurs corps »

 Joseph Ponthus – à la ligne Feuillets d’usine – La Table Ronde

« écrire pour ne pas me faire bouffer, pour faire passer le temps plus vite » « réflexion sur la précarité organisée, mise en acte intérieure de la servitude volontaire » « donner un sens et un peu de beauté à tout ça » « lire Le journal d’un manœuvre de Thierry Metz » « je suis accompagné par de grands auteurs qui ne sont pas morts tant qu’on les lit (cf. ITW de Georges Brassens à la mort de Brel) » « écrire le silence, la souffrance, la pudeur des ouvriers » « le vendredi soir je retrouvais le rapport au langage humain » « j’ai écrit sans point, comme sur la ligne de production, cette expérience de l’usine a changé ma façon d’écrire, les gestes de la journée se prolongent en pensée – l’écriture est une mise en abyme du fond et de la forme »

Puis, en dédicace : « j’ai commencé par poster sur FB, un éditeur m’a contacté »

Émilie de Turckheim – Le prince à la petite tasse –

 Et tant pis pour Anne-Marie Garat, Lorraine Fouchet, Stéphane Heurteau (BD), Nathalie de Broc, Tanguy Viel et Christian Garcin (aperçus, mais pas osé entamer la conversation)

 



jeudi 9 juin 2022

Abécédaire en marécage

 aujourd'hui tout est moche, sauf le sourire des enfants

 en cherchant bien il y a aussi du soleil, mais tant de bruit et de bitume autour que bon. 

alors voilà, j'ai fait un petit tour dans l'alphabet, histoire de faire le point, et d'essayer de continuer.

Abstraction – abymes ?

Baragouiner – mais aussi batifoler

Clamer – ou claquemurer ?

Dramaturge (-escent, pas du tout)

Équilibre (précaire, voire dés-)

Fatigue, ça oui

Guigne – mais comment l’ai-je attrapée ?

Haleter – la côte est vraiment raide, j’aurais pas cru

Ignare – j’ai l’impression d’être

Jouir – vivement que

Koala – inspire-moi ta patience !

Longitude (ou est-ce latitude, je ne sais jamais !)

Marner, mariner, en tout cas pas musarder

Négatif, vous n’êtes pas digne

Oh les beaux jours !

Pourquoi (pas) ? – y avait Patauger, mais non

Que ceux qui savent se taisent !

Reste encore un peu, la nuit

Satire et satyre sont dans un bateau, lequel ne tombe pas ?

Tristesse, taraudage aussi… des nerfs surtout

Uruguay (facile !)… mais est-ce vraiment un autre monde ?

Voyage, bon, on en revient, finalement…

Wagon plombé, d’accord, merci Nancy Huston, ça pourrait l’être, mais ouf, non.

Xénophon (faudra que je regarde)

Y a plus qu’à s’en foutre, en fait

Zou, on tourne cette page.

 

 

vendredi 8 avril 2022

en écoutant en relisant


Aujourd'hui çà commence comme ça, avec un poème qui dit le dur et l'espoir :

"C’est comme ouvrir un menhir avec les mains - Alejandro Jodorowsky

Cessez de chercher, vous êtes la porte
et les gardiens qui en interdisent l’accès.
Chaque pas vous éloigne du nombril
chimères assoiffées d’aventure.
Vous croyez que le mariage vous libère de la mort
ou que l’argent vous marque dans la hiérarchie divine.
Cessez de chercher, la conscience est le philtre magique,
L’œil capable de rejoindre les orbites vides de Dieu
traversant la mort. Personne ne se rencontre soi-même
en parcourant les mers ou en explorant les cavernes.
C’est difficile, comme ouvrir un menhir avec les mains
car notre âme est plus dure que la pierre."

trouvé là : https://www.printempsdespoetes.com/C-est-comme-ouvrir-un-menhir-avec-les-mains

et puis il y a les dernières heures, en écoutant le podcast quotidien de France Culture "Guerre en Ukraine" :

 

Que dire, à quoi penser, dessiner seulement, quelques fleurs, des tiges vertes d’espoir, un rose de vie qui passe et se maintient, un flux incontrôlé de pensées et de peines, d’espoir aussi un peu, sous la lumière de cette fin de journée où l’énergie fut immense et diffuse à la fois…

Des sensations de fatigue, de trop de choses, images, tristesse ou déception accumulées, tout un fatras de masses informes et lourdes, opaques, grises et trop énormes pour ne serait-ce qu’imaginer de quelle manière, comment, par quel côté, sous quel angle commencer à les amoindrir, creuser en leur flanc ou leur base, à moins qu’on ne prenne cette montagne obscure par son sommet pour créer l’éboulis qui la rabotera, l’usera plus sûrement que tous les vents, toutes les pluies, pour n’en laisser un beau matin que la fine poussière des restes infimes de son ancienne insurmontable présence.

