lundi 20 décembre 2021

autour de la pleine lune de décembre

16.12.21 – au soir

Les misères éternelles versus la quiétude de certains jours. Des moments suspendus, instants précieux où rien ne bouge que les battements de cœur du monde, le frôlement de l’air au long de la rivière, un glissement d’aile de papillon ou l’appel du chamois dans la combe là-bas au loin.

Et la douceur de ta main dans la mienne. Une féérie éphémère, puisque je sais la fureur du monde au-delà de l’horizon, les cris et les pleurs quelque part en Asie, au Pérou ou en Méditerranée.

Dehors, à présent, le hululement de la chouette appelle au repos, à la chaleur d’une couette épaisse, aux reflets ambrés d’une dernière flambée avant d’éteindre pour une nuit de rêves tendres. En d’autres endroits, d’autres temps, elle fut le signal d’un départ, la marque d’une attente pour un voyageur incertain ou une échappée clandestine vers l’ailleurs, … tant d’histoires, d’aventures, rythmées par les notes veloutées de la hulotte ou le cri du chat-huant, tant d’âmes d’enfants marquées au plus profond par la noirceur d’une nuit d’hiver, quand le sort les a désignés pour affronter la peur d’une course nocturne, d’une relégation au fond du jardin, d’un aléa de voyage.

Dans la maison maintenant apaisée des rumeurs d’une journée effrénée, voici enfin venue l’heure calme où le tic-tac de la pendule de cuisine tente l’harmonie avec le compresseur qui diffuse l’énergie bienvenue au plancher chauffant. Je ne sais où fixer pensées et questionnements, le regard passager d’un navire hésitant entre photos d’enfants et bibelots souvenirs qui rappellent, chacun à sa façon, une vie révolue, un avant différent, des errements infinis entre le passé qui s’efface et l’avant qui n’est plus… Et que sera demain ? L’incertitude est là, latente, sournoise ou doucereuse selon qu’on l’observe franchement ou qu’on tente de l’amadouer d’espoirs de jours meilleurs ou de sursauts d’énergie, un brin hagarde il est vrai, mais sauvagement désireuse de donner le meilleur pour éviter le pire.

Alors voilà, continuer à dire, écrire, raconter, pour celles-eux qui croient encore à mieux, plus beau, moins dur.

Ne pas lâcher. Aimer toujours.

19/12 - en journée

Dehors, la beauté hivernale m'appelle, arbres dorés au soleil de la mi-journée, balançant doucement leurs branchages dénudés dans le vent glacial de Nord-Est... la balade du dimanche en bord de mer scintillante sera belle.

19/12/2021 – 23:03

Et puis une nuit, il fait froid mais pas trop encore, tu te mets à rêver, en prenant le frais sous le regard de la lune hagarde. Tes ami-e-s sont rentré-e-s maison, les verres sont rincés, prêts à être rangés, comme si pas de grappa, pas de champagne, ni toasts ni cacahuètes au wasabi, rien de tout ça, tout est propre à sa place. Subsiste à peine l’allégresse d’avoir fêté, les sourires d’entrée dans le nouveau monde, tout en restant bien ancrée là, dans la maison qui a vu les débuts, bordée des champs qui ont vu multitude d’autres batailles, Kerbrezel, le camp romain, peut-être.

Et donc, appuyée à la balustrade, protégée du ciel glacial par le auvent construit des mains amoureuses, tu souris aux étoiles, aux bonnes fées qui t’ont accompagnée des années durant, invisibles mais si présentes, et tu pleures, ou tu ris, tu ne sais plus.

L’envolée vers le meilleur, les harassantes journées d’effroi qui n’étaient pourtant que délices, la morne plaine à l’heure des doutes, tout ça, c’est en apothéose, en firmament de tes doutes et de tes espoirs, ça y est, tu l’as fait, et tant pis si c’est mal peaufiné, et tant mieux si c’est là, ça vaut mieux qu’être encore à l’état d’ébauche, de notes ou de brouillons, tu l’as dans tes mains, ce p*** de bouquin où tu livres ton âme, ton cœur et tes tripes. Enfin pas tout, on est d’accord, il en reste pour d’autres esquisses, encore des lignes et des mots à écrire, toujours, pourvu que.

Et merci.

 

mardi 14 décembre 2021

sur le chemin, en allant vers Maria


 

7 novembre 2019

Le cerveau qui commence à pianoter dès cinq heures.

Les contingences du quotidien qui reviennent prendre leur place dans la boucle de mes pensées, s’intercalant avec arrogance entre les mots, les phrases, les personnages qui tournent eux aussi patiemment en moi depuis tant d’années.

Reprendre  son souffle.

Ne pas  négliger la petite douleur à l’avant-bras droit, récurrente depuis que j’ai troqué la souris du cabinet comptable pour celle de mon laptop, les animaux de laboratoire sont bien  moins contraignants que les bêtes nomades, j’aurais dû le savoir et m’entraîner un peu plus souvent à la dactylo sauvage…

Reprendre la main  sur le fil de l’histoire.