Alors oui, des roses des verts des bleus, entrelacements de mots et de sève élancée, tresse vivante de ce qu’ont vu, rapportent, racontent, ces femmes et ces hommes qui s’en reviennent du pays en guerre.

Et nous ici, à nous demander ce que par miracle on pourrait enfin faire pour arrêter cela, faire taire à jamais larmes et sanglots, sécher les tristesses et la honte qui irriguent les âmes torturées en d’indicibles torrents de misère, abreuver les corps assoiffés de paix et de justice, offrir tendresse et robustesse aux membres endoloris, aux cœurs lacérés, aux yeux éteints.

Alors, écrire, encore et toujours dire, sans relâche ânonner les ressentis et les prières, ne pas cesser de mettre au monde les doutes et les envies, les pleurs et les rires, toujours, encore.

 Ensuite, penser aux prochaines heures, journées, lectures,...

 

... lever la tête, regarder tout ce qui fait ma vie, nos chimères.

lundi 4 avril 2022

En rentrant de "Seule la Terre est éternelle"

 Peut être une image de 1 personne, ciel et texte

04.04.2022 – mail à François Busnel

Voilà, appuyé sur la touche « envoyer », seuls les noms de Busnel et Harrison étaient inconnus au correcteur automatique.

On verra bien.

*

Cette nuit, rêve de livres perdus. Je cherchais, en moi, dans les étagères de cette maison onirique qui me semble si familière à présent. Me réveillant en demi-sommeil, je pensai « je n’ai plus qu’à les écrire, si je ne les retrouve pas ! ». J’ai cru un instant pouvoir saisir un cahier et un stylo, allumer pour noter, mais non, je me suis rendormie.

Puis quelques heures après, réveil brutal à l’heure de la sonnerie programmée : j’étais dans une ville inconnue mais ensoleillée, entourée d’enfants dont je m’occupais plus ou moins, sorte de grande sœur ou baby-sitter improvisée. Nous étions dans une maison, avec des adultes, puis moi seule avec eux et elles, petites filles et garçonnets insouciants ou tourmentés, l’une embêtait une plus petite, les autres jouaient au ballon ou à courir dans des escaliers en béton, près d’un parc public entouré d’une grande avenue et de petites collines boisées (comme près de chez les boss de Noé à Trois Rivières, leurs noms m’échappent tout d’un coup).

Soudain le bruit d’un avion, comme la sourde stridence qui bientôt déchirera nos tympans, je conseille aux enfants de mettre les mains sur leurs oreilles et regarde vers le ciel, bleu bordé du vert des arbres, on est en plein été. Ce n’est pas un Mig mais un avion de ligne qui paraît décoller, il ressemble au Lego blanc Air France acheté à Felix un jour de départ en vacances à l’aéroport de Nantes, on fêterait ses 7 ans là-bas sur l’île chaude et douce. Je réalise en un centième de seconde qu’il penche et va bientôt s’écraser, mon Dieu, il plonge vraiment vite et j’ai juste le temps d’entraîner les enfants sous l’escalier. L’explosion est brutale, à quelques centaines de mètres derrière le bosquet près duquel ils et elles s’amusaient à l’instant d’avant.

Je redresse la tête en leur ordonnant de rester à l’abri, le nuage est épais et des débris sillonnent le ciel bleu zébré de noir et gris en toutes directions, braises et fragments de tôle tordue volent de toutes parts, passent au-dessus de nous pour retomber quelques mètres derrière, où des gens courent en tous sens pour échapper à ces projectiles mortels.

Et donc, le réveil sonne, petites notes de piano lançant délicatement le début de la journée, ce n’était qu’un rêve, ou plutôt qu’une assertion de mon esprit, les questions surgissent : que dois-je en faire, quel est l’avenir annoncé par ces images, de quel passé surgissent-elles… mais déjà la maison s’éveille, action.

Plus tard, à la radio, j’entends les exactions reprochées à l’armée russe (des jeunes soldats ivres) dans les villages ukrainiens libérés ces derniers jours. L’horreur est dans le poste, confirmation des dépêches AFP parcourues hier soir avant de m’endormir. Je coupe le son, regarde mon fils laisser une tartine entamée sur la table du petit-déjeuner, le soleil se lève, j’ai mal au cœur, à l’âme, aux yeux et au cerveau, tant de détresse partout dans le monde, mais il fait beau, froid, mais beau.