Ne pas perdre de vue le plan, les descriptions, aller chercher l’inspiration là où je suis sûre qu’elle se cache, sans présomption d’illégitimité, en toute quiétude. C’est dur. Les visages les situations les paroles vrillent au-dessus du champ de bataille, je suis faite de cinquante ans et demi de regards, d’écoute et de pleurs, rajoutés aux décennies des aïeules qui virevoltent dans mes veines ça me donne le tournis…

Et pourtant j’avance, le chemin est toujours celui de mon enfance, je tourne à droite pour longer la maison où est née Mamie et hop me voilà dans mon pays préféré. Le paludier vient de déclarer la naissance de sa troisième fille, entre celle du meunier et...

vendredi 3 décembre 2021

retour à l'origine - naissance de "Maria"

2 décembre 2021 – en revenant de Kerbihan

plutôt beau il fût, ce jeudi qui aurait pu être dans le gris

 

 

Devant ce bateau dans la lumière, j'ai pensé à Denis. Tous deux, le pote et le canot, face à l'adversité, contre vents et marées... du jaune poussin sur fond de baie angoissée, Méaban qui peine à émerger entre ciel noir et nuages foncés, et nous qui marchons sur le sentier, Caro ma cop's des jours heureux, des sourires malgré la tristesse, des regards chargés de promesse de jours meilleurs.

Tout ça et plus encore, la vie qui passe, les soubresauts de l’âme, les livres à lire et les potes à accompagner sur un chemin de douleurs ou une ascension chaotique…

 

Puis, rentrée maison, les images de Salt Whistle Bay, Mayereau, St Vincent & the Grenadines, où nous avons créé une vie, ou plutôt trois, l'enfant, son père et moi, à nos débuts, 30 years ago. 

Merci Alex Croisières Grenadines pour cette vidéo de drone survolant l’anse magique, puis Bruno pour l'échange au sujet de la réception (étrange simple et tellement émouvante) du premier exemplaire de ‘Maria’ :

 

Moi : pensées pour Denis, ce bateau jaune devant la plage de Kerbihan, je ne sais pourquoi, j'ai pensé direct à lui

-       C'est peut être l'ancien bateaux de Dji, Il était revenu seul de Houat Finale mémorable chez Jégo

-       Et puis ce petit point de couleur ds le gris entre 2 eaux C'est bien lui Merci

 

Moi : c'était magique, on a attendu avec Caro que la lumière revienne sur le bateau. Quelle belle balade 🙂 ! à la fin, sous le chemin de la Hune, mon éditeur est arrivé avec le livre tout chaud sorti de chez l'imprimeur, quel hasard, on était juste sous la maison où elle est née... je n'ai pas fait de photo, mais juste avant, celle-ci :

 

-          Merci magnifique [...] Bonne sensation d'avoir un livre chaud comme un croissant au matin l'avenir et le lendemain s'annoncent bien et moelleux

 Moi : merveille à partager sans modération... pourvu qu'il plaise 🙂

 -       Incroyable hasard c'est bon signe

 Moi : impression de boucle bouclée, le ciel était changeant un peu frais mais si pur... l'entente avec mes racines, l'onde légère parfois si tumultueuse, la vie qui va et vient, chal a dichal

 

Et puis le soir, relatant à mes enfants ce hasard magique et aussi suite logique et universelle de nos vies, les frissons et les larmes me viennent face à cet éternel recommencement, cette perpétuelle naissance. La mienne, celle de Maria, la vivante du siècle passé et celle qui va naître bientôt entre les mains de mes lecteur-trices... et qui est née en cet après-midi de décembre, jour de la Ste Viviane, amie-fée merveilleuse qui éclaire mon chemin, aussi, depuis plus de trente ans. 

Et le dernier mot pour Denis, tiens bon vieux pote ! 

        - La vie c'est comme dit Denis En 2 lettres ? comme un jeu de mots croisés


 Voilà. Merci

mardi 5 octobre 2021

digressions nocturnes


 

Une femme assise.

Une femme assise qui lit.

Un bouquet de fleurs jaunes et blanches dans un vase vert, plutôt carré. Non, rectangle. Vert.

Une femme accoudée à la table, assise sur un fauteuil jaune.

Une femme pensive en jupe noire et t-shirt rouge, col en V.

Une femme, jambes croisées, brune au teint halé.

Une femme qui pense, accoudée à une table rose pâle, la lettre posée devant elle.

Son reflet dans le miroir derrière elle, et un autre vase, de fleurs rouges celui-là.

Une femme triste accoudée à une table vide sauf un vase et deux losanges gris.

Des tableaux au mur, ou est-ce la mise en abime du reflet dans le miroir.

Et le bouquet dans le vase vert est beaucoup plus gros et plein de branchages verts et autres fleurs roses et grises.

Des traits des angles et quelques rondeurs, du noir et des couleurs.

Digression sur une œuvre de Matisse, et tant de choses à dire encore avant que l’ordinateur s’éteigne